Paris – De nombreux manifestants réunis place de la République contre un 5e mandat de Bouteflika en Algérie

6 000 manifestants se sont rassemblés dimanche 3 mars à la mi-journée à Paris pour exprimer leur farouche opposition à un 5e mandat du président algérien Abdelaziz Bouteflika, qui serait le symbole pour eux d'un "système illégitime et corrompu".

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En début d'après-midi, la foule de tout âge continuait lentement de grossir place de la République, dans le centre de la capitale française, où les chants alternaient avec les slogans ("Dégage, dégage", "Pouvoir assassin", "pas de pardon, pas de pardon"...) et les youyous occasionnels.

Alors que le dossier de candidature à la présidentielle du 18 avril de l'actuel chef de l'État doit être déposé dans les heures qui viennent, les orateurs criaient "leur révolte", appelaient à "l'État de droit et à la démocratie". "L'Algérie a rendez-vous avec l'Histoire", a affirmé l'un d'eux. 
Intervenants : Imène Belabeb, algérienne de Paris; Safa Douda, franco-algérienne; Samir Yahiaoui, co-fondateur d'Ibtykar "Innovation"; Karim Hadj Chaib, algérien de Paris; Salah Hadjab, Alcae (Algériens à l'étranger) ©France 3 Paris - Île-de-France

 

"Mandat de la honte"

"Non au mandat de la honte, 20 ans ça suffit", proclamait une pancarte.

Depuis 1962, date de son indépendance, "l'Algérie est gouvernée par les mêmes hommes, le même système. (...) L'Algérie est à plat, alors que c'est un pays potentiellement très riche. Que laisse-t-on aux générations futures ?", s'insurge un manifestant, Abderrahmane Hamirouche, un informaticien de 62 ans. Nadia Tamzali, une médecin franco-algérienne de 62 ans, dénonce "la confiscation de la parole" et "la prise de pouvoir par les militaires". "Ils ont tué la culture - pratiquement tous les cinémas ont disparu. Et la santé !...", déplore-t-elle.

À ses côtés, une amie renchérit, amèrement : "on n'a pas d'hôpital mais on a une grande mosquée !"

Vers un printemps algérien ?

Pour Sabria Dehilis, secrétaire nationale chargée des médias à l'étranger du parti Les Avant-gardes des Libertés, le mouvement actuel de contestation sans précédent en Algérie et dans la diaspora préfigure un changement : "ça va être un printemps". "Un printemps pacifique", souligne la journaliste, drapeau algérien sur le dos comme de nombreux manifestants.Car pour Mme Dehilis, il est impensable d'en "arriver à représenter un président 'mort' pour un peuple de 40 millions de personnes, qui a des richesses incroyables et vit dans une pauvreté incroyable".

Son parti est l'un des multiples mouvements politiques ou associatifs qui se sont joints à la manifestation, "partie, explique-t-elle, de jeunes ayant lancé un appel sur les réseaux sociaux".
 
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