La philosophie du vélo en ville, selon Didier Tronchet, le drolatique dessinateur de BD

L'auteur de Jean-Claude Tergal n'a pas attendu le Covid pour enfourcher un vélo. Didier Tronchet est un cycliste de longue date, à Paris comme partout ailleurs. Nouvelle publication de son Petit traité de vélosophie, en version BD cette fois-ci, un bon résumé de sa pensée désopilante à deux roues.

"Tout corps monté sur un vélo voit sa conception du monde entièrement modifiée." Tel est le principe du Petit Traité de Vélosophie, énoncé par Didier Tronchet, militant de la cause cycliste en ces temps nouveaux de coronapiste. En version BD (la première édition de son essai est parue il y a 20 ans déjà, chez Plon), on déguste encore mieux son ode au plaisir de se déplacer à vélo en ville. Entre humour, auto-dérision et tendresse, le dessinateur nous invite à voir la vie et la ville autrement, là même où la voiture n'a plus sa place. Une lecture indispensable pour tous ceux qui hésitent encore à utiliser la petite reine au milieu de la circulation parisienne.

Après notre dernière rencontre à propos de son précédent album "Le chanteur perdu", nous l'avons de nouveau sollicité pour lui poser trois questions :

  • Le premier traité de Vélosophie a 20 ans déjà. Qu'est ce qui a changé depuis ? Comment l'avez vous actualisé dans cette version BD ?

Pour le cycliste, la ville était une jungle à l’époque, et maintenant, voici qu’on lui déroule le tapis rouge ! Mais d'autres pièges se présentent : notamment la tentation de l’arrogance. Il nous faut rester discret, courtois, plus encore sur la chaussée commune. En un mot, citoyen. Le cycliste n’a pas de leçon à donner, mais par son comportement joyeux et amical (qui est l’effet naturel du vélo sur l’être humain), il contribue à réinventer la ville, la transformer en un lieu de partage, alors qu’elle était confisquée par les voitures.

La version BD accentue le côté tendre et drôle du traité, en jouant avec les caricatures. La rivalité auto/vélo est un vrai ressort comique. S’y ajoutent aussi des éléments plus actuels comme le phénomène « trottinette ». Les gens sur les trottinettes, je les vois comme des zombies qui foncent droit vers un précipice, à l’image de notre civilisation...

  • Au-delà de la guerre entre l'homo-voiturus et le vélocipédiste, vous vous moquez autant des conducteurs que des cyclistes. Pourquoi ?

Il est essentiel de pratiquer l’autodérision. C’est un de mes moteurs. Rire de soi à vélo permet d’éviter de se prendre au sérieux. Le vélo qui nous place un peu au-dessus de la circulation automobile, nous permet de voir la ville d’un autre point de vue, de survoler dans la bonne humeur. Le cycliste dans sa bulle d’Hélium est hors de portée de la mesquinerie, de l’étroitesse d’esprit. Il avance sur des pédales de vent.

  • Il y a quelques années vous étiez parisien. Comment pédaliez-vous alors dans la capitale ? Quelle différence avec aujourd'hui, là où vous vivez désormais ?

Au début, il me fallait être un guerrier pour survivre. Rien n’était pensé pour le vélo, cet intrus. J’étais un animal aux aguets, une proie potentielle. Ce qui accroissait la présence à l’instant présent, et conférait une acuité salvatrice. Aujourd’hui, je sifflote. Et surtout j’observe le changement dans le regard noir des automobilistes. Leur mépris s’est transformé en jalousie. Preuve que nous avons gagné.

  • Question bonus : Le public vous apprécie aussi pour vos récits au long cours (Vertiges de Quito, Robinson père et fils …). Enfourchez-vous aussi un vélo en voyage ?

J’essaie toujours de rouler partout où je suis sur la Terre, c’est le meilleur moyen de la connaître et surtout d’entrer en contact avec les habitants. Car le vélo est pacifique et inspire la sympathie. A vélo, on avance plus lentement, mais on rencontre plus vite...

 

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