Législatives 2022 : à Paris, l'heure de la revanche pour la gauche ?

Qui seront les prochains députés de Paris ? Dans de nombreuses circonscriptions de la capitale, les résultats pourraient être très serrés. Renaissance (ex-LREM) va-t-elle conserver son hégémonie ? L'union de la gauche peut-elle créer la surprise ? Les Républicains vont-ils conserver leurs fiefs ?

En 2017, Emmanuel Macron avait renversé la table à Paris. Après avoir remporté près de 90% des suffrages au second tour de l'élection présidentielle, En Marche avait transformé l'essai aux élections législatives. Balayant les partis historiques, la majorité présidentielle (LREM + Modem) s'était adjugée 13 sièges sur les 18 que compte la capitale. 

Dans la 5ème circonscription de Paris, le chef d'EELV dans la bataille

Il y a 5 ans, Benjamin Griveaux avait été élu député avant de rejoindre le gouvernement comme secrétaire d'État puis comme porte-parole laissant ainsi la place à sa suppléante, Elise Fajgeles. De retour à la députation en 2019, après une candidature avortée à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux démissionne de son mandat en mai 2021 et laisse son siège vacant.

Elise Fajgeles est cette année la candidate titulaire pour la majorité présidentielle. Et elle entend défendre le bilan d'Emmanuel Macron : "Sur l'encadrement des loyers, nous avons étendu la possibilité de l'appliquer, sur la rénovation des logements nous avons engagé une transition avec un objectif de 700.000 logements." Sur le plateau de France 3, Julien Bayou, secrétaire national d'EELV et candidat dans la 5ème circonscription de Paris tance sa rivale : "A entendre Mme Fajgeles, on dirait que tout va bien. Je constate pour ma part qu'il n'y a pas de ministre du Logement." Selon lui, le rétablissement de l'ISF sur les "ultras-riches" serait une solution pour financer la rénovation thermique. Dans cette circonscription à cheval entre les 3ème et 10ème arrondissements, le logement est un enjeu majeur pour cette élection. Le prix au mètre carré dépasse les 10.500€ sur ce territoire. 

Candidat malheureux en 2017 (éliminé au 1er tour avec 12,36% des voix), Julien Bayou se représente une seconde fois. "Avec la NUPES, nous souhaitons reconstruire le service public", plaide M. Bayou.  A la faveur du l'Union de la gauche, le chef du parti écolo peut espérer siéger au Palais Bourbon. Dans cette circonscription, au premier tour de l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon était arrivé premier d'une très courte tête avec 34,9% des voix contre 34,8% pour Emmanuel Macron. En troisième position, le candidat EELV Yannick Jadot avait remporté 10,1% des suffrages. 

Au total, 11 candidats se présentent dans la 5ème circonscription de Paris :  Assia Meddah (Parti Radical de Gauche), Marguerite Vogt (Rassemblement National), Arnaud  Abel (DVC),  Annaëlle Gilles (Union des Démocrates et Indépendants), Pierre Maurin (Les Centristes), Yann Gautier (Reconquête!), Elise Fajgeles (Renaissance-Ensemble), Monique Dabat (Lutte Ouvrière), Jean Ballon (Parti Animaliste), Julien Bayou (Europe Ecologie Les Verts-NUPES), Marie-Jeanne Jouveau (Parti Pirate).

Pierre-Yves Bournazel, proche d'Edouard Philippe, fait face au journaliste Aymeric Caron (LFI) dans la 18ème circonscription de Paris

Sur la Butte Montmartre, le sortant a reçu un soutien de poids. Le 1er juin, l'ancien Premier ministre, Edouard Philippe est venu faire campagne auprès de Pierre-Yves Bournazel. Candidat de la majorité présidentielle oui mais... Bournazel est surtout un membre du parti Horizons. Sur ses affiches de campagne, la photo d’Emmanuel Macron même n’apparaît pas. Pour autant, l'élu du 18ème arrondissement ne laisse pas planer le doute sur ses intentions à l'Assemblée Nationale : "je mettrai en œuvre ce sur quoi le Président de la République s'est engagé."

L'homme, élu sous les couleurs de LR en 2017, compte sur son implantation locale pour se faire réélire. Et face au candidat de la gauche rassemblée, Aymeric Caron, M. Bournazel se vante d'être "le seul député de Paris qui a voté pour l'interdiction du glyphosate". De quoi faire venir à lui des électeurs verts ? Rien n'est moins sûr.

Aymeric Caron, proche de Jean-Luc Mélenchon, est aussi à la tête d'un petit parti écologiste baptisé REV (Révolution Ecologique pour le Vivant). Il souhaite notamment davantage de droits pour les animaux. Un sujet qu'il portera jusqu'à l'Assemblée Nationale. Le candidat "NUPES" veut aussi en finir avec ce qu'il appelle "la politique à papa". "Il faut porter des projets qui vont améliorer la vie des gens", explique-t-il, "on doit faire du concret et pas seulement de la séduction." 

Au nord du 18ème arrondissement de Paris cohabitent des populations plus en difficultés de Porte de Clignancourt et d'autres plus bourgeoises à Montmartre et Jules Joffrin, les deux candidats doivent ménager la chèvre et le chou pour ne froisser personne. Dans une circonscription longtemps acquise au Parti socialiste, M. Bournazel va tenter de rempiler pour cinq années au Palais Bourbon, "Alain Juppé a été élu ici", souligne le candidat-député. Aymeric Caron, lui, croit en ses chances : "Ici on a le cœur à gauche. La circo a basculé à droite en 2017 par un simple concours de circonstances."

Au total, 12 candidats se présentent dans la 18ème circonscription de Paris :  Aymeric Caron (La France Insoumise-NUPES), Johannes Christoph Leininger (Divers), Pierre-Yves Bournazel (Horizons-Ensemble), Julia  Carrasco (Rassemblement National), Axelle Le Gal de Kerangal( (Reconquête!), Laurent Boula (DVD), Philippe Heracles Charles Cambourakis (Divers), Victor Le (Divers), Annie Boubault (Lutte Ouvrière), Marc El Yasni (Divers), Rudolph Granier (Les Républicains), Nicolas Ravailhe (Fédération de la Gauche Républicaine)

La gauche divisée dans la 15ème circonscription de Paris

La NUPES vole en éclat dans le 20ème arrondissement de Paris. Investie par l'union des partis de gauche, Danielle Simonnet, devra faire face à une concurrente socialiste et soutenue par des pontes du parti. Les anciens Premiers ministres, Lionel Jospin et Bernard Cazeneuve, la maire de Paris, Anne Hidalgo et même le patron du PS, Olivier Faure, soutiennent la dissidente Lamia El Aaraje. La raison de la brouille : une élection législative partielle annulée en 2021.

Les deux femmes de gauche se sont affrontées et au second tour, la socialiste l'a emporté. Quelques mois plus tard, le Conseil constitutionnel annule le scrutin à cause d'un autre candidat ayant utilisé le logo LREM sans autorisation. Depuis, le siège de député de la 15ème circonscription est resté vide. 

Lamia El Aaraje s'estime être "la candidate naturelle" de cette circonscription en tant que député sortante, se référant à l'accord électoral de la Nupes, qui selon elle " prévoit la reconduction de tous les sortants." Danielle Simonnet, conseillère de Paris élue du 20ème arrondissement depuis 2001, s'appuie sur son ancrage historique et l'accord qui l'a désignée comme la candidate de l'Union. 

Impossible de savoir qui des deux femmes, en bonne position toutes les deux, l'emportera le soir du 20 juin. Leur division pourrait jouer en faveur d'un autre élu local, le LR François-Marie Didier, qui pourrait tirer son épingle du jeu et peut-être imposer une triangulaire pour le second tour. 

Au total, 13 candidats se présentent dans la 15ème circonscription de Paris : Apolline Tyburczy (Parti Animaliste), Philippe Houplain (Reconquête!), Albertine Sylvestre (Divers), Marie-Josée Boulaire (Rassemblement National), Danielle Simonnet (La France Insoumise-NUPES), François-Marie Didier (Les Républicains), Lamia  El Aaraje (Dissidente PS hors NUPES), Sandrine Adobati (Parti Pirate), Philippe Aragon (DVC), Thierry Jean Pierre Nobin (Ext. Gauche), Arnaud Charvillat (Lutte Ouvrière), Pauline Zeka Lema (Parti Ouvrier Indépendant Démocratique), Mohamad Gassama (Renaissance-Ensemble)

La droite mise sur les 4ème et 14ème circonscriptions de Paris

Les Républicains pourront-ils sauver leurs sièges parisiens à l'Assemblée Nationale ? Sur les 18 circonscriptions que compte la capitale, la droite en avait remporté 3 en 2017 avant que l'un des députés élus (Pierre-Yves Bournazel), ne rejoigne finalement la majorité présidentielle.

Pour la deuxième fois, l'avocat Francis Szpiner, également maire du 16ème arrondissement se lance dans la bataille. Dans une circonscription historiquement favorable à la droite (la 14ème de Paris), il a des chances de l'emporter le soir du 20 juin. Et malgré l'absence d'accord avec l'UDI dans la capitale, il est soutenu par le parti de Jean-Christophe Lagarde. Face à cette figure des Républicains, Renaissance a investi Benjamin Haddad qui vient lui aussi de la droite. Cet ancien membre de l'UMP peut s'appuyer sur le gros score d'Emmanuel Macron dans cette circonscription : 46,7% des voix au premier tour et plus de 80% au second.

Face aux deux favoris, un troisième candidat pourrait jouer les trouble-fête. Sébastien Pilard, investi par Reconquête est en capacité, lui aussi, de réaliser un score important. Jusqu’à imposer une triangulaire ? Au premier tour de l'élection présidentielle, Eric Zemmour était arrivé second avec 16,4%, devant Valérie Pecresse. 

Dans la 4ème circonscription de Paris qui couvre les quartiers des Ternes et la Plaine-de-Monceaux, la sortante LR, Brigitte Kuster espère le renouvellement de son mandat. Elue en 2017, l'ancienne maire du 17ème arrondissement fera face à une candidate Renaissance, Astrid Panoysan-Bouvet. Astrid Panoysan-Bouvet a été l'une des cofondatrices d'En Marche en 2016. Dans cette circonscription, Emmanuel Macron est arrivé en tête au premier tour avec 45,9% des voix, loin devant Valérie Pécresse qui a recueilli 12% des suffrages. 

Au total, 10 candidats se présentent dans la 14ème circonscription de Paris : Marie Bourdy (Lutte Ouvrière), Julie Maury (La France Insoumise-NUPES), Francis Szpiner (Les Républicains), Catherine Kratz (Résistons!), Anne de La Brélie (Rassemblement National), Sébastien Pilard (Reconquête), Isabelle Mathurin (DVG), Serge Dordoigne (Parti Animaliste), Benjamin Haddad (Renaissance-Ensemble), Wendy Achour (Fédération de la Gauche Républicaine).

Dans la 4ème circonscription de Paris, sont candidats : Dayana Bonilla (Parti Animaliste), Jérôme Perreau (Résistons!), Karim Britel (DVD), Natalie Depraz (Le France Insoumise-NUPES), Astrid Panoysan-Bouvet (Renaissance-Ensemble), Chantal Eclou (Divers écolo), Annie Marcelle Mauricette Lavenier (Rassemblement National), Garen Shnorhokian (Reconquête!), Francine Freudberg (DVC), Adrien Touati (Parti Pirate), Pierre Lévenard (Lutte Ouvrière), Kevin Guillas-Cavan (DVG), Brigitte Kuster (Les Républicains).

La 6ème circonscription de Paris dans les mains de la gauche ?

Au premier tour de l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a battu largement ses adversaires dans cette circonscription qui s'étale entre les 11ème et 20ème arrondissements. "Le combat est très difficile", reconnait le candidat macroniste Julien Bargeton. Déjà élu sénateur de Paris en 2017, il souhaite désormais pousser les portes de l'Assemblée Nationale pour "donner une majorité au Président et de la stabilité à la République." Julien Bargeton est issue du courant rocardien au PS et veut s'implanter dans la circonscription dans laquelle il est né. "Je suis allé au lycée Voltaire et à la bibliothèque Faidherbe durant ma jeunesse, je connais cette circonscription par cœur", souligne-t-il. A l'assemblée Nationale, il souhaite porter une loi en faveur de la culture, "pourquoi ne pas étendre le pass culture ?", propose-t-il. Sur sa principale concurrente, la candidate LFI Sophia Chikirou, il utilise les mêmes éléments de langage que les autres candidats Renaissance : "Je fais face à l'extrême gauche, celle qui n'est pas claire face à la Russie, pas claire dans ses rapport avec la police, celle qui veut désobéir aux traités européens. Moi j'incarne le progressisme."

L'élection de Julien Bargeton à l'Assemblée Nationale serait une surprise tant la candidate insoumise Sophia Chikirou semble portée par le score de Jean-Luc Mélenchon. Dans cette circonscription, les voix de gauche, aujourd’hui incarnées par la NUPES, totalisent près de 60% des suffrages. Très proche de Jean-Luc Mélenchon (elle a un temps dirigé sa communication), l'accord de la gauche offre à Sophia Chikirou une terre d'élection très favorable. Contactée par téléphone, Sophia Chikirou n'a pas répondu à nos sollicitations.

Dans la 6ème circonscription de Paris, sont candidats : Laurence Bonzani (Divers écolo), Yasmin Berrouba (DVC), Yves Fremion (Divers écolo), Marie Rosette Huynh Thi Bozzi (Rassemblement National), Julien Bargeton (Renaissance-Ensemble), Sophia Chikirou (La France Insoumise-NUPES), Victor Meldener (Reconquête!), Anne-Catherine Godde (Lutte Ouvrière), Jean Christophe Martin (Les Républicains), Jennifer Borsellino (Parti Pirate), Charles Dupuy (Parti Ouvrier Indépendant Démocratique), Romain Van Den Broucke (Parti Animaliste)

Clément Beaune, un ministre en campagne dans la 7ème circonscription de Paris

Comme Stanislas Guerini, son collègue du gouvernement, Clément Beaune joue gros dans cette élection législative. Le Président Macron a prévenu que les ministres battus devront démissionner. "J'ai la volonté de m'ancrer localement. Je suis né à Paris, j'ai grandi à Paris, me présenter ici ça a du sens", explique le Ministre de l'Europe, candidat pour la première fois à un scrutin bien conscient que son élection n'est pas assurée. Face à lui, l'avocate Caroline Mécary défendra les positions de la France Insoumise. Au premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon étaient au coude-à-coude dans cette circonscription avec respectivement 36,4% et 31,3% des voix. "Le mélenchonisme est un risque réel. Mon adversaire politique c'est la France Insoumise, donc Caroline Mecary", souligne le candidat. Comme le député sortant, Pacôme Rupin, Clément Beaune vient de la gauche. Et à l'Assemblée Nationale, il espère porter un nouveau projet législatif aux accents progressistes : "Je souhaiterais travailler sur une nouvelle loi sur la fin de vie". Autre volonté du ministre-candidat : "Proposer une refondation de la métropole parisienne, notamment sur les questions de sécurité et de transports à l'approche des JO 2024."

A gauche, l'union s'est faite autour de l'insoumise Caroline Mecary. "Le parlement de l'Union Populaire est venu me chercher et j'ai accepté", raconte l'avocate. Élue au Conseil de Paris entre 2014 et 2020, Caroline Mecary entend faire tomber le ministre-candidat, "je veux rompre avec le néolibéralisme qui caractérise le macronisme", souligne-t-elle. Au Palais Bourbon, la candidate LFI souhaite porter une loi de programmation pluriannuelle sur la justice. En clair : "Il faut absolument redonner des moyens aux magistrats et à l’institution judiciaire", résume Caroline Mecary. Mais pendant la campagne, sa priorité : "défendre le pouvoir d'achat", répond-elle sans hésitation. 

Quant à l'enjeu national de voir un ministre démissionner si elle l'emporte, Caroline Mecary n'en fait pas une affaire personnelle. "Il ne sera jamais là de toute façon s'il est élu. Il restera ministre [...] mon adversaire à moi, c'est d'abord l'abstention. Au second tour de l'élection présidentielle, près d'un électeur sur quatre ne s'était pas déplacé aux urnes dans cette circonscription située à cheval entre les 4ème, 11ème et 12ème arrondissements.

Sont également candidats : Aurélia Petit (Lutte Ouvrière), Rodrigue Flahaut-Prevot (Parti Radical de Gauche), Constance Delétang (Reconquête!), Thomas Moulins (Parti Animaliste), Caroline Mecary (La France Insoumise-NUPES), Aurélien Véron (Les Républicains), Anne Hélène Janine Marie Daguenel (Rassemblement National), Cindy'Lee Isabelle Laeng (Divers), Louis Claudio (DVC), Gaspard Chameroy (Divers écolo), Naïma Moghir (Divers), Philippe Mazuel (DVG), Clément Beaune (Renaissance-Ensemble)

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