Face à la hausse du budget validée ce lundi, des militants ont manifesté dimanche contre l’organisation des Jeux. Une mobilisation soutenue par la conseillère régionale Annie Lahmer, qui dénonce "un événement qui n’est pas écolo contrairement à ce qui était vendu".
Inflation, coûts sous-estimés… Ce lundi après-midi, le conseil d'administration du comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris (Cojo) a validé un budget en hausse de 10% (soit une augmentation de 400 millions d'euros) à 4,380 milliards d'euros. Estimé à 3,8 milliards d'euros en 2018, le budget du Cojo a depuis enflé de 600 millions d'euros. Il était estimé à 3,3 milliards d'euros lors de la candidature, soit un milliard de moins qu’aujourd’hui.
A noter que le budget du Cojo est en très grande partie d'origine privée : il repose d’abord sur les recettes des sponsors, la billetterie et une contribution du Comité international olympique (CIO). L'Etat et les collectivités, qui avaient mis 100 millions d'euros pour l'organisation des Jeux paralympiques, ajoutent 111 millions d'euros (dont 71 millions d'euros pour les Jeux paralympiques) dans le cadre de cette révision budgétaire. La part publique du budget du Cojo passe ainsi de 3 à 4%.
Pour éponger des dépenses en hausse (infrastructures, cérémonies, services…), des économies ont été décidées en lien avec le CIO, en rognant sur les standards des cahiers des charges (la restauration par exemple). Et tandis que le village olympique ouvrira quatre jours plus tard que prévu initialement, le Cojo a également puisé dans sa réserve pour aléas. A noter enfin des recettes supplémentaires réalisées grâce aux billets, vendus plus chers pour les sessions les plus demandées.
Au total, en prenant en compte le budget de la Solideo (société de livraison des ouvrages olympiques) estimé aujourd’hui à 4,3 milliards d’euros - dont 1,870 milliard d'argent public, la facture globale des Jeux de Paris pourrait désormais s'établir à 8,7 milliards d'euros, contre 6,8 milliards projetés en 2019.
"Il faut revoir l’organisation des grands événements, quels qu'ils soient"
Cette révision budgétaire survient à 20 mois des Jeux. "Ce n’est pas étonnant. Le coût des Jeux se révèle toujours supérieur aux premières annonces, pourquoi ferait-on mieux que les autres ? On nous place devant le fait accompli, en période de crise alors que tout augmente. On s’est embarqué dans un projet, alors que nous n’en avons pas les moyens. Ça va coûter cher à la Seine-Saint-Denis, un département déjà précaire", réagit la conseillère régionale Annie Lahmer (EELV).
L’élue a participé dimanche à une manifestation organisée devant le siège du Cojo, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Goûter, tables rondes… "Pour faire la fête au Cojo", plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées lors de cette mobilisation, à l’appel du collectif Saccage 2024. "Ce sont des militants écolos, des assos qui se battent contre la gentrification et pour la mixité sociale, des collectifs de citoyens, des profs d’éducation physique du 93, des urbanistes… Le collectif n’a aucun rapport avec 'Saccage Paris'", indique Annie Lahmer.
"Je ne suis pas contre le sport et les compétitions, j’aime ça", poursuit l’élue, qui pointe du doigt "un événement qui n’est pas écolo contrairement à ce qui était vendu". "Ils ont commencé à vouloir détruire les jardins ouvriers à Aubervilliers pour une piscine d'entraînement, dénonce-t-elle notamment. Une chose me semble également très grave, c’est que les JO vont servir d'accélérateur à une surveillance de masse. Et tout ça avec des chantiers qui embauchent des gens au rabais. On sait qu’il y a des travailleurs sans papiers. Il y a aussi la question de la privatisation des espaces publics, de la sécurité privée au rabais, des bénévoles qui ne vont pas être payés… Et aucun site accessible en vélo pour des Jeux écolos, ça fait désordre."
Annie Lahmer déplore toutefois une mobilisation qui reste minoritaire : "Le coup est parti. La communication du Cojo, de la Région et de la Ville de Paris vend quelque chose de magique, dans une période où l’on a besoin de rêver avec des grands projets qui nous unissent… Tout l’argent donné par la Région aurait pu bénéficier aux clubs de proximité, alors que les petites assos multisports ne sont plus financées." Au-delà des JO, l’élue appelle à "revoir l’organisation des grands événements, quels qu'ils soient".