Collectifs militants, élus de gauche, syndicalistes, jeunes.. Des milliers de personnes ont manifesté dimanche en France où une cinquantaine de rassemblements étaient prévus pour dénoncer "l'offensive transphobe" en cours selon elles contre les droits des personnes trans.
À Paris, les manifestants s'étaient rassemblés place de la République en début d'après-midi. "Anti-patriarcat, anticapitaliste, solidarité avec les trans du monde entier !" ont entonné des participants tandis que des pancartes réclamaient "des moyens dans la santé pour les transitions".
Au milieu d'une foule principalement constituée de jeunes clamant par exemple "IVG, transition, c'est mon corps et c'est ma décision", un couple plus âgé se fraye à grand-peine un chemin dans "l'espoir de retrouver" leur enfant de 27 ans "parti sans laisser d'adresse" il y a deux ans après sa transition. "Sûrement parce qu'on n'a pas compris assez vite sa souffrance d'inadéquation", glissent ces parents qui se disent "traumatisés et effondrés". Refusant de donner leur patronyme, ils confient "culpabiliser" et avoir trouvé de l'aide au sein de l'association Outrans.
D'autres rassemblements ont eu lieu au cours du week-end dans 49 villes de France, notamment à Lyon, Marseille ou Montpellier mais aussi en Belgique à Bruxelles et Liège, selon les organisateurs.
À Montpellier, le rassemblement a réuni entre 550 personnes selon les organisateurs et 400 selon la préfecture. Sit-in, banderole "Riposte trans et féministe" et prises de parole ont ponctué la manifestation.
"Il y a urgence à défendre les droits de tous"
Durant l'événement, deux personnes à proximité ont jeté de petites pierres sur quelques participants, a constaté une correspondante de l'AFP. "Voilà, c'est notre quotidien", s'énervent Elsa et Anaïs, deux organisatrices, qui préfèrent ne pas dévoiler leur nom de famille, par peur de représailles. "Aujourd'hui, il y a urgence à défendre les droits de tous dans un contexte où des élus de droite et d'extrême droite attaquent les droits des personnes trans, divulguent de fausses informations sur les enfants en situation de transidentité", insistent-elles.
L'appel à la mobilisation a été initialement lancé par plus de 800 collectifs et personnalités dont Annie Ernaux, Vanessa Springora, Act Up-Paris, le Planning familial, dans une tribune publiée mardi. La France insoumise et le Parti socialiste avaient également appelé à manifester. À ce jour, "1.900 signatures" ont rejoint cet appel pour "répondre en urgence au climat atroce" qui pèse sur les personnes trans en France et dans d'autres pays, a indiqué au cours d'une conférence de presse organisée en amont du rassemblement parisien, Sasha Yaropolskaya, militante du collectif Du pain et des roses.
Un contexte réactionnaire
Dans leur collimateur et celui des manifestants, un rapport sur la transidentification des mineurs rédigé par le groupe Les Républicains au Sénat. Des associations voient dans ce texte, qui a débouché sur une proposition de loi examinée le 28 mai en séance publique, un retour des thérapies de conversion, ce que ses auteurs démentent. Les associations dénoncent également la publication et la promotion du livre "Transmania" qui se présente comme une "enquête sur les dérives de l'identité transgenre" et une proposition de loi de la députée RN, Joëlle Mélin, visant à "protéger les mineurs contre certaines pratiques médicales et chirurgicales" en matière de transition de genre. Un "contexte réactionnaire", déplore Laura Menge, avocate et militante LGBT.
"Il faut contrer les lois de l'extrême droite et de la droite et les thérapies de conversion qui sont des aberrations", revendique un drapeau transgenre à la main, Laurène Joseph. Interpellé par la mairie de Paris, l'opérateur JCDecaux a procédé au retrait des affiches qui faisaient la promotion du livre "Transmania" dans les rues de la capitale, les jugeant contraires à sa charte de déontologie et a présenté ses excuses.
Une conférence en présence des deux autrices, qui se défendent de toute transphobie et dénoncent de la "censure", est prévue lundi soir à l'université Panthéon-Assas à l'initiative du syndicat La Cocarde étudiante.