Occupation du théâtre de l’Odéon : "Dans le monde de la culture, plein de gens vont rester sur le carreau"

Plusieurs dizaines d’intermittents du spectacle et de travailleurs du secteur de l'événementiel et de la culture ont lancé une action d’occupation du théâtre de l’Odéon, dès jeudi soir. Parmi leurs revendications : la prolongation de l’année blanche.

Ils ont passé la nuit sur place. Alors que le monde de la culture manifestait jeudi à Paris de la place de la République jusqu’à Madeleine, pour demander de nouvelles mesures pour soutenir les professionnels du secteur, un autre cortège s’est formé et est venu investir le théâtre de l’Odéon.

"Culture sacrifiée", "gouvernement disqualifié"… Sur la façade du théâtre, plusieurs banderoles ont été installées, en parallèle de l'occupation.

Ce midi, ils étaient environ 70 répartis dans l’édifice. "Ça se passe plutôt bien à l’intérieur, explique Karine Huet, secrétaire générale adjointe du SNAM-CGT (Syndicat national des artistes musiciens), contactée en fin de matinée par France 3 Paris IDF. Le lien avec l’extérieur est plus compliqué, il faut tout négocier, y compris le ravitaillement pour manger. Si on sort, on ne peut plus rentrer : tout le monde est fouillé, avec des contrôles d’identité. On était 80 jeudi soir."

Après un an d’arrêt d’activité, l’action marque la colère du secteur selon Karine Huet : "Ça fait un moment qu’on se mobilise, depuis le premier confinement. Les gens qui se mobilisent ont vu leurs revenus divisés par deux, et je ne parle même pas des primo-entrants. On demande une prolongation de l’année blanche après août 2021 [un dispositif qui a permis de reconduire les indemnisations indépendamment des heures travaillées, sans réexamen de la situation pendant la pandémie]. On ne sait toujours pas où l’on va. De nombreux festivals ont été annulés, et ceux qui se maintiennent le font avec des formules restreintes, avec des programmations réduites. Aujourd’hui, trouver du travail, ce n’est pas possible, plein de gens vont rester sur le carreau."

Et d’ajouter : "Il y a aussi un vrai problème avec le maintien des droits sociaux. Le fait de ne plus avoir travaillé depuis un an pose problème du côté des règles de la sécu, pour les femmes enceintes par exemple, ou les personnes qui ont des maladies. On aimerait aussi obtenir un vrai fonds pour les artistes. Nous ne voulons pas récupérer le ruissèlement du plan de sauvegarde pour les entreprises."

"Un cri de détresse face à un gouvernement qui ne communique plus grand-chose"

D’autres revendications sont avancées. Clément Le Roux, intermittent du spectacle, évoque ainsi "l’abrogation de la loi sur l’assurance-chômage" et "une intégration de toutes les personnes privées d’emploi dans la prolongation des droits au chômage".

Egalement contacté, Laurent Blois, délégué général du SPIAC-CGT (syndicat des professionnels de l’industrie de l’audiovisuel et du cinéma), demande par ailleurs "une réouverture des lieux culturels, des cinémas avec des dispositifs adaptés" : "Il ne s’agit pas de permettre tout et n’importe quoi. C’est un cri de détresse face à un gouvernement qui ne communique plus grand-chose au secteur de l’événementiel, qui est particulièrement sinistré. Il n’y a aucune visibilité quant à des dates éventuelles de réouverture."

"Le théâtre de l’Odéon, c’est un symbole pour les salariés de la culture, précise Laurent Blois. C’est un symbole de lutte et de visibilité dans le dossier de l’assurance-chômage."

Les personnes mobilisées demandent enfin un "Conseil national des professions du spectacle (CNPS)" avec le Premier ministre Jean Castex et la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. Alors qu’une assemblée générale était prévue ce vendredi à 14h sur la place de l’Odéon, l’action devrait se poursuivre toute la journée. Un appel à la mobilisation a été lancé dans d’autres lieux culturels.

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