Les uns cuisinent et les autres livrent à vélo. Les bénévoles du mouvement #PourEux distribuent à manger et à boire aux sans-abri. Depuis le début du confinement, plus de 9 000 repas ont été distribués dans les rues de Paris.
L'idée est simple : à chaque repas, cuisiner quelques portions supplémentaires et prévenir un livreur à vélo qui viendra les prendre et les donner à une personne à la rue.
L’initiative est née au tout début du confinement à Lyon. Et depuis elle a essaimé dans plusieurs grandes villes. Bordeaux, Toulouse et Paris. C'est le bouche à oreille 2.0 qui a alerté Eléonore Vigny. "Faisant partie d'un groupe consacré au vélo, j'ai vu cette idée circuler sur les réseaux sociaux et cela m'a paru complètement naturel", nous explique cette juriste déjà sensiblisée à la solidarité, puisque travaillant dans une association pour l'accès au droit.Cuisiner un peu plus que pour soi
"A Paris, beaucoup de lieux de distribution de nourriture, comme les centres d'accueil de jour ont fermé. Des personnes à la rue ne peuvent plus se nourrir ou boire. Et malgré le travail des associations caritatives, il y a encore beaucoup de SDF dans les rues qui ne veulent pas aller dans des centres de distribution. Fragilisés par la rue, ils craignent de se faire contaminer par le coronavirus. C'était une nécessité", poursuit-elle.
Distribuer à vélo des repas fait maison par des citoyens pour les personnes vivant à la rue, c'est notre action solidaire pendant le confinement !
— #PourEux (@PourEux_LeMouv) April 7, 2020
Petit thread pour comprendre notre mouvement ⬇️
Un mouvement citoyen composé de bénévoles
Ce mouvement citoyen n'est composé que de bénévoles qui participent en fonction de leurs disponibilités et au grè des repas qu'ils font. Alors que les uns cuisinent, d'autres sillonnent les rues de la capitale.Raphaël, lui est passionné de cuisine. Sans boulot en ce moment, confinement oblige, il a décidé de cuisiner pour les autres. Et pas question de ne faire que des pâtes avec un peu de gruyère. "Je fais des choses bonnes, que je mange moi. Je fais attention à faire des repas équilibrés qui tiennent au corps car dans la rue... Mon premier plat, c'était une salade de pommes de terre avec des maquereaux sauce moutarde." "En ce temps de confinement, c'est gratifiant, on se dit que l'on aide. Mon activité s'étant arrêtée brutalement, je me sentais inutile. C'est une vraie solution à la crise pour les plus démunis qui ont des difficultés d'accès aux associations et qui ne peuvent plus faire la manche".Ça fait plaisir qu'il y ait de la solidarité entre les citoyens
Comme Lootie, livreuse à vélo, ils sont 124 à enfourcher leur petite reine et parcourir les rues de la capitale. A 42 ans, cette super sportive a dû interrompre brutalement son tour du monde en courant. Par un ami, elle a entendu parler du mouvement. Une pierre deux coups pour Lootie qui peut continuer à s'entraîner et se rendre utile ! " Tous les jours, sur l'heure du déjeuner, je fais entre 30 et 40 km de vélo pour distribuer les paniers du midi et le soir, je cours un demi-marathon, 21 km, en distribuant les repas!"Je me suis retrouvée en confinement sans aucune utilité, à assister à une catastrophe. Il me fallait trouver du sens.
Lootie a créé des liens avec des cuisiniers et des personnes à la rue. "On est les premiers à nouer un lien avec eux, on a pas peur de s'approcher, nous avons des gants et un masque. Il y a certaines personnes que j'aime bien revoir. Aux Gobelins il y a toujours les mêmes. J'aime passer près du Pont-Neuf, il y a une petite dame, toute seule toute la journée assise sur son banc et quand je passe ça lui fait 10 minutes de conversation".
Au début de cette initiative solidaire, les livreurs de #PourEux sillonnaient surtout l'est parisien. Aujourd'hui presque tous les arrondissements sont couverts. Au total depuis le confinement, 9 268 repas ont été distribués à Paris.