Une pièce sur la transidentité a été déprogrammée du Théâtre 13 à Paris. Conséquence de l'interpellation de plusieurs artistes qui souhaitaient voir la pièce jouer par une comédienne transgenre. Un moyen d'attirer l'attention sur la sous-représentation des personnes trans.
C'était une pièce supposée donner plus de visibilité à la transidentité. Le one-woman show sur l'expérience d'une femme trans intitulé "Pour un temps sois peu" devait être joué à partir de janvier au Théâtre 13 à Paris. La pièce a finalement été déprogrammée, suite à l'interpellation de plusieurs artistes, déçus de ne pas la voir portée par une comédienne trans.
"Ce n'est pas une décision prise à la suite de menaces ou de pressions", a affirmé la comédienne Hélène Rencurel, qui devait interpréter le texte autobiographique de Laurène Marx. "Je ne peux jouer hors contexte. Or le contexte est brûlant et souffrant, on ne veut pas d'une confrontation".
Pour Lucas Bonnifait, le directeur du Théâtre 13, cette décision s'explique par la dimension réflexive du théâtre : "Ce n'est pas avec gaieté de cœur qu'on a annulé mais il faut que les programmateurs se posent de plus en plus de questions car le théâtre n'est pas en dehors de la société."
La question de la représentation
"Au vu du sujet de ce texte, et des problématiques de représentations et de visibilisation des personnes trans que cette distribution soulève aujourd’hui dans un contexte de fortes revendications, l’équipe du Théâtre 13 […] a choisi d’annuler la série de représentations prévues du 4 au 19 janvier 2023", s'est exprimé le théâtre dans un communiqué, réfutant l'idée d'une "censure".
Une dizaine de personnes trans, en majorité des artistes, s'est mobilisée. Ils souhaitent "attirer l'attention sur la sous-représentation des personnes trans dans le milieu théâtral", a affirmé Alice Needle (son nom de scène), à l'origine de la contestation.
La pièce a été montée dans un autre théâtre parisien en novembre, et avait alors été interprétée par son autrice, Laurene Marx, trans et non binaire. "Nous ne nous sommes pas emparés de cette œuvre sans la permission de son autrice qui avait répondu à un appel à projet", s'est toutefois défendue la metteuse en scène Léna Paugam.
Ce n'est pas la première fois que la représentation d'une pièce fait débat à Paris. En mars 2019, la pièce "Les Suppliantes" du dramaturge grec Eschyle, mise en scène par Philippe Brunet, devait être jouée à la Sorbonne avant d'être déprogrammée. Certains étudiants et associations avaient dénoncé l'usage du "blackface" par des comédiens grimés.
Avec AFP