"Nous sommes dans une société du jetable" : des ateliers pour lutter contre l'obsolescence programmée et le gaspillage

Réparer plutôt que jeter : telle est la devise des ateliers d'autoréparation proposés à Envie Le Labo, dans le 20e arrondissement parisien. Entre théorie et pratique, les participants apprennent à réparer leurs appareils électroniques du quotidien.

Une bouilloire défectueuse, des tournevis, quelques piles, un multimètre et voilà les douze participants fin prêts à s'initier à l'autoréparation. Encadrés par Stéphane, responsable d'atelier au labo Envie situé dans le 20e arrondissement, ces Parisiens viennent apprendre pendant deux heures les rudiments de l'électronique.

Première étape, un tour de table pour connaître le niveau de bricolage de chacun. Il y a les novices, comme Claire : "Je n'en ai jamais fait, quand j'ai un problème j'appelle Darty". Et d'autres déjà plus aguerris, comme Valérie : "J'adore démonter, je démonte tout !". Malgré ces différences, le groupe est animé par la même envie, celle de savoir se débrouiller seul lorsqu'une petite panne intervient sur un appareil électroménager.

Savoir identifier les éléments défectueux

Avant de se lancer, Stéphane commence par un peu de théorie. Généralités, conseils ou encore les outils de base à avoir chez soi, tout ou presque y passe. L'occasion d'aborder des notions élémentaires comme la sécurité, l'entretien général et les pannes fréquentes sur les appareils. "Lorsque des gens viennent nous voir pour une panne d'aspirateur, dans la moitié des cas il s'agit d'une rupture au niveau du câble en cuivre. C'est dû au fait que les utilisateurs tirent sur le fil pour le débrancher, ce qui provoque à terme sa panne", explique-t-il.

Sur une bouilloire, certaines pannes aussi sont récurrentes. L'interrupteur, la résistance ou le câble d'alimentation sont souvent en cause. Par groupe de deux, ces apprentis bricoleurs ont pour mission d'identifier la panne sur leur bouilloire. Munis de leur multimètre, ils mesurent ainsi la tension sur les piles et la résistance de la bouilloire. Des données qu'ils sont en mesure d'interpréter grâce aux formules mathématiques fraîchement enseignées par Stéphane. "C'est vous que j'aurais dû avoir au lycée !", s'amuse Patricia.  

"Je crois que j'ai trouvé, je pense que c'est le thermostat", lance Marion après quelques minutes de recherche. Pour elle, participer à cet atelier est un bon moyen "de mieux comprendre comment fonctionnent nos appareils".

Contre le gaspillage et l'obsolescence programmée

Pour Lovina, qui participe pour la deuxième fois à un atelier au labo Envie, apprendre à réparer ses appareils seule s'inscrit dans une démarche vertueuse. "On apprend les basiques ici, mais ce sont des choses essentielles à savoir. Il arrive que mes appareils tombent en panne, et c'est pour éviter de les remplacer et de les racheter que je veux apprendre à réparer", confie-t-elle.

C'est pour lutter contre l'obsolescence programmée et dans une démarche écologique que Patricia a également décidé de s'inscrire à cet atelier : "Avant on bricolait, on réparait. Désormais, nous sommes dans une société du jetable. Il faut prendre conscience que notre consommation est effrénée, même si c'est un peu mieux qu'il y a quelques décennies".

Pour Léo, qui ouvre débat avec Patricia, inciter les gens à l'autoréparation n'est pas chose facile : "Aujourd'hui, c'est souvent plus simple de racheter que de faire remplacer une petite pièce de sa machine à café par exemple. L'autoréparation est semblable au fait de manger sainement, il faut avoir du temps et de l'argent".

Donner une seconde vie aux objets du quotidien

Et c'est justement pour rendre accessible à tous l'autoréparation que le Labo Envie propose une fois par mois ces ateliers gratuits. "Nous recevons principalement des publics éloignés de ces enjeux écologiques, via nos partenariats avec des structures locales, des centres sociaux et des maisons de quartier", explique Julie Bouisset, en charge de la programmation et de l'animation au labo Envie. "Nous proposons d'autres ateliers pour apprendre à faire sa propre lessive ou pour fabriquer des marionnettes à partir de déchets, nous constatons que les gens ont envie d'agir à leur échelle pour l'environnement et de passer à l'action", poursuit-elle.

Ouvert en 2021, cet éco-lieu a pensé sa programmation autour de la transition écologique et de la lutte contre le gaspillage. Situé au 10, rue Julien Lacroix, ce bâtiment de plus de 500m² est devenu la vitrine nationale des 52 entreprises du réseau Envie qui collectent, recyclent, nettoient, réparent et revendent des équipements électriques et électroniques. Situées partout en France, ces entreprises proposent de former des jeunes en réinsertion au métier de la réparation. Une profession en tension.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité