L'humoriste Léa Lando organise chaque semaine depuis deux ans des soirées de stand-up sur la péniche Concorde Atlantique. Ce mercredi, pour la première fois, France 3 Paris Ile-de-France diffusera une de ces "Seine ouverte" où amateurs et artistes confirmés raconte avec humour et causticité les péripéties de leur vie. L'occasion de se pencher avec elle sur cette forme d'expression qui fait un carton à Paris.
Léa Lando, on vous connait comme chroniqueuse dans l'émission Boulevard de la Seine, vous jouez aussi depuis 11 ans sur les différents plateaux de stand-up à Paris, dites-nous en quoi la Seine Ouverte se distingue des autres?
La soirée de la Seine Ouverte regroupe les meilleurs artistes de stand-up qui viennent sur le plateau raconter leur vie pour faire pleurer de rire le public. C'est frais, moderne et ce sont vraiment les meilleurs artistes du moment, ce n'est pas abuser de le dire! Je parcours toutes les scènes de stand-up depuis plusieurs années car je joue moi aussi, et ceux que je fais venir sur mon plateau sont à mon sens les meilleurs du moment. Ils ont tous quelque chose de singulier, ils ne s'inspirent de personne, ils ont leur style à eux, leur humour et un talent différent.
Question bête... Comment devient-on stand-upper ?
Ce n'est pas une question bête parce qu'il n'y a pas de règle. Certains rêvent de faire ça depuis des années, certains ont un vrai métier et le font en paralèle comme Bastien Morisson qui est prof d'économie. Et puis le stand-up s'est tellement devéloppé que beaucoup de gens se sont dits "Moi aussi je peux raconter ma vie, j'ai des trucs à dire !" Ils se sont mis à tenter et les plateaux servent à se tester. C'est d'ailleurs une des particularités de la Seine Ouverte : je fais venir en bonus quelqu'un que je ne connais pas. Je lui tends la main, pour qu'il puisse se tester pendant 5 minutes sur scène. C'est à quite ou double: ça peut être excellent ou un grand moment de solitude... mais au moins je leur laisse leur chance. Et certains s'aperçoivent qu'ils sont faits pour cela, ils continuent et au final jouent sur sur 1, 2 puis 10 plateaux par semaine et lâchent leur boulot pour ne faire que ça.
" Avant, ils seraient allés voir un psy alors que maintenant ils s'extériorisent sur scène "
Léa Lando
Il y a quelques années, quand le stand-up n'était pas à la mode, est-ce que ces artistes auraient plutôt écrit des livres pour raconter leur vie?
Je dirais plus qu'à l'époque ils seraient allés voir un psy et que maintenant ils s'extériorisent sur scène! Ils ont trouvé plusieurs oreilles d'écoute et plutôt que de payer une séance très chère c'est eux qui se font payer. C'est plus malin, la scène est une vraie thérapie! Cela permet de partager car finalement on a tous les mêmes névroses, les mêmes problèmes. Ce qui nous distingue c'est la façon de les raconter. Ecrire un livre est beaucoup plus fastidieux, c'est souvent un travail sur plusieurs années alors que le stand-up est un travail de quotidien. On écrit un sketch et on peut le jouer le soir-même. Si ça ne plaît pas on le change le lendemain. Il n'y a que sur scène qu'on peut faire ça.
Pourquoi Paris est-elle devenue une capitale du stand-up?
On parle souvent du rêve américain mais Paris c'est aussi là qu'on se dit que notre vie peut changer. Plein de gens viennent de Toulouse, Montpellier, Marseille etc etc... Ils montent car ils savent que c'est ici que ça se passe et il y avait tellement de monde que les plateaux se sont multipliés. Et en réalité, avec un espace surélevé, un micro et du public on peut faire une scène. Le moindre restaurant peut se transformer en scène. Il y en a désormais tellement que les artistes viennent parce qu'ils peuvent jouer tous les soirs voire plusieurs fois dans la même soirée! On peut jouer du lundi au dimanche. Paris est devenu le rêve américain !
Votre meilleure punchline?
Il y en a une que j'aime bien: " Je suis contente d'être là, on m'a dit de venir parce que y avait que des gens beaux dans le quartier. Je vous le dis, parce qu'apparament vous n'êtes pas du coin." J'aime bien, ça donne le ton et ça met les gens bien à l'aise. L'idée est de taquiner et de faire comprendre qu'il y aura aussi de l'autodérision. Je dis toujours aux gens qu'un spectacle de stand-up est comme un date: c'est une rencontre entre nous et le public, que les artistes vont se livrer et qu'on a besoin de les sentir aussi. Et si ça matche pas, c'est que le problème vient de vous, car nous on va tout donner.
La Seine Ouverte à voir mercredi à minuit 30 et ensuite à retrouver sur france.tv/idf