Malgré l'annulation de sa tournée d'été, le dernier cirque tzigane au monde tient bon

Pas de tournée cet été pour la famille Romanès. La moitié des villes contactées ont refusé d’accueillir le dernier cirque tzigane au monde, qui dénonce un climat raciste. Mais pas de quoi décourager la troupe, phare de la culture tzigane.

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Le chapiteau rouge du cirque Romanès n’a pas plié les voiles cet été. Il est demeuré triste, au coeur du square Parodi dans le XVIème arrondissement de Paris. C’était pourtant devenue une habitude : la famille Romanès, fondatrice du dernier cirque tzigane au monde, emmenait toute sa troupe parcourir les villes de France à la fin du printemps.

Pour Alexandre Romanès, patriarche, l’annulation de la tournée a un goût amer. «Une ville sur deux a refusé de nous accueillir cet été. De grandes villes nous ont dit que nous ne correspondions pas à leurs attentes, alors qu’elles accueillent pourtant des cirques avec des chapiteaux grands comme des hangars à avion et des animaux, tonne l’artiste. Or nous n’avons même pas d’animaux - hormis nos chats qui n'en font qu'à leur tête – et notre chapiteau ne contient que 300 places, contre 4000 pour certains autres cirques.»

Le cirque Romanès, dernier cirque tzigane, a été obligé d'annuler sa tournée d'été cette année. ©France 3 Paris - IDF
Au fond d’une caravane transformée en cuisine, Délia «La Terrible», chanteuse et femme d’Alexandre, surgit, animée : «Il faut appeler un chat un chat. C’est du racisme !» Alexandre renchérit sombrement : «Le problème, c’est le mot tzigane».

"Une pharmacie n'a pas voulu servir ma femme"

Car la famille subit les discriminations au quotidien. «Il arrive que les taxis refusent de nous prendre. L’autre jour, une pharmacie n’a pas voulu servir ma femme. Nous sommes habitués», soupire le poète. Installé Porte Maillot avec l’autorisation de la municipalité, la troupe a déjà essuyé de nombreuses dégradations. Les conflits avec le voisinage se sont multipliés. «Aujourd’hui la situation s’est apaisée, nous avons pu discuter avec les habitants», assure Alexandre Romanès.

Après une mauvaise saison marquée par une fréquentation en baisse et l’annulation de la tournée, les difficultés s'accumulent pour la famille Romanès. Mais c’est sans compter sur la renommée internationale de l’institution et le redoutable sens de la communication du couple Romanès.

Cirque Romanes from Rom on Vimeo.

"Toutes les villes ont fini par dire oui, qu'elles le veuillent ou non au départ"

Outrée par la réaction de certaines villes contactées, la famille a fait appel aux médias qui ont rendu public les refus des municipalités. «Aujourd’hui, nous n’avons plus de problèmes, sourit Alexandre Romanès. Toutes les villes ont fini par nous dire oui, qu’elles le veuillent ou non au départ.» A la fin du printemps et du ramdam médiatique, les municipalités peu engageantes ont en effet fini par donner explicitement leur feu vert à l'installation de la troupe. Trop tard cependant pour la tournée de cet été. 

D’un sourire de défi, Délia désigne l’arrière d’une caravane. Au bout de son index, un panneau rouge aux airs de trophée de chasse. «Passage interdit aux tziganes», indique-t-il. Il en faut plus pour décourager la famille Romanès. A partir d’octobre, elle jouera à Paris son nouveau spectacle, «Les nomades arrivent». Chants et danses tziganes, numéros d’acrobaties… tout est prévu pour faire vivre cette culture particulière, «minoritaire», précise l’artiste. Quant à la tournée, elle devrait reprendre l'année prochaine. D’un geste fier, Délia pointe son chapiteau. «Nous n’avons pas de pays, pas d’écoles, pas de médecins… La culture tzigane est tout ce qui nous reste. Notre cirque, c’est un îlot de résistance à la mondialisation et à la société de consommation.» 
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