Devenu le symbole des violences de la Brav-M, Adoum Souleyman a de nouveau été interpellé vendredi 14 avril, en marge d’une manifestation parisienne. L’étudiant tchadien a finalement été relâché sans qu’aucune poursuite ne soit retenue contre lui. Le point sur cette polémique.
Sorti dimanche soir du poste de police, après presque 48 heures de garde à vue, Adoum Souleyman et son avocat tentent de comprendre ce qui a conduit cet étudiant tchadien à être interpellé, une nouvelle fois, alors qu’il sortait du métro. Retour sur cette interpellation et ses conséquences
Les faits reprochés à Souleyman par les policiers
Vendredi 14 avril. Il est un peu moins de 19 h lorsque le Conseil constitutionnel valide l’essentiel du projet de loi sur la réforme des retraites. À Paris, la colère monte et des rassemblements spontanés se forment à plusieurs endroits de la capitale. Au total, 112 personnes sont interpellées ce soir-là. Parmi eux, Adoum Souleyman, un jeune homme âgé de 23 ans, arrêté près de la place de la Concorde. Selon les policiers, l’étudiant faisait le guet, il se trouvait à proximité de deux autres personnes qui s’apprêtaient à incendier une poubelle. Les trois acolytes sont alors arrêtés et placés en garde à vue pour "destruction de biens par moyen dangereux pour autrui, en réunion".
Une procédure classée sans suite
Malgré les charges qui pèsent contre Adoum Souleyman, l’étudiant est libéré dimanche soir après 48 heures de garde à vue. La procédure est classée sans suite, car "l'infraction n'était pas suffisamment caractérisée" selon le parquet de Paris. "L’enquête et les éléments du dossier ont prouvé que Souleymane n’avait pas participé à ses faits", ajoute son avocat, Me Arié Alimi, qui souhaite saisir l’IGPN (l’Inspection générale de la police nationale). "Les deux autres personnes ont été déférées en comparution immédiate. L’audience a été renvoyée au 23 mai", annonce le parquet.
Dépôt de plainte de l'avocat de Souleyman
Me Arié Alimi assure que son client a été sollicité par les policiers pour brûler des poubelles, ce qu’il a refusé. Il a saisi l’IGPN, lundi matin, pour faux en écriture publique, dénonciation calomnieuse, complicité de destruction de biens publics par instigation et violation du secret de l’enquête. Plusieurs éléments de l’enquête ayant été transmis à différents médias et syndicats de police dès le placement en garde à vue d' Adoum Souleyman. "Nous aimerions avoir accès aux vidéos des fonctionnaires de police à la sortie du métro pour prouver leur implication dans la dégradation des poubelles " ajoute l’avocat.
Les syndicats de police au secours de la Brav-M
Dès l’annonce de son placement en garde à vue, avant qu'Adoum Souleyman ne soit libéré, plusieurs syndicats de police ont vu une occasion de défendre leurs collègues de la Brav-M et de démontrer que ce jeune homme n’était pas une victime, mais bien un casseur. C’est le cas notamment de Linda Kebbab.
Malgré le classement sans suite de la procédure, la déléguée Nationale Unité SGP-FO persiste : "Une absence de poursuite judiciaire, ça ne veut pas dire que la police a menti, cela signifie simplement qu’un guetteur doit faire l’objet d’une multitude d’interpellations avant d’être poursuivi par le parquet ".
"Adoum Souleyman a été présenté comme une sorte de Malik Oussekine (NDLR : un étudiant tué dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 alors qu’il sortait d’un concert de jazz.), or, c’est faux. Les collègues sont bien intervenus sur des activistes violents, et ce jeune homme n’était pas là par hasard ", poursuit la syndicaliste.
Une première interpellation par la BRAV-M fin mars
Le 20 mars dernier, déjà, Adoum Souleyman avait été arrêté par des policiers de la Brav-M avec 6 autres personnes lors d’un rassemblement contre la réforme des retraites. Lors de son interpellation, le jeune homme de 26 ans subit des coups, mais aussi des menaces et des remarques sexistes de la part des policiers.
Dans un enregistrement sonore, qu’une équipe de France 3 Île-de-France s’est procuré, on peut entendre l’un des agents le gifler et lui ordonner : "Efface ton sourire. Efface ton sourire. Tu commences à bégayer. T’en re-veux peut être une, que je te remette la mâchoire droite ? La prochaine fois qu’on vient, tu monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu’on appelle ambulance pour aller à l’hôpital ". Cet enregistrement audio avait entraîné l’ouverture de deux enquêtes, administratives et judiciaires, confiées à l’IGPN.