Selon une étude de l’association Respire, presque tous les sites en plein air à Paris et en proche banlieue "dépassent les seuils de recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé en matière de qualité de l’air". Le Dr François Deroche, médecin du sport, rappelle les risques liés à l'effort physique quand l’air est pollué.
"La quasi-totalité des terrains de sport en plein air de la métropole étudiés dépassent les seuils de recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé en matière de qualité de l’air en 2023", alerte Respire dans un communiqué publié ce mardi. L’association, qui "appelle les élu·es à l’action", dénonce "un cocktail explosif" et une "urgence sanitaire" à l’approche des Jeux olympiques, et ce "malgré une amélioration de la qualité de l’air ces 10 dernières années à Paris".
Respire publie ainsi une carte interactive pour "visualiser la pollution de l’air aux abords des principaux terrains de sport de la métropole sur plus d’une centaine de terrains de sport du Grand Paris entre 2012 et 2023, ainsi que les niveaux de pollution en direct en 2024 heure par heure". "A titre d’exemple, le Terrain de tennis Reims – Asnières, stade le plus pollué en 2023, a une concentration 4 fois supérieure à la recommandation de l’OMS en NO2 et près de 3 fois supérieure à la recommandation de l’OMS en PM2,5", détaille le communiqué.
"La plupart des terrains parisiens les plus pollués sont proches du périphérique, avec notamment une plus forte exposition au dioxyde d'azote", explique Tony Renucci, le directeur général de l’association, à France 3 Paris Île-de-France. Il souligne aussi que l’étude "comprend les sites olympiques". "C’est un sujet à prendre en considération pendant les JO. S’il y a un pic de pollution à l’ozone, il faudra se poser la question du maintien de certaines épreuves, et du report de certaines disciplines à des horaires moins exposés."
Tony Renucci rappelle "les conséquences sanitaires" de la pollution de l’air sur la pratique sportive, "qu’on parle de loisirs ou de compétitions". "L’effort entraîne une hausse de la fréquence respiratoire, et les sportifs inhalent ainsi 4 à 10 fois plus de polluants atmosphériques que lorsqu’ils sont au repos. La pollution cause une baisse de la performance et une augmentation du risque d’accidents cardiovasculaires et d’épisodes inflammatoires", ajoute-t-il.
"Il est extrêmement dangereux de faire du sport dans un milieu pollué"
Le médecin du sport François Deroche, praticien hospitalier, enseignant à l’université Paris-Saclay et ex-président de l’Union nationale des médecins fédéraux, confirme qu’"il est extrêmement dangereux de faire du sport dans un milieu pollué". "La pratique sportive peut faire plus de mal que de bien. Au lieu d’être bénéfique, le sport peut avoir des effets délétères", alerte-t-il.
"C’est comparable à la consommation de cigarette : quand on fume juste après un effort sportif, c’est très risqué, c’est comme si on consommait un paquet entier. Le sport de haut niveau multiplie par 5, 6 ou 7 le débit sanguin. Le sang passe alors à grande vitesse dans les artères, en absorbant à chaque fois des molécules d’oxygène mais aussi les particules fines et les polluants présents dans l’air. Et le sang a une grande affinité pour les produits toxiques, ça sature les globules rouges", détaille le Dr François Deroche.
Il précise que les sports les plus plus concernés sont ceux qui impliquent de "l’exercice d’aérobie", car "ils sollicitent le cœur et les poumons, et demandent beaucoup d’oxygène". "On peut citer par exemple le vélo, la natation, la course à pied, la marche rapide ou le rameur. Le foot ou le tennis incluent aussi de l’aérobie", poursuit le médecin.
En cas de pic de pollution, le Dr François Deroche conseille de "changer d’endroit ou de ne pas faire d’effort physique du tout". Il recommande aussi de faire attention en cas de fortes chaleurs : "Quand il fait très chaud, les risques sont multipliés. La vasodilatation des vaisseaux sanguins peut entraîner des malaises et permet à tous les produits toxiques d’entrer par la grande porte, rapidement. Ce n’est pas bon du tout."
Du côté de l’association Respire, Tony Renucci recommande aux sportifs "d’avoir le réflexe de se renseigner sur l’état de la qualité de l’air, en n’hésitant pas à différer ou réduire l’intensité de sa séance, voire changer de lieu". Il appelle enfin "les décideurs à cesser la construction de sites sportifs à proximité du périphérique et des grands axes routiers, et à fermer les complexes sportifs lors des pics de pollution".