Alors que le Conseil de Paris a voté en faveur de la création d'une charte incitant les commerçants à retirer les décorations florales installées sur leurs façades, le projet de régulation suscite des critiques du côté des gérants de cafés et de restaurants.
La "mode des façades 'fleuries'" va-t-elle bientôt faner à Paris ? Le Conseil de Paris a en tout cas voté vendredi 9 février en faveur d’un vœu de Boris Jamet-Fournier, un élu du groupe de la majorité Paris en commun, appelant à réguler cette tendance. Et ce en se basant sur une récente étude de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur).
L’étude, réalisée en avril dernier et publiée en janvier, recense "325 établissements" décorés avec des fleurs en plastique. "Depuis une demi-douzaine d’années, on voit prospérer du feuillage et des fleurs en matière synthétique sur les façades des bars, cafés, brasseries, restaurants ou tout simplement commerces parisiens. La tendance a connu un coup de fouet lors de la fin des confinements liés à la crise sanitaire et avec le retour des touristes à Paris", décrit l’Apur.
Les arrondissements les plus concernés sont :
- Paris Centre, avec 111 établissements, soit 34 % du total
- Le 11e, avec 41 établissements
- Et le 14e, avec 31 établissements
Pour ce qui est des types de commerces qui se sont le plus "emparés de cette nouveauté", on compte 220 bars et restaurants, puis viennent les magasins d’équipement de la personne et "assez curieusement" les vitrines de fleuristes.
Le vœu de Boris Jamet-Fournier - qui évoque des risques d’incendie, et des questions d’hygiène et d’entretien - vise à mettre en place une charte censée inciter les commerces à retirer ces installations en plastique.
"Ça booste la fréquentation"
A Montmartre, à deux pas de la place des Abbesses, les commerçants concernés ne sont pas enchantés par ce projet de charte. Devant l’un des cafés du quartier, on voit régulièrement des passants photographier l’immense façade de fleurs qui surplombe la terrasse de l'établissement. Louis, le gérant, défend ces décorations.
"Au niveau de l’hygiène, on modifie ça tous les six mois. A chaque fois, c’est récupéré, nettoyé et refait proprement. Pour les normes de sécurité, il n’y a aucun câble qui passe dessus, et tout est gainé. Il y a plusieurs couches pour éviter le moindre souci. On fait ça depuis 2018, on n’a jamais eu aucun problème", argumente-t-il.
"Je ne vois pas en quoi ça peut gêner, les riverains ne se plaignent pas. Si encore ça allait à l’encontre des copropriétés, mais ce n’est pas le cas. Ça embellit, je ne comprends pas. Avec la pollution, beaucoup de murs à Paris sont salis, ternis. Je trouve ça débile", poursuit Louis.
Le gérant met en avant la visibilité gagnée grâce à ces décorations florales : "Ça rajoute un peu de charme, un peu de chaleur. Puis c’est vrai que, de loin, ça attire l'œil et ça booste la fréquentation. Je sais que les touristes aiment énormément, ça multiplie la clientèle. Il y a le côté instagrammable. Mais ça reste assez neutre, on n’est pas dans l’exagération. Aussi, les devantures se voient sur les photos des journaux, également dans les séries Netflix." Devant ce café, les fleurs sont changées selon les saisons, avec des "tons plus colorés et colorés pour les périodes de fêtes", et "des tons plus neutres le reste de l’année".
Nicolas Bonnet-Oulaldj, adjoint à la maire chargé du commerce, s’est en tout cas dit en faveur de la création de la charte.