Les ZFE n'ont pas la cote selon une consultation menée par le Sénat

Le déploiement des zones à faibles émissions (ZFE) pour lutter contre la pollution de l'air dans les grandes agglomérations rencontre une forte opposition de la population selon une étude du Sénat parue jeudi. En Île-de-France, la ZFE a été mise en place en 2016.

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51300 réponses en moins d'un mois. Jamais une consultation sénatoriale auprès des citoyens n'avait recueilli autant d'avis. Et jamais non plus, elle n'aura recueilli autant d'avis négatifs.

"Ce 'succès' témoigne des nombreuses inquiétudes que ce dispositif génère chez les Français, même s'il s'agit d'une consultation basée sur le principe du volontariat et non d'un sondage représentatif", a expliqué le sénateur des Alpes-Maritimes Philippe Tabarot (LR), rapporteur de la mission de contrôle sur les ZFE qui doit rendre ses conclusions mi-juin.

Cette consultation en ligne, qui n'a pas valeur d'un sondage, était ouverte à l'ensemble des Français, particuliers ou professionnels du 17 avril au 14 mai. Philippe Tabarot souhaitait recueillir le point de vue des principaux concernés sur le déploiement des zones à faibles émissions. Ainsi, 24% des participants à cette consultation habitent dans une ZFE ou à proximité, explique le Sénat.

Parmi les 51300 répondants, 93% sont des particuliers et 7% des professionnels.

Des avis négatifs en tête

Au total, 86% des particuliers et 79% des professionnels ayant répondu à la vingtaine de questions posées par les sénateurs se disent ainsi opposés au déploiement des ZFE.

"Il s'agit d'une mesure technocratique qui de surcroît crée une véritable rupture d'égalité d'accès au centre-ville selon que vous soyez aisé ou non", lit-on parmi les témoignages.


Fractures sociales et freins

Le premier frein au déploiement des ZFE réside dans le prix d'achat de voitures propres, jugé trop élevé pour 77% des particuliers, devant l'accessibilité insuffisante des métropoles depuis les zones périurbaines ou rurales (51%) et l'insuffisance d'offres de transports alternatifs (42%).

Malgré la menace, à terme, d'une amende de 68 euros, 83% des particuliers n'envisagent pas pour autant de changer de véhicule pour fréquenter une ZFE.

D'autres enseignements peuvent être tirés de cette consultation :

► Plus un répondant réside loin du centre d'une agglomération et plus il a tendance à être défavorable à la mise en place d'une ZFE. Ainsi, seuls 8% des habitants de communes rurales y sont favorables contre 23% des habitants de centre-ville.

► Le fait de disposer d'une alternative à la voiture a également une influence sur les réponses, seuls 16% des répondants estimant avoir des solutions alternatives suffisantes.

► Le ressenti varie beaucoup d'une catégorie socioprofessionnelle à une autre, 25% des cadres étant favorables aux ZFE contre 11% des employés et 4% des ouvriers.

Le calendrier des ZFE en question

La mission d'information "flash" du Sénat sur l'acceptabilité des ZFE a mené plus d'une quarantaine d'auditions depuis mars. "On constate qu'aujourd'hui des métropoles particulièrement volontaristes ont fixé des calendriers assez resserrés et sont contraintes de revenir en arrière. Nous ne sommes plus sur un clivage politique", a reconnu Philippe Tabarot.

"On ne peut pas ne pas prendre en compte les chiffres que l'on a, mais on ne peut pas ne pas prendre en compte l'impératif de santé publique", a estimé l'élu, pour qui il semble "évident" qu'il y a une "désynchronisation entre le calendrier (des ZFE, ndlr) et l'avancée des alternatives à la voiture". La priorité est donc, selon lui, "d'aller vers du report modal, vers les transports en commun, car 40 millions de véhicules électriques ne régleront pas le problème de la congestion automobile".

À Paris, un déploiement déjà reporté

En Île-de-France, la ZFE a été mise en place il y a 7 ans en 2016, avec un objectif assumé : améliorer la qualité de l’air. Mais le calendrier prévu du déploiement n'a pas été respecté. Elle concerne le périmètre intérieur de l'A86.

L'interdiction de circulation des voitures avec une vignette Crit'Air 3 a déjà été repoussée une première fois de juillet 2022 à juillet 2023 dans la Métropole du Grand Paris. Mais elle pourrait être de nouveau reportée comme le demande Valérie Pécresse, la présidente de région. Les véhicules Crit'Air 3 devraient rouler jusqu'à fin 2024 ou 2025.

Une généralisation des ZFE en France est prévue par la loi d'ici à 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150000 habitants. À ce jour, onze métropoles dont Paris et la petite couronne, Lyon et Grenoble ont des ZFE avec des calendriers différents.

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