Plusieurs morts et personnes blessées après l'attaque près d'un centre culturel kurde à Paris

Les faits se sont déroulés rue d'Enghien, dans le 10e arrondissement, a proximité d'un centre culturel kurde. Trois personnes sont décédées et quatre blessées après avoir été touchées par des tirs. Un homme a été interpellé avec une arme.

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"Sept à huit coups de feu (ont été tirés) dans la rue, c'est la panique totale, on est restés enfermés à l’intérieur", a témoigné une commerçante d'un immeuble voisin souhaitant garder l'anonymat.

"Il y a trois décédés, une personne en état d'urgence absolue, deux personnes en état d'urgence relative et le mis en cause qui a pu être interpellé, est également blessé, notamment au visage", a indiqué la procureure de Paris, Laure Beccuau, lors d'un point presse sur les lieux.

Les trois personnes tuées par balles sont deux hommes et une femme, annonce le parquet de Paris dans un communiqué.

Le parquet national antiterroriste et ses services sont venus sur les lieux "mais en l'état, (...) il n'y a aucun élément qui privilégierait la nécessité de leur saisine", a ajouté la procureure. La possibilité d'un motif raciste de cette attaque "va évidemment faire partie des investigations" , a par ailleurs commenté la procureure.

Une enquête a été ouverte des chefs d'assassinat, tentative assassinat, violences volontaires avec armes et infraction à la législation sur les armes. Les investigations ont été confiées à la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne.

Selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, l'homme soupçonné a voulu "manifestement s'en prendre à des étrangers". "Il n'est pas sûr que le tueur qui a voulu assassiner ces personnes (...) l'ait fait spécifiquement pour les Kurdes", a ajouté le ministre de l'Intérieur, précisant qu'il ne pouvait dire à ce stade que l'homme était connu pour des faits d'ultra-droite.

L'auteur était connu de la police

"L'auteur est interpellé avec son arme, le danger est écarté, ses motivations sont pour l'instant inconnues", a d'abord avancé une source policière.

Il s'agit d'un homme français âgé de 69 ans et conducteur de train à la retraite. Il venait d'être libéré, le 12 décembre dernier, et était sous contrôle judiciaire. Il était détenu pour des faits commis en décembre 2021 à Paris, a expliqué la procureure de Paris : "Cela concernerait des gens qui étaient installés dans des tentes et l'intéressé se serait attaqué à ces tentes" vers Bercy dans le 12e arrondissement de Paris. Il était accusé d'avoir blessé deux migrants à l'arme blanche. L'homme avait été mis en examen pour violences avec arme avec préméditation à caractère raciste ainsi que pour dégradations. Il avait ensuite été placé en détention provisoire. 

Cet homme a été condamné par le tribunal correctionnel de Bobigny fin juin 2017 à une peine de six mois d’emprisonnement assorti d’un sursis simple total et à une interdiction de détenir ou porter une arme pendant cinq ans pour des faits de "détention prohibée d’armes de catégories A, B et C".

L’homme a également été condamné le 30 juin 2022 par le même tribunal correctionnel à une peine de douze mois d'emprisonnement pour des faits de "violences avec arme" commis en 2016. Il avait donné des coups de couteau à un autre individu à son domicile. Un appel avait été interjeté de cette condamnation par l'intéressé et la procédure est en cours.

Cependant, le suspect "n'était pas connu des services de renseignement, d'aucun fichier de renseignement, ni de la DGSI, ni de la direction du renseignement de Paris, ni des renseignements territoriaux et je crois - pour avoir échangé avec le garde des Sceaux - ni des services de renseignements pénitentiaires pour radicalisaton", a déclaré ce vendredi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin lors d'un point presse. Et de préciser : "Il n'est donc pas certain que cette personne ait un engagement politique quel qu'il soit".

Enfin, Gérald Darmanin a expliqué que le retraité "était connu des services judiciaires" mais qu'il "n'était pas fiché comme étant quelqu'un d'ultradroite ou comme un extrêmiste qui participerait à des réunions ou dans des organisations que nous avons par ailleurs dissoutes."  

Le père du suspect, interrogé par l'AFP, a décrit son fils comme étant "taiseux" et "renfermé" : il ne "disait rien" et "a dû manigancer (l'attaque) tout seul". Et d'ajouter : "Ce matin, il n'a rien dit en partant (...) Il est cinglé. Il est fou".

Un centre culturel kurde visé

Au croisement de la rue d'Enghien et de la rue d'Hauteville, des brancards ont été amenés dans le calme vers la scène de la fusillade et un périmètre de sécurité était mis en place par la police.

"On a vu un vieux monsieur blanc rentrer et tirer dans le centre culturel kurde, puis il est allé dans le salon de coiffure à côté. On s'est réfugiés dans le restaurant avec les salariés", a témoigné Romain, le directeur adjoint du restaurant Pouliche Paris, dans la rue, joint par téléphone.

Selon un autre témoin, un habitant du quartier qui passait dans la rue et interrogé par l'AFP, "il y avait des gens en panique qui criaient à des policiers : 'il est là, il est là, avancez' en désignant un salon de coiffure". "J'ai vu des policiers rentrer dans le salon où j'ai vu deux personnes à terre, blessées aux jambes, j'ai vu le sang", a-t-il ajouté décrivant des "gens sous le choc et en panique".

Le Centre Ahmet Kaya, nommé en hommage au chanteur éponyme, est une association loi 1901 ayant pour objectif de "favoriser l'insertion progressive" de la population kurde installée en Ile-de-France.

Des membres du centre culturel étaient notamment en pleurs, se prenant dans les bras pour se consoler. Certains, s'adressant à la police, criaient "cela recommence, vous ne nous protégez pas, ils nous tuent".

Trois militantes kurdes tuées en 2013 dans le même arrondissement

En janvier 2013, à quelques centaines de mètres, Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans, avaient été tuées de plusieurs balles dans la tête au siège du Centre d'information du Kurdistan.

"Cela nous renvoie à ce qu'il s'est passé en 2013. Des informations qui nous parviennent, cette personne a eu le temps de charger son arme plusieurs fois, il n'y avait pas de sécurité et s'il y en avait, ils n'ont rien pu faire pour les protéger", dit Jihan Akdogan, 30 ans, qui se présente comme "interprète" et "patriote kurde". "Une réunion de femmes était prévue dans l'après-midi. Il y aurait pu y avoir encore plus de victimes", ajoute la jeune femme.

Dans l'après-midi, des centaines de personnes se sont rassemblées en scandant des slogans kurdes, et anti-Erdogan, le président turc, au niveau de l’un des carrefours bouclés par la police près de la rue d'Enghien, a constaté une journaliste de franceinfo. Le rassemblement a ensuite dégénéré en échauffourées avec la police.

Une cellule psychologique va ouvrir

La maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé qu'une cellule psychologique allait ouvrir dans la mairie du 10e arrondissement. 

Elle a exprimé ses "pensées émues aux victimes et à leurs familles" et remercié les "forces de l’ordre pour leur intervention décisive ce matin lors de la terrible attaque dans le 10e".

"Les Kurdes de France ont été la cible d’une odieuse attaque au cœur de Paris", a réagi sur Twitter, Emmanuel Macron.

La présidente (LR) de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a, elle aussi, exprimé ses pensées aux victimes et a déclaré : "Toute la lumière doit être faite!".

La Première ministre, Elisabeth Borne, a qualifié les faits comme étant un "acte odieux" sur Twitter : "Pensées et plein soutien aux victimes de la fusillade mortelle à Paris et à leurs proches. Une enquête est ouverte. Gratitude envers les policiers de la préfecture de police qui ont interpellé l’auteur présumé de cet, aux Pompiers de Paris engagés."

Source : AFP

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