Interrogé lors de sa garde à vue, le suspect dit s'être d'abord rendu à Saint-Denis, vendredi 23 décembre avant de renoncer car il n'y avait pas assez de monde. Il va être présenté à un juge d'instruction ce lundi.
Pourquoi s'en prendre à des personnes d'origine kurde ? Le mobile du principal suspect, maîtrisé par plusieurs personnes dans un salon de coiffure proche avant d'être arrêté par la police, reste pour le moins flou.
Selon ses déclarations, il se serait d'abord rendu, tôt le matin, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) "muni de son arme et de ses munitions pour commettre des meurtres sur des personnes étrangères", indique un communiqué de la procureure de Paris, Laure Beccuau.
"Sur place, il renonce finalement à passer à l’acte, compte tenu du peu de monde présent et en raison de sa tenue vestimentaire l’empêchant de recharger son arme facilement", ajoute ce document.
Les enquêteurs ont bien retrouvé un ticket sur lui d'un trajet en partance de Saint-Denis à 6h50, voyage aussi démontré par des images de vidéo-surveillance.
Tuer puis se suicider
Il se rend alors chez ses parents qui habitent ce quartier situé dans le 10e arrondissement de Paris puis décide d'aller rue d’Enghien "où il sait que se trouve le centre kurde", ajoute la procureure Paris.
Sur les lieux, l'homme âgé de 69 ans tire à de multiples reprises avec un pistolet automatique COLT 45 de calibre 11-43. Six personnes sont touchées, dont trois mortellement (une femme et deux hommes). L'ancien conducteur de train prétend avoir acquis son arme il y a 4 ans auprès d’un membre du club de tir auquel il appartenait à l’époque et est aujourd’hui décédé. Il ne s'en serait jamais servi avant et l'aurait caché pendant tout ce temps chez ses parents "qui en ignoraient l’existence".
En garde à vue, il affirme en vouloir "à tous les migrants" et explique en vouloir aux Kurdes pour avoir "constitué des prisonniers lors de leur combat contre DAESH au lieu de les tuer". Selon le communiqué : "Il indique ne pas avoir fixé à l’avance le nombre de victimes mais avoir eu l’intention d’utiliser toutes les munitions et de se suicider avec la dernière balle".
La procureure de Paris précise que : "son seul regret est de n’avoir pas pu se suicider, ajoutant s’être toujours dit que s’il se suicidait un jour, il 'emporterait des ennemis dans la tombe' précisant que par 'ennemi', il entendait 'tous les étrangers non européens'."
Une femme - Emine Kara, une responsable du Mouvement des femmes kurdes en France - et deux hommes, dont l'artiste et réfugié politique Mir Perwer, sont morts sous ses balles. Trois autres hommes ont été blessés, dont un gravement, mais leurs jours ne sont plus en danger et l'un d'entre eux a quitté l'hôpital, selon le dernier bilan communiqué dimanche par la procureure qui détaille que "cinq des six victimes sont de nationalité turque, la sixième est de nationalité française".
"Dépressif, taiseux, et solitaire"
Le suspect vivait dans le quartier, chez ses parents. Son entourage, qui a été interrogé, l'a décrit comme étant "dépressif, taiseux, et solitaire". Il aurait eu "un changement radical de comportement à la suite d’un cambriolage dont il a été victime" mais "personne ne lui connaît d’intérêt particulier pour la situation des Kurdes".
La perquisition au domicile familial "n’a rien révélé à ce stade" et "la documentation saisie à cette occasion n’est pas révélatrice d’un quelconque lien avec une idéologie extrémiste".
L'enquête n'en est pas moins terminée et doit préciser encore de nombreuses zones d'ombre du dossier comme ses motivations, la façon dont il a obtenu son arme ou de sa personnalité.
Dimanche 25 décembre, L'homme âgé de 69 ans soupçonné d'avoir tué trois Kurdes vendredi à Paris a quitté dimanche l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police et sera présenté lundi à un juge d'instruction en vue d'une éventuelle mise en examen, a indiqué le parquet.
Le suspect a été replacé en garde à vue ce dimanche à 16h25. Sa garde à vue avait été levée samedi en fin de journée pour des raisons de santé.