Crêpes, café, confitures... Paris regorge de vendeurs nomades qui font le tour des quartiers pour vendre leurs produits. Des commerçants légaux qui souhaitent effectuer leur vente sans craindre les amendes et qui refusent d'être assimilés aux vendeurs à la sauvette.
Danilo Blanco vend depuis 5 ans des cafés et des petits-déjeuners en tant que vendeur ambulant à Paris. "Nous travaillons légalement et on souhaite que cela soit reconnu par les autorités", nous confie-t-il. Alors que depuis plusieurs mois, il rencontre des difficultés à faire son métier dans de bonnes conditions.
Le gérant de la société TripBikeCafé accuse le coup. Il dénonce le fait que son travail quotidien soit de plus en plus compliqué à Paris. "On a des ennuis avec la police. Nous n'avons pas de lieu fixe, alors nous sommes dépendants de leur volonté à nous laisser accomplir notre travail partout."
Et pourtant son commerce est légal. Il possède une carte spécifique pour les commerçants nomades. "Sachant que nous sommes nomades, on doit s'adapter constamment aux réglementations en vigueur dans le quartier dans lequel on se trouve", affirme-t-il. Il déplore que "les commerçants légaux soient considérés de la même façon que les vendeurs à la sauvette par la police. On fait l'objet d'une défiance policière de plus en plus importante". Un constat que dresse également Karine Guilley, vendeuse ambulante de café. "Nous sommes verbalisés de plus en plus souvent alors qu'on est dans notre bon droit ", note-t-elle.
Un commerce au bord du dépôt de bilan
Aujourd'hui, le gérant de TripBikeCafé affirme que sa société est "au bord du dépôt de bilan. " Le concept de son commerce : proposer des petits déjeuners avec des machines à café authentiques qui se trouvent derrière un vélo.
"On a lancé ça en 2019 et cela a bien marché pendant la période du COVID où l'on distribuait notamment des petits déjeuners pour les soignants."
"Nous employons de nombreux jeunes qui comptent sur nous pour payer leurs études, donc un dépôt de bilan aurait de grosses conséquences". Le gérant craint que la "réglementation actuelle ne force des entreprises légales à mettre la clé sous la porte alors qu'elles apportent une contribution significative à l'économie et à la société".
Il met notamment en cause la mairie de Paris, et la préfecture de police de Paris. Il estime que des "décisions récentes" de ces autorités visent à "interdire toutes les activités de commerce nomade qu'elles soient légales ou illégales."
De son côté, Karine Guilley demande à la mairie de Paris et à la préfecture de police "une réglementation claire, quitte à ce que l'on paye pour que l'on puisse faire notre travail correctement sans être harcelé".
Que disent les autorités sur les commerces ambulants à Paris ?
Sollicitée, la préfecture de police assure que la réglementation des commerces ambulants "ne relève pas" de son champ d'action.
À Paris et en Île-de-France, les commerces dits "non-sédentaires" sont réglementés par la Chambre de Commerce et d'Industrie Paris-Île-de-France (CCI). Sur son site internet, celle-ci indique que les vendeurs ambulants doivent être obligatoirement munis d'une "carte volant pour les emplacements mobiles" afin d'exercer légalement leur activité dans la capitale. "Bien souvent, le commerçant occupe un emplacement appartenant à la commune. Il doit donc solliciter préalablement une autorisation auprès de la préfecture ou de la mairie", précise la CCI.
À ce sujet, la mairie de Paris affirme à France 3 Paris Île-de-France qu'il n'y a eu "aucune évolution récente en matière de réglementation des activités de commerce ambulant dans la capitale." L’exécutif parisien indique que les emplacements pouvant accueillir une activité commerciale sur la voie publique sont fixés par la Ville de Paris. La municipalité rappelle également que pour obtenir une autorisation d’occupation temporaire du domaine public, "le délai de réponse des services compétents de la Ville est de 2 mois maximum".