Dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris, la librairie La Hune vient de fermer définitivement ses portes. Fondée au sortir de la seconde guerre par des intellectuels résistants, la librairie doit céder la place à un commerce de reproductions photographiques.
La célèbre librairie La Hune, propriété du groupe Madrigall né du rachat de Flammarion par Gallimard en 2012, a fermé ses portes à Saint-Germain-des-Prés, dimanche.
En mai 2012, La Hune avait dû quitter son siège historique. Elle avait été transférée au 18 rue de l'Abbaye, ancienne adresse de la librairie Le Divan. Les anciens locaux du 170 boulevard Saint-Germain ont été loués à Louis Vuitton. Sur le boulevard Saint-Germain, il ne reste désormais qu'une librairie, "L'écume des pages".
"La librairie accumulait trop de handicaps", estime Olivier Place, directeur des Librairies Flammarion, interrogé par l'AFP. Le chiffre d'affaires a en effet baissé de 35% depuis 2009. Certains clients estiment que Gallimard a laissé tombé La Hune, ce que réfute M. Place.
Galerie-librairie ou commerce de photos ?
En février, une source syndicale avait indiqué que "La direction avait informé les salariés du projet de cession du bail et de la marque La Hune lors d'un comité d'entreprise extraordinaire organisé le 13 février". A la même période, selon le magazine professionnel "LivreHebdo", la librairie devait céder la place à une galerie de photos. Finalement au dernières nouvelles, ce devrait être un commerce de reproductions photographiques qui s'installerait dans les anciens locaux de La Hune.
La librairie a fermé le dimanche 15 juin à 20 heures : les derniers clients dont Julien Dray, vice-président du Conseil régional d'Ile-de-France, chargé de la Culture, se pressent à la caisse, les bras chargés de bouquins. L'artiste Sophie Calle tient à être la dernière cliente à régler ses achats: deux livres de poche. "J'avais acheté le dernier livre à l'adresse historique de La Hune. J'ai acheté le premier à la nouvelle adresse et me voilà aujourd'hui. C'est comme un rituel", dit l'artiste. "C'était ma librairie", dit-elle.
Le rideau de fer s'abaisse. Une gerbe est déposée devant l'entrée. Quelques applaudissements fusent des dizaines de clients, badauds et touristes massés au dehors vite couverts par des huées. "Où est la ministre de la Culture?", demande un homme.
La librairie employait quatre CDI et sept salariés en CDD. Ils devraient être reclassés dans une des deux autres librairies du groupe Flammarion (Centre Pompidou, Paris et Metz).