Les coiffeuses sans-papiers du quartier de Chateau d'Eau à Paris, qui occupaient leur salon depuis l'été dernier pour dénoncer l'exploitation dont elles étaient victimes, vont recevoir des autorisations provisoires de travail de trois mois.
C'est la préfecture de police de Paris et le ministère de l'intérieur qui l'annoncent : les coiffeuses sans-papiers du 10ème arrondissement de Paris, devenues des symboles de l'exploitation de la misère et de la détresse de nombre de sans-papiers, vont recevoir, à titre exceptionnel, des autorisations provisoires de travail de trois mois.
"Il a été décidé par le Préfet de police de leur remettre une autorisation provisoire de séjour les autorisant pendant trois mois à chercher un emploi légal" explique le ministère de l'intérieur. Néanmoins, ajoute le ministère, "Il ne s'agit pas d'une régularisation car les neuf personnes concernées devront ensuite trouver un emploi déclaré pour poursuivre la procédure."
Cinq autres employés sans-papiers avaient déjà reçu des documents similaires il y a un mois.
Les employés du salon, non déclarés, étaient payés "à la tâche" (ce qui est illégal) environ 400 euros par mois en travaillant 7 jours sur 7, de 9H à 23H le soir. Ces pratiques sont malheureusement courantes dans ce quartier, notamment dans les salons de coiffure "afro".
En mai 2014, les 18 salariés, dont 14 sans-papiers, s'étaient mis en grève pour obtenir la régularisation de leur situation. Ils avaient obtenu de leur employeur la reconnaissance de leur statut de salariés mais fin juillet, le gérant de fait leur signifiait que le salon avait été mis en liquidation.
Une procédure est en cours, après le dépôt d'une plainte par les salariés et la CGT pour "traite d'êtres humains", "faillite frauduleuse", "escroquerie", "conditions de travail indignes", "abus de vulnérabilité", "rétribution inexistante ou insuffisante".