La 7e vague de Covid-19 touche de plein fouet la région Île-de-France. Les chiffres indiquent que les taux d’incidence augmentent dans l’ensemble des départements franciliens.
Selon le bilan de publié lundi 27 juin 2022 par Santé publique France, la hausse des indicateurs virologiques et hospitaliers se poursuit, en Île-de-France à un rythme soutenu. La semaine du 13 au 19 juin, le taux d’incidence brut régional était de 642 cas pour 100 000 habitants contre 415 pour 100 000 habitants la semaine précédente. Il augmente pour la troisième semaine consécutive.
Ce qui faut prendre en compte ce n'est pas le taux d'incidence, explique Catherine Hill, épidémiologiste, "les bons indicateurs, c'est le nombre de gens qui arrivent à l'hôpital, le nombre de gens qui arrivent en réanimation et le nombre de gens qui meurent et partout les chiffres sont en hausse". "846 personnes arrivent à l'hôpital en moyenne chaque jour alors que ce chiffre atteignait 329 personnes dans le creux de la vague, à la date du 3 juin. On comptait 75 personnes en réanimation contre 46, le 29 mai. Le nombre de décès est à peu près constant, autour de 40 morts", poursuit-elle.
Le gouvernement encourage le port du masque dans les lieux clos
La septième vague de l'épidémie de Covid s'accélère en France, et les recommandations de remettre le masque notamment dans les transports se multiplient côté gouvernement.
Mardi, la Première ministre Elisabeth Borne a demandé aux préfets et autorités sanitaires d'encourager le port du masque "dans les lieux de promiscuité" et "espaces clos", notamment "les transports en commun". Jusqu'à présent, il s'agit de "recommandations", sans obligation.
Mme Borne a aussi appelé à "amplifier les messages de prévention", comme "aérer régulièrement les espaces clos", "se tester dès les premiers symptômes et s'isoler immédiatement en cas de positivité".
Mercredi, à l'aube des premiers départs en vacances, le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou a embrayé, appelant les voyageurs à porter de nouveau le masque dans les gares et les trains, par "sens civique". "Il faut protéger nos personnels, il faut protéger nos voyageurs", a-t-il lancé.
"Le port du masque dans les transports ou travail ça ne peut pas faire de mal", réagit Catherine Hill, "mais on voit bien que ça ne marche pas. Les gens vont aller au restaurant et vont enlever leur masque pour manger, ils vont aller dans les bars. C'est une mesurette cette histoire", s'exclame-t-elle.
Dépistage de masse
Pour l'épidémiologiste, la solution pour contrôler la circulation du virus passe par le dépistage de masse qui permettrait de trouver les gens qui sont contagieux et de les isoler. "Il faut faire des tests groupés par exemple avec des tests salivaires. Dans les écoles, on fait cracher les enfants dans un tube et on rassemble une goutte de salive de chaque enfant dans un seul tube et on regarde s'il y a du virus".
"S'il y a 1% de positifs et s'il y a 20 enfants par classe, on fait 5 tubes, un tube par classe. Le résultat sera qu'un seul tube sera positif sur les cinq, puisqu'il y a un 1% d'enfants positifs. Ensuite on re-teste tout le monde et avec 25 tests, on peut tester 100 personnes donc c'est très économique, ça divise le coût par quatre et ça n'a jamais été fait en France, déplore l'épidémiologiste.
Vers une hausse des hospitalisations ?
Pour l'infectiologue Gilles Pialoux, chef de service à l'hôpital Tenon à Paris, le port du masque est une "mesure d'attente par rapport à des mesures de contrainte de masse". "On aurait dû utiliser ce temps de calme relatif pour instaurer des messages de prévention qui dépassent le cadre du masque", a-t-il regretté mercredi sur franceinfo.
La grande question est, comme à chaque fois, de savoir si la hausse des contaminations se traduira par une hausse des hospitalisations. Même si la vague hospitalière se révèle moindre qu'auparavant, elle arrive en été et sur fond de crise persistante. "Mon inquiétude majeure est qu'entre mi-juillet et mi-août, on se retrouve avec un hôpital délabré, en incapacité de prendre en charge des patients y compris hors Covid, avec des urgences fermées au moins partiellement", déclare à l'AFP Olivier Guérin, chef du pôle gériatrie du CHU de Nice et membre du conseil scientifique.
Des doses de rappel, pour lutter contre les formes graves de contamination
Face à la remontée des cas, gouvernements et scientifiques insistent sur l'intérêt des doses de rappel. Car si la protection des vaccins diminue avec le temps face à l'infection, ils restent efficaces contre les risques de formes graves.
La Première ministre a demandé mardi que chacun "vérifie son schéma vaccinal", notamment les plus de 60 ans et les plus fragiles. Ceux-ci doivent recevoir "dans les prochains jours des mails de sensibilisation" de l'Assurance maladie.
"La troisième dose a été recommandée en avril, quand le virus commençait à décroître. Maintenant qu'il augmente de façon importante, je pense que la population qui a plus de 60 ans comprend bien qu'il ne faut pas laisser passer plus de six mois après le dernier rappel", a déclaré mercredi sur Radio Classique Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l'hôpital Saint-Louis à Paris. Un rappel crucial notamment en Ehpad, "surtout qu'il est efficace 72 heures après", a insisté Olivier Guérin.
Parallèlement, l'exécutif travaille à un nouveau projet de loi, qui doit être présenté et examiné en juillet, pour maintenir "un dispositif de veille et de sécurité sanitaire" jusqu'en mars 2023.