La manifestation organisée ce samedi après-midi en soutien aux Palestiniens a rassemblé plusieurs milliers de personnes à Paris, malgré l'interdiction de la préfecture de police. Laurent Nuñez a revendiqué des "centaines de verbalisations".
Alors que la justice avait validé l’interdiction préfectorale, des milliers de personnes ont participé ce samedi après-midi à Paris à un rassemblement "de soutien au peuple palestinien", indique l’AFP. Les manifestants ont notamment entonné "Gaza, Gaza, Paris est avec toi", "c'est l'humanité qu'on assassine, enfants de Gaza, enfants de Palestine", et certains "Israël assassin, Macron complice".
Encadrée par un fort dispositif policier sur la place du Châtelet, la foule, "nassée" tout l'après-midi, a été empêchée de se mettre en mouvement. Si le rassemblement s'est globalement déroulé dans le calme selon l'AFP, des tensions ont eu lieu au cours de l'après-midi. Les policiers n'ont laissé partir les personnes qu'au compte goutte, infligeant de nombreuses amendes de 135 euros pour participation à une manifestation interdite.
Le quartier de #Chatelet sous les gaz lacrymogène.
— Clément Lanot (@ClementLanot) October 28, 2023
Touristes et supporters de rugby ne comprennent pas ce qu’il se passe.
Les manifestants pour la #Palestine tentent de se regrouper pour défiler. #Gaza #Israel #Paris pic.twitter.com/wUJqL0nodx
Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, a revendiqué sur BFMTV des "centaines de verbalisations". A 20h30, "21 interpellations et 1 359 verbalisations ont été réalisées", selon la préfecture de police. Laurent Nuñez a affirmé que les forces de l'ordre avaient "encerclé" les manifestants pour les empêcher de "partir en déambulation". Il a chiffré entre "3 000 et 4 000" le nombre de participants. Selon le préfet de police, les forces de l'ordre ont constaté qu'avaient été prononcés des "slogans qui posent problème, qui s'apparentent à l'apologie du terrorisme", en ajoutant qu'il "saisirait la justice".
"On étouffe la démocratie"
Parmi les manifestants figuraient des élus ceints de leur écharpe tricolore, comme le député écologiste du Val-d'Oise Aurélien Taché et le député LFI de Seine-Saint-Denis Jérôme Legavre. "L'urgence, c'est le cessez-le-feu, arrêter de tuer des femmes, des enfants, des hommes", a déclaré sur place la maire adjointe de Corbeil-Essonne, Elsa Touré, tout en soulignant que "l'Etat israélien marche sur le droit international depuis des années".
L’humoriste Samia Orosemane exhibait une pancarte "où est passé notre humanité ?". "Ce n'est pas normal qu'un cessez-le-feu n'ait pas été demandé, qu'il y ait des milliers de civils qui meurent et que personne ne disent rien" et que "dans le pays des droits de l'Homme, on nous empêche de manifester", a-t-elle indiqué à l'AFP.
En fin de journée, Sabrina Sebaihi, députée écologiste des Hauts-de-Seine, a critiqué auprès de l'AFP la tactique policière de la "nasse", "en statique, sous la pluie". "Avec l'intensification des bombardements à Gaza, beaucoup de personnes se sont dit 'c'est pas possible que la France interdise une manifestation dans un contexte comme celui-ci'" mais "c'est le cas, on étouffe la démocratie et en plus là on ne comprend pas très bien sur quels critères on verbalise" de façon "aléatoire", "un peu à la tête du client", a ajouté l'élue.
"On est en France, on devrait avoir le droit de s'exprimer"
A la mi-journée, le tribunal administratif avait confirmé l'interdiction préfectorale en invoquant notamment "la gravité de risques de troubles à l'ordre public" et "un contexte de tensions exacerbées lié aux événements dans la bande de Gaza avec une montée, en France, des actes antisémites".
🔴 La manifestation de ce jour au départ de #Châtelet a été interdite par arrêté préfectoral, confirmé par la justice.
— Préfecture de Police (@prefpolice) October 28, 2023
Elle ne peut donc pas avoir lieu. Vous risquez d'être interpellé et/ou verbalisé. pic.twitter.com/Ywchz6vUds
"Aux Etats-Unis il y a des milliers de manifestants qui demandent un cessez-le-feu, dans d'autres pays également, et en France, c'est interdit alors que ce qui s'est passé hier, c'est un crime de guerre voire contre l'humanité, la justice internationale jugera", a protesté anonymement auprès de l'AFP un militant LFI, Raymond, après une nuit de bombardements sans précédent effectuée par l'armée israélienne sur la bande de Gaza.
"On est en France, on devrait avoir le droit de s'exprimer, ce qui nous touche le plus, c'est que des enfants meurent", a également réagi une manifestante de 23 ans, Sarah. Le rassemblement a été organisé par le collectif Urgence Palestine.