"Leur salaire va passer de 600 à 80 euros par mois" : des étudiants accusent le Crous de les précariser

En juin, le Crous Île-de-France a décidé la délocalisation de son centre d'appels en province. Depuis, la trentaine d'étudiants qui travaillent dans les locaux parisiens a vu son nombre d'heures de travail se réduire de 15 heures à 2 heures par semaine. Ils ont décidé de se mettre en grève.

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"Recrutés par contrats étudiants pour une durée de 12 mois, nous sommes abusivement éjectés de nos postes de téléconseillers en pleine année universitaire", dénonce dans un communiqué le collectif des étudiants téléconseillers des Crous d'Île-de-France.

Le centre d’appels du Crous Île-de-France (Paris, Créteil et Versailles) reçoit 500 000 appels par an. Une trentaine d’agents publics, dont la spécificité est qu'ils sont tous étudiants, travaillent au sein de ce centre téléphonique. Son rôle, conseiller et accompagner les étudiants franciliens en particulier sur les problématiques de bourse sur critères sociaux.

"De 15 heures à deux heures par semaine"

Felix Stive, du syndicat l'Union Etudiante qui siège au Crous de Paris suit ce dossier et s'inquiète de cette nouvelle précarité qui touche les étudiants. "Nous avons appris il y a quelques mois que le Crous allait délocaliser le centre d’appels Île-de-France et dispatcher les coups de fil vers les centres d’appels du Crous des autres régions", explique-t-il.

"Ils sont embauchés par le CROUS, mais ils sont bel et bien étudiants", précise Félix Stive. "Le Crous nous a assuré qu’il n’aurait pas de suppression de poste, mais la semaine dernière, nous avons eu la surprise de découvrir que s'il n'y avait pas de suppression de poste, en revanche le contrat qu'on leur proposait était passé de 15 heures par semaine à 2 heures par semaine. C’est-à-dire que leur salaire va passer de 600 à 80 € par mois", souligne le syndicaliste.

Les agents craignent à terme pour leurs emplois. "Depuis le 27 février 2024, le Crous a fait le choix de s’attaquer à nos emplois", écrivent les étudiants regroupés au sein du collectif. "Le Crous a décidé dans un premier temps de délocaliser une partie substantielle de notre activité vers des Crous de province à compter du mois d’avril, puis de procéder à compter du 1er juin 2024, à la suppression pure et simple de nos postes". 

Soraya, Omar, Noémie sont agents contractuels depuis plusieurs années au sein du service et s'inquiètent pour leur avenir. Ils dénoncent les contraintes matérielles et les mauvaises conditions de travail. "Nous sommes téléconseillers formés pour avoir une expertise sur les questions liées aux bourses sur critères sociaux. Or, le numéro de téléphone mis à disposition des usagers est unique et fonctionne comme un standard téléphonique conçu pour recevoir même des appels relatifs à des questions qui ne relèvent pas de notre champ de compétence : Cvec, service social, Erasmus, mobilité internationale, aide au permis", déplorent-ils.

@agentsdetresse On travail au Crous d’Ile-de-France bien sur que …#pourtoi #foryoupage #foryou #crous #cnous #biensurque #scandal#jo2024 ♬ Roxanne - Instrumental - Califa Azul

De mauvaises conditions de travail ? 

Selon le syndicaliste, le Crous justifie la fermeture de ce centre d’appels parisien situé temporairement dans les locaux d'une résidence étudiante de la Cité universitaire du 14e arrondissement du fait d’un nombre insuffisant de décrochages d’appels, c’est-à-dire d’appels qui restent sans réponse.

Le collectif des étudiants téléconseillers des Crous d'Île-de-France répond que le pourcentage élevé d'appels sans réponses est en partie lié à des locaux inadaptés, à du matériel en panne ou en mauvais état. "Au quotidien ce sont des téléphones qui n’ont pas de combinés, des ordinateurs qui sautent lorsqu’on branche le chauffage", précise Soraya. En forme de clin d'œil, cette défaillance des outils techniques est mise en scène sur TikTok, parodiant la vidéo sur la vétusté du lycée Blaise Cendras de Sevran qui avait fait le buzz en mars dernier.

"Depuis plusieurs semaines nous envoyons des mails au directeur du Crous, mais malheureusement nous n'avons aucune réponse". Le collectif estime que le Crous a rompu les canaux de discussion et se dirige inexorablement vers la décision de supprimer leurs emplois. "Les conséquences sont énormes" explique Noémie, "Si mon salaire passe de 600 euros à 80 euros, je ne vais simplement plus pouvoir payer mon loyer", déplore l'étudiante.

"Nous leur avons envoyé un courrier en leur indiquant qu'ils étaient prioritaires sur tous les recrutements que nous allions faire",

 explique Thierry Bégué

Thierry Bégué, directeur général du Crous de Paris comprend que la situation soit compliquée pour les étudiants mais assure leur avoir proposé des solutions de repli et s'engage à continuer à le faire. Cet après-midi, "une réunion est prévue au Crous afin de discuter avec les étudiants et trouver une solution pour sortir de ce conflit", espère-t-il. "On a des services de bourse, de logement, la restauration…, énumère-t-il. Ils sont prioritaires sur tous les recrutements qu’on a chez nous", affirme le directeur du Crous de Paris.

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