Législatives 2024. "Ne pas voter, c'est laisser les autres choisir à sa place", l'association A voté répond à nos questions

Le nombre de procurations s'envole, des enjeux inédits... Depuis 2021, un collectif de citoyens bénévoles se mobilise pour lever les freins à la participation électorale. Pour l'association "A voté", la campagne électorale actuelle est un moment "inédit". Entretien avec Dorian Dreuil, co-président de L'ONG A Voté.

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A Voté est une organisation non-gouvernementale apartisane française qui œuvre pour la défense des droits civiques et du progrès démocratique.  

Pour son co-président, Dorian Dreuil, le taux de participation annoncé par les instituts de sondage pour le prochain scrutin législatif - 66 % selon une enquête Ifop mercredi contre 47,8 % en 2022 - est encourageant.

Comment interprétez-vous cette prévision d'une hausse de la participation ?

Dorian Dreuil : On interprète véritablement ces chiffres comme un sursaut démocratique rassurant et passionnant qui est très lié en fait à la fois à l'intensité politique de la campagne mais aussi à l'effet de sidération très fort dans l'opinion dû à la dissolution. Il y a eu un effet choc. On a ce sentiment que chez les gens qu'on voit sur le terrain ou sur les réseaux sociaux, ce prochain scrutin est un scrutin particulier au regard de notre histoire politique. 

Vous constatez donc chez les citoyens un regain de mobilisation, et même, vous dites, un regain d'envie militante ?

Dorian Dreuil : On a reçu dès l'annonce de la dissolution des centaines de demandes de bénévolat, de gens qui souhaitaient agir. Cela dit, on se méfie beaucoup de ce qu'on appelle l'effet bulle. Il y a un paradoxe entre la forte sidération d'une grande partie de l'opinion et en même temps, il faut ne pas oublier qu'il y a une partie du pays qui passe à côté des enjeux et c'est là le défi démocratique. 

Votre axe de travail, c'est de lutter contre ce que vous appelez le phénomène de "mal inscription", expliquez-nous ?

Dorian Dreuil : À 17 ans, dès qu'on passe la journée de recensement, on est automatiquement inscrit sur des listes électorales. Mais ce qu'on a observé durant ces 20 dernières années, c'est qu'avec le phénomène de mobilité qui augmente notamment chez des jeunes - qui changent de ville pour faire leurs études ou pour d'autres raisons - il y a chez eux une méconnaissance sur le fonctionnement du vote. Qu'il faut mettre à jour son inscription sur la liste électorale, qu'il y a des délais à respecter. On arrive en 2022 à 7,8 millions de personnes en situation de mal inscription, c’est-à-dire que le bureau de vote n'est pas proche de leur résidence principale. 

Quels seraient, selon vous, les leviers pour réduire l'abstention ?

Dorian Dreuil : ça impose du côté des institutions de pouvoir appuyer sur tous les boutons. C’est-à-dire, à la fois faciliter l'accès au bureau de vote, résoudre justement la question de la mal-inscription mais il y a aussi d'autres actions à mener qui sont plus politiques comme : comment réduire la défiance qui s'est creusée entre les citoyens et le fonctionnement de nos institutions ?

On a l'impression que du fait de la saturation médiatique cette élection, tout le monde est au courant et tout le monde est parfaitement informé ce qui est ce qui n'est pas le cas.

Dorian Dreuil, co-président de ONG A Voté

Amener les gens vers les urnes, ça passe notamment par d'abord augmenter la représentativité de la société dans le monde politique, ensuite accentuer le sentiment d'efficacité d'une politique publique, c'est à dire montrer que les élections impactent vraiment la vie du citoyen.

Vous dites également qu'il faut moderniser les opérations de scrutin ?

Dorian Dreuil : Il faut aligner nos organisations de scrutins avec la société qui évolue, aller vers ce qu'on peut appeler les oubliés de la démocratie. Il n'y a pas que les jeunes d'ailleurs parmi ces oubliés, ce sont aussi les personnes en mobilité réduite, les personnes âgées isolées. Il faut finalement inverser un peu la charge de la responsabilité, ne plus dire : 'on ouvre des bureaux de vote et vous n'avez qu'à venir'. Mais plutôt construire une autre démarche qui est de mettre tout en œuvre pour que chaque citoyenne ou citoyen puisse user de son droit de vote.

Pour cette campagne, quels types d'actions mettez-vous en œuvre ?

Dorian Dreuil : À partir de vendredi, on sera présent au festival Solidays à Longchamps pendant trois jours et l'idée est de ramener finalement la question de la démocratie dans des lieux festifs là où sont les gens, les 18-24 qui sont ceux qui votent le moins. On a classiquement des tractages près des sorties de fac, des lieux de passage pour sensibiliser à l'information électorale.

On dit aux jeunes surtout qu'on est dans un moment inédit de notre vie démocratique et que c'est important d'exprimer sa voix. On a beaucoup observé que les discours de culpabilisation portés à l'encontre de celles et ceux qui ne votent pas ou qui s'abstiennent, ne fonctionnent pas pour les amener aux urnes. C'est-à-dire qu'il faut aussi respecter la liberté de ne pas souhaiter aller voter, de s'engager différemment et ça, c'est assez primordial.

On explique que : ne pas voter, ce n'est pas ne pas choisir mais, c'est laisser les autres choisir à sa place.

Dorian Dreuil

Vous vous présentez comme une organisation apartisane. Mais comptez vous vous rallier comme le font d'autres ONG en ce moment a des manifestations contre l'extrême-droite ?

Dorian Dreuil : Notre position en tant qu'association, c'est d'être attentif à toutes les alertes notamment celles du mouvement associatif qui, en raison de politiques publiques, réduiraient leurs rayons d'action,  limiteraient leur indépendance et n'iraient pas vers une démocratie plus apaisée. On peut dire qu'on est vigilant mais aussi inquiet du fait des tensions sociales aujourd’hui et de la polarisation du débat politique. 

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