"Les réseaux sociaux nous privent de notre liberté" : la chanteuse Deybo met des mots sur des maux

C'est avec une apparente légèreté que Deybo, une artiste francilienne âgée d'une vingtaine d'années, a décidé de consacrer sa musique aux dangers des réseaux sociaux et aux dérives des influenceurs alors qu'une loi est en préparation pour encadrer leurs pratiques.

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"Je la suis, je partage, mon cerveau en otage", dans son titre sorti il y a une semaine et intitulé "Je suis parfaite", la chanteuse francilienne Deybo, de son vrai prénom Deborah, dénonce les dérives de l’influence, cette pratique qui vise à utiliser sa notoriété pour faire la publicité de produits.

Elle y voit une forme de manipulation qui incite à se comparer sans cesse et qu’elle a décidé de mettre en lumière dans cette chanson, alors qu’une nouvelle loi a récemment été votée pour mieux encadrer les pratiques parfois frauduleuses de ces stars du web. "Il y a quelque chose de malsain dans l’influence, il y a une volonté de manipuler notre esprit pour nous faire acheter toujours plus", confie l’artiste. "Certains influenceurs profitent de la naïveté d’un public jeune pour leur faire croire qu’ils ont noué un lien très fort, qu’ils aiment véritablement leur public, alors qu’ils veulent juste vendre leur produit."

C’est avec ce franc-parler que Deybo s’est lancé il y a quatre dans la musique. Pour se faire connaître et se forger une "communauté", elle doit alors investir des réseaux sociaux comme Instagram. "J’ai commencé à publier beaucoup et très régulièrement. C’est là que des enfants et des jeunes ados sont venus me parler, ils ont commencé à me confier leurs problèmes, des histoires dont ils n’osaient même pas parler à leurs parents."

Les dérives des réseaux sociaux 

Alors qu’elle se cherche encore musicalement et qu’elle ne se sent pas prête à parler de sujets trop intimes, elle décide de faire de tous ces témoignages, symptômes du danger que peuvent représenter les réseaux sociaux, son sujet de prédilection. "J’ai compris qu’il y avait beaucoup de vices sur les réseaux sociaux et surtout que cela touchait énormément de monde".

Dans son autre chanson au style pop "Trucs limites", Deybo parle ainsi de sujets compliqués comme l’hypersexualisation des jeunes filles, les personnes mal intentionnées en mal de contenus pédopornographiques, ou encore de la quête éternelle d’attention et de reconnaissance. "Ils ne se rendent pas compte qu’ils se mettent en danger. Certains ne se méfient pas, ils parlent à des inconnus et font parfois de très mauvaises rencontres." Sensible, Deybo confie que cela la rend triste, "quand ça ne me met pas en colère".

Pour un meilleur encadrement 

Alors que le Sénat a récemment adopté à l'unanimité en première lecture, une proposition de loi visant à mieux encadrer l'activité des influenceurs et lutter contre les dérives sur les réseaux sociaux, la chanteuse appelle à plus d’encadrements et de surveillance de la part des parents.  Depuis trois ans, elle est en contact avec des associations comme e-Enfance, qui tentent de mieux protéger les mineurs face aux risques que représente internet.

Un véritable fléau alors qu’en 2019, selon l’association Point de Contact, la France était troisième au classement des pays hébergeant le plus de contenus pédopornographiques. Autre constat alarmant, en 2021 e-Enfance faisait état d’une augmentation de 57% des violences en ligne chez les jeunes. Cyberharcèlement, revenge porn ou encore chantage à la caméra sont autant de violences exercées quotidiennement.  

Un sujet qui lui tient à cœur : "Je suis obsédée par la liberté, et je trouve que les réseaux sociaux nous privent de cette liberté. C’est une forme d’asservissement où tout est centré sur le like, les enfants en viennent à déterminer leur valeur en fonction du nombre de like récoltés."

Elle reconnaît néanmoins des aspects positifs à ces nouveaux médias : "Parmi les jeunes qui sont venus me parler, nombre d’entre eux sont en grande souffrance. Ils subissent parfois des violences intrafamiliales, et les réseaux sont dans ce cas une véritable porte de sortie pour eux". À titre personnel, les réseaux lui offrent également une liberté d’expression, nécessaire pour se lancer en tant qu’artiste.  

Chanteuse mais aussi humoriste et improvisatrice 

Car depuis 2019, la jeune femme originaire de Vincennes multiplie les projets et ne cesse de changer de casquettes. Tour à tour chanteuse, auteure, compositrice, elle est également pianiste et a décidé il y a quelques années de monter son propre orchestre.

Depuis près de deux mois, elle s’est également lancée dans le stand-up avec son spectacle "Inventez-moi !". "Je montre sur scène quasiment tous les soirs, en totale improvisation. Le public participe, ils me donnent des mots marrants et à partir de cela j’invente des chansons humoristiques." Un exercice audacieux, mais dans lequel elle s’épanouit pleinement. "Dans le stand-up je peux beaucoup plus m’investir émotionnellement. J’ai beaucoup plus de liberté, même si c’est à chaque fois un saut dans le vide, je ne sais jamais ce qui va se passer".

En juillet, Deybo sortira un nouveau single intitulé "Donnez-moi R", "R" signifiant "rien". Dans la même veine que ces deux précédents titres, elle y raconte l’histoire d’une jeune fille assommée par un trop-plein de réseaux sociaux et de nouvelles technologies. Ode au repos, et à la quête de soi.

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