Plus de voitures à essence ni de véhicules diesel à l'horizon 2030 à Paris: c'est l'objectif global fixé jeudi par la Ville, qui n'entend pas pour autant passer par des mesures d'interdiction pure et simple.
Piétonnisation des voies sur berge de la Seine, journée sans voiture, aménagement de zones à la vitesse limitée à 30 km/heure, mise en place de vignettes obligatoire pour tous les véhicules afin de les identifier selon leurs émissions polluantes (oxydes d'azote, particules), création de nouvelles voies cyclables... La maire socialiste de Paris a déjà multiplié les mesures visant à réduire la place de la voiture en ville et la pollution de l'air, dont certaines sont contestées, notamment par la droite et les automobilistes.
Objectif de fin des véhicules thermiques
Malgré les "menaces" des "lobbies" automobiles à l'encontre de la maire Anne Hidalgo, elle affirme qu'elle ne se laissera "pas intimider". Ce jeudi 12 octobre, la Ville a annoncé qu'elle va inscrire un objectif de fin du diesel sur son territoire en 2024 et de l'essence en 2030. Il ne s'agit pas d'une interdiction de ces véhicules thermiques, mais d'"une trajectoire qui semble à la fois crédible et soutenable", précise la Ville.La capitale devancerait ainsi l'objectif du gouvernement qui a annoncé en juillet la fin des ventes des véhicules essence et diesel pour 2040. "Si l'on veut qu'il soit atteint, cela implique que la sortie du diesel et de l'essence intervienne plusieurs années avant en zone urbaine, et en particulier dans les grandes villes", précise la mairie dans son communiqué. Cet objectif a été annoncé en réunion du comité de pilotage du plan climat de la ville, selon franceinfo qui a révélé l'information.
La priorité de la lutte contre la pollution de l'air
"L'objectif c'est de planifier à long terme la fin des énergies fossiles et des véhicules thermiques à horizon 2030", a expliqué Christophe Najdovski, adjoint EELV aux Transports de la maire PS de Paris Anne Hidalgo, qui a fait de la lutte contre la pollution de l'air une de ses priorités. "Cela répond à un impératif par rapport au climat et à la qualité de l'air", a-t-il précisé, "le secteur des transports est l'un des principaux secteurs d'émission de gaz à effet de serre".
Explications de Bertrand Lambert, journaliste et spécialiste des transports à France 3 Paris IDF
Si le calendrier n'est pas le même pour le diesel et l'essence, c'est que "2024, pour l'ensemble des véhicules thermiques, n'était pas tenable. 2030 est plus réaliste". La mairie de Paris assure qu'à cette échéance, la présence de voitures diesel ou essence sera "marginale."
"Ce n'est pas contre l'industrie automobile"
"On est sur une perspective d'une douzaine d'années. Une bonne partie du parc automobile sera renouvelé d'ici là. On annonce la couleur en amont pour que les comportements évoluent. On donne le temps d'anticiper sans être dans la contrainte", a ajouté M. Najdovski. "Ce n'est en aucun cas contre l'industrie automobile", a assuré l'élu, soulignant que de nombreux industriels automobiles investissent désormais dans les motorisations électriques ou à hydrogène, plus propres.Il rappelle que la ville "donne l'exemple, en offrant déjà des aides aux commerçants et artisans, ainsi qu'aux taxis, pour s'équiper en véhicules propres, et qu'elle a aussi investi dans l'achat de 12 autocars électriques pour les transports scolaires. "Personne n'ignore aujourd'hui que la pollution de l'air tue. Un jour, tous les politiques qui savaient mais n'ont pas voulu agir seront mis face à leurs responsabilités. Je préfère être du bon côté de l'Histoire", disait-elle récemment.