Les patients dialysés sont obligés de se rendre trois fois par semaine dans des centres pour faire nettoyer leur sang. Mais avec les JO de Paris, certains se trouvent en zone rouge. Une difficulté supplémentaire pour les bénéficiaires de ces soins qui ressortent épuisés de leur traitement.
Trois fois par semaine et pendant 4 heures, le sang de Julian est nettoyé. Ce Parisien, âgé de 55 ans, doit être dialysé tous les trois jours, car il souffre d'une insuffisance rénale. Il se rend ainsi régulièrement dans son centre de dialyse situé dans le 16e arrondissement de Paris, un centre qui est proche d'une "zone rouge" décrétée pour les JO.
"La chose qui va changer dans un premier temps, c'est que je suis en dialyse tous les vendredis. Et la cérémonie d'ouverture, c'est un vendredi. Donc ma séance va être décalée au samedi", indique-t-il.
Ce qui pourrait être un banal rendez-vous décalé pour de nombreux patients prend une importance beaucoup plus sérieuse pour ces personnes qui ont besoin de ce traitement.
Demande d'un laissez-passer pour les voies olympiques
"La dialyse n’est pas un soin d’urgence vitale immédiate, mais à très court terme. Elle a lieu 3 fois par semaine dans un centre de dialyse, plus ou moins proche de leur domicile et ne peut être raisonnablement retardée sans mettre la vie des patients en danger", explique l'association France Rein.
Or, ce rallongement des temps de trajet peut mettre en grande difficulté certaines personnes. "Un adhérent de l'association va dans un centre dans le 11e arrondissement qui est en zone rouge. L'ambulance ou le taxi ne va pas pouvoir le déposer devant le centre, il va devoir marcher pendant une vingtaine de minutes. Mais quand on sort de dialyse, on est exténué", alerte Odile, membre de France Rein, et elle-même sous dialyse.
L'association est en relation avec l'ARS Île-de-France et la préfecture de police de Paris. Leurs responsables demandent à ce que les patients bénéficient de laissez-passer pour pouvoir utiliser les voies olympiques. Une demande qui, à quelques jours du début des JO, n'a pas abouti.
"Dans les conditions imposées actuellement, ces efforts ne suffiront pas à permettre une continuité et une permanence des soins de dialyse dans les conditions imposées actuellement. Il est totalement inhumain et impensable de ne pas tenir compte des difficultés que vont rencontrer certains patients", regrette l'association France Rein.
Temps compté en cas de greffe
Julian s'inquiète aussi des difficultés que vont rencontrer les personnels soignants, dont il loue la dévotion, pour se rendre sur leur lieu de travail.
Mais plus que tout, lui qui est en attente d'une greffe de rein depuis 7 ans, redoute le trafic en cas d'urgence : "Si l'hôpital m'appelle pour me dire : 'voilà, il y a un rein qui est disponible, venez', il faut que l'ambulance puisse arriver chez moi et qu'ensuite l'ambulance m'amène à la Pitié-Salpêtrière. Quand on vous appelle pour la greffe, il faut y aller tout de suite."
Et partir en région ou en vacances n'est pas chose facile pour lui. Il va passer son été à Paris, ne pouvant suivre sa femme et son enfant.
"Pour un dialysé, partir en vacances c'est très compliqué. Il faut trouver un centre de dialyse pas très loin du lieu d'hébergement et surtout, qu'il y ait de la place", confie-t-il.
Il a bien trouvé un endroit en Espagne, n'étant pas parti depuis 4 ans. Il a pourtant appelé en janvier dernier pour demander une place. C'était déjà complet.