Anne Hidalgo, la maire de Paris a annoncé que la limitation de vitesse à 50 km/h sur le périphérique serait effective dès le 1er octobre. Le ministère des Transports rappelle que cette mesure doit se faire sous le contrôle de l'Etat. La région Île-de-France lui demande de renoncer à son projet.
"Pour les 50 km/h, ça relève de ma décision. Ce sera au 1er octobre. On y travaille depuis 18 ans, donc ce n'est pas un sujet nouveau", a déclaré Anne Hidalgo sur RTL.
La vitesse réglementée par le code de la route
Le ministère des Transports, démissionnaire, n'a pas souhaité commenter les déclarations de Mme Hidalgo. Il a toutefois rappelé lundi à l'AFP que si le périphérique était une voie de la Ville de Paris, l'Etat avait son mot à dire à plusieurs titres. Sa vitesse maximale est en effet régie par le code de la route et ne peut être modifiée que par décret pris par le gouvernement. Si la Mairie souhaite abaisser la vitesse pour des raisons de sécurité ou de protection de l'environnement, elle doit le faire sous contrôle de l'Etat, a tenu à redire le ministère des Transports.
Par ailleurs, un tronçon du boulevard périphérique, du fait de sa proximité avec les bâtiments du ministère des Armées, est une compétence exclusive de l'Etat, a relevé le ministère. En mai, le ministre démissionnaire des Transports Patrice Vergriete avait indiqué ne pas être "favorable au débat en l'état".
L'ancien ministre des Transports Clément Beaune avait auparavant marqué son opposition à cette mesure, défendue par la Ville au nom de la "santé publique". "Nous ne validerons pas (cette) décision", avait-il déclaré fin 2023. "Sur des décisions comme ça, il faut une validation de l’État", argumentait-il.
La ministre de la Transition énergétique de l'époque, Agnès Pannier-Runacher, avait dénoncé une mesure "antisociale" et susceptible de générer davantage de bouchons et donc d'émissions de CO2.
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De vifs échanges
Dans un post sur X lundi, le groupe des Républicains, Centristes et Indépendants au Conseil de Paris fustige "le passage du périphérique à 50km/h, décidé unilatéralement par Anne Hidalgo, (qui) ne respecte aucune des préconisations préalables du rapport de la mission d'information sur le périphérique de 2019 auquel elle se réfère! ";
🔴 Le passage du #périphérique à 50km/h, decidé unilatéralement par #AnneHidalgo, ne respecte aucune des préconisations préalables du rapport de la mission d’information sur le périphérique de 2019 auquel elle se refère!
— Changer Paris (@GpeChangerParis) September 9, 2024
❌️Où est l’étude qui devait être lancée dès 2020 pour… https://t.co/LZQE1FVvWP pic.twitter.com/XozsguawY8
"Si le gain environnemental d'un passage de 130 à 110 km/h est démontré, celui de 90 à 70 est déjà très discutable tant en matière de pollution au NO2 qu'en matière de bruit", avaient en revanche rétorqué cinq élus parisiens de droite dans une tribune."Aucune des études publiées n'a jamais démontré l'intérêt d'un passage de 70 à 50 km/h", ont-ils aussi fait valoir.
Réduire les nuisances sonores avec des enrobés
De son côté, le Conseil régional d’Ile-de-France appelle la mairie de Paris à renoncer à son projet d’abaissement de la vitesse maximale sur le Boulevard périphérique. La collectivité propose dans un communiqué de réduire les nuisances sonores dès 2025 "par la pose d’enrobés phoniques neufs qui permettront de diviser par cinq le bruit sur la chaussée". Valérie Pécresse, la présidente de région s'engage à participer à hauteur de la moitié du coût de cet investissement. Elle souhaite voir également récupérer la compétence de gestion du périphérique.
La préfecture de police, qui n'a pas réagi dans l'immédiat, devrait elle aussi avoir son mot à dire. En mai, un vif échange en Conseil de Paris a opposé David Belliard au préfet de police Laurent Nuñez. "Sauf votre respect, avec ou sans vous monsieur le Préfet, nous le ferons car nous en avons le pouvoir", avait lancé David Belliard à Laurent Nuñez. Le préfet rétorquant : "Ça ne se fera pas sans moi, parce que le périphérique fait partie des voies sur lesquelles je peux imposer un certain nombre de prescriptions."
"Une mesure de bien commun"
Le président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel (PS) a lui dit "soutenir cette démarche". "Nous n'avons pas d'autre solution que de réduire le trafic automobile dans les grandes métropoles (...), réduire la vitesse pour réduire la pollution"."C'est le sens de l'histoire, encore une fois. Qu'il faille que tout ça soit coordonné, concerté, programmé, bien évidemment", a commenté Stéphane Troussel, parlant d'une "perspective inéluctable".
L'adjoint écologiste à la voirie de la capitale David Belliard défend la mesure d'abaissement de la vitesse, en avançant "une mesure de bien commun qui a un intérêt collectif".
En 2014, la vitesse avait été réduite de 10 km/h, pour passer de 80 km/h à 70 km/h sur l'anneau de 35 km qui ceint la capitale. Depuis, les quelque 550.000 riverains de l'autoroute urbaine ont connu une "réduction des nuisances sonores, notamment la nuit : un peu plus d'un décibel en moins la nuit, et 0,5 décibel le jour", avait fait valoir en janvier David Belliard.