Pour leur deuxième mobilisation au mois d'août, les livreurs appellent les consommateurs à boycotter l'application ce jeudi. Ils protestent contre la mise en place d'une nouvelle tarification supprimant un tarif minimal.
"Contre les livraisons à 2 balles" pouvait-on lire sur une pancarte lors d'une manifestation de livreurs Deliveroo mercredi 7 août. L'application qui met en relation restaurants et clients a changé sa politique tarifaire depuis le début du mois. Elle a supprimé le tarif minimal auparavant fixé à 4,70 euros dans la capitale pour privilégier les courses les plus longues (dont le tarif a été augmenté).
"Avant je faisais environ 100 euros par jour pour 8 heures de travail, maintenant c'est 80", explique Aboubakar (les prénoms ont été modifiés, NDLR) venu avec son vélo place de la République. Un peu plus loin, Nahim explique perdre "environ 85 euros par semaine" avec la baisse des tarifs.Non à l’esclavage #Deliveroo
— Xavier Gorce (@XavierGorce) August 7, 2019
Je supprime l’application, je vous invite à faire de même#deliverOUST pic.twitter.com/4hT3aQDanA
Selon la plateforme, la nouvelle grille offre "une meilleure tarification, plus juste" et "plus de 54% des commandes sont payées davantage". Mais pour M. Zamor, les courses longues ne sont pas rentables car "elles peuvent faire plus d'une heure, soit l'équivalent de trois ou quatre courses courtes".
Le temps d'attente non pris en compte
Pour beaucoup, le problème vient aussi des temps d'attente dans les restaurants. "Parfois on attend 30 minutes et ce n'est pas pris en compte", assure Chris, qui travaille pour Deliveroo depuis plusieurs années et parvenait jusqu'à présent à gagner un peu plus d'un smic en travaillant 45 heures par semaine.Dans un communiqué, Deliveroo affirme qu'elle "consacre encore plus d'argent aux frais des livreurs, les payant davantage pour des livraisons plus longues en réponse à la demande des livreurs". Elle ajoute que "ceux qui appellent au boycott ne sont pas des livreurs Deliveroo et ne les représentent pas", les accusant d'essayer "maintenant d'empêcher les livreurs de gagner leur vie".
"Deliveroo était la plateforme qui payait à peu près le mieux mais elle s'aligne maintenant sur ses concurrents", a accusé Jean-Daniel Zamor, président du Collectif des livreurs autonomes parisiens (CLAP 75). "Cela précarise tout le secteur".Deuxième grève en quelques jours : il serait peut-être temps de réagir @Deliveroo_FR @gouvernementFR ! pic.twitter.com/7rS1MnMpKD
— sudcommerce (@sudcommerces) August 7, 2019
Les livreurs ont aussi l'intention de mener une action nationale le week-end prochain. A Paris, ils seront en grève samedi.