À l’aube de ses 41 ans, Stéphane Ashpool a déjà vingt ans d’expérience derrière lui. Le nouveau directeur artistique en charge des tenues pour les JO de Paris 2024 va habiller tous les athlètes et para-athlètes tricolores. Une promesse d'originalité.
Lorsqu’il a appris sa nomination par le Comité olympique et le Coq Sportif, équipementier officiel de l’évènement, il a laissé éclater sa joie : « Je suis très fier d’avoir été choisi. C’est un juste retour des choses car j’ai provoqué cette sélection en travaillant très dur. La création demande de la détermination et de l’effort. Je ressens tout cela comme une reconnaissance envers mon métier. »
Le goût de l’effort, une notion qu’il a découverte à travers la pratique du basketball. Une discipline qui fait partie de son ADN selon les mots du créateur. Allier sport et mode ne pouvait pas mieux tomber pour l’enfant de Pigalle, quartier de Paris où il a grandi et pour lequel il a rendu hommage en choisissant ce nom pour la marque de vêtements pour hommes qu’il a fondé en 2008.
Une fibre artistique familiale
Avec une mère ancienne danseuse de l’Opéra de Sarajevo et un père sculpteur, le créateur a hérité de la fibre artistique familiale, son choix se porte sur la mode : « Lorsque ma mère n’était plus en âge de danser, elle était sollicitée pour apprendre aux filles et aux mannequins à se tenir et à marcher. Je la regardais faire. Ce qu’il y a d’incroyable avec la mode, c’est que c’est une photographie de l’air du temps. C’est quelque chose qui est en perpétuelle évolution. Si je devais définir mon travail, je dirais qu’il se porte sur la modernité et la diversité à l’image des disciplines et des profils des athlètes français, de leurs attitudes que ce soit pour les jeux olympiques ou paralympiques. C’est un panel sain et positif de la France. »
Ce qui le caractérise et qui fait son succès, c’est aussi son audace. Il ouvre sa première boutique à 24 ans dans le quartier Montmartre. Neuf ans plus tard, le jeune créateur de 33 ans décroche le prestigieux Grand Prix de l’Andam et ses 250.000 euros destinés à soutenir les jeunes créateurs français.
Le lauréat bénéficie également pendant un an du parrainage de Bruno Pavlovsky, président des activités mode de Chanel. Le monde du luxe et de l’excellence lui ouvre ses portes et lui permet de figurer parmi la liste des créateurs émergents.
C’est au 19M, bâtiment appartenant à la maison Chanel où sont regroupés les meilleurs artisans d’art de France, qu’il apprend à repousser les limites de sa créativité. Les possibilités artistiques y sont sans limite : tout ce qui se touche peut être cousu, collé, soudé transformé en tissu, en vêtement ou en accessoire.
Et c'est cette maîtrise des savoir-faire d'excellence qui tape dans l'œil du Comité Olympique.
Retrouver l'interview de Stéphane Ashpool, invité du JT de France 3 Paris IDF.
Les couleurs de la France revisitées
Sur son téléphone portable, il laisse entrevoir furtivement quelques prototypes qu’il teste actuellement dans son atelier de Montmartre : des plumes bleu blanc rouge disposées sur ce qui ressemble au dos d’une veste de toile blanche. Cocorico ! Le créateur revisite l’emblématique gallinacé de l’équipementier et promet de l’originalité : "L’objectif pour moi est de réinterpréter le drapeau français avec un cahier des charges très précis sur des matières et des techniques à utiliser. J’aimerais aussi pousser la créativité dans les couleurs pour en créer une nouvelle, symbole de futur et de métissage. »
Stéphane Ashpool doit réaliser une garde-robe complète pour la délégation française olympique et paralympique dans plus de 60 disciplines. Des tenues qui seront portées durant tout l’évènement. Les premiers modèles seront présentés au public à partir de la rentrée 2023.