Les hôpitaux sont au bord de la saturation, les pompes funèbres aussi. Le gouvernement a adopté de nouvelles règles pour faciliter leur travail. Des mesures qui peuvent être mal vécues par les proches des personnes décédées.
Alors qu'un pic de malades du coronavirus admis en réanimation est attendu ce lundi 6 avril en Île-de-France, les pompes funèbres sont au bord de la saturation. "Les entreprises funéraires sont débordées, elles craignent de manquer de produits tel que les cercueils. Il y a du personnel arrêté donc moins de personnes aussi pour répondre", raconte Michel Kawnik, président de l'Association française d'information funéraire qui gère une permanence d'aide et de conseil téléphonique.
Car depuis l'instauration du confinement le 17 mars dernier, de nouvelles règles sont entrées en vigueur pour encadrer les enterrements face à la crise sanitaire provoquée par le coronavirus.
"Il y a des cérémonies qui ne peuvent pas se faire. Dans les cimetières, le nombre de personnes autorisées à venir est limité à 20. Il n'y a pas non plus de soins de conservation", détaille ce professionnel.
Pas de "dernier adieu" pour beaucoup de proches
Pour faire face à l'afflux de corps dans les cimetières, un arrêté a été pris par le ministre chargé des relations avec les collectivités territoriales pour faciliter le travail des pompes funèbres samedi 28 mars.Sont ainsi rappelés des principes fondamentaux comme l'obligation de donner l'accès des personnes décédées du Covid-19 aux pompes funèbres et de respecter le choix de sépulture voulu par le défunt qui "a valeur légale". Par ailleurs, quel que soit le mode de sépulture (inhumation ou crémation), le délai a été allongé de 6 à 21 jours.
Des situations "dramatiques" pour les familles décrit Michel Kawnik : "Encore aujourd'hui, j'ai reçu l'appel d'une famille de Paris. La personne est décédée du coronavirus en Touraine. Ces gens voulaient se déplacer en nombre, mais ils ont eu connaissance qu'ils ne le pouvaient pas et ont été très affectés de ne pas pouvoir faire un dernier adieu lors de la fermeture du cercueil", et de poursuivre : "Ceci s'ajoute au fait que les mises en cercueil doivent être faites dans l'urgence. Les cérémonies n'existent pas ou sont repoussées de plusieurs semaines".
#Coronavirus | Ouverture de nouvelles capacités d’accueil dans la chaîne funéraire pour faire face aux conséquences de l’épidémie en Île-de-France.
— Préfecture de Police (@prefpolice) April 2, 2020
? Consultez le communiqué de presse de la préfecture de Police. pic.twitter.com/tpjQZCiHwA
Les toilettes rituelles interdites
Bien au fait que cette situation exceptionnelle heurte de nombreux proches de personnes décédées, le gouvernement tente de trouver des solutions. Ainsi, les familles peuvent faire le choix de repousser l'inhumation si le corps est placé dans un cercueil hermétique jusqu'à six mois dans un dépositoire, un dispositif d'accueil temporaire. Ce sont les préfets qui ont la charge de repérer de tels lieux.Car "pour certaines religions, les juifs, les musulmans ou les bouddhistes, qui imposent une toilette rituelle, tout ceci est devenu interdit puisqu'il doit y avoir une mise en cercueil immédiate", explique Michel Kawnik.
Exemple au plus grand marché alimentaire d'Europe, à Rungis, dans le Val-de-Marne. Un hall "excentré et isolé" a été réquisitionné et réaménagé en salle mortuaire capable d'accueillir un millier de victimes du coronavirus indique l'AFP.
Ce lieu permettra de conserver "dans les conditions les plus dignes et acceptables du point de vue sanitaire les cercueils des défunts dans l'attente de leur inhumation ou de leur crémation, en France ou à l'étranger", a précisé la préfecture de police de Paris, ajoutant que les premiers cercueils pourraient être pris en charge ce vendredi et que les familles pourraient y avoir accès à partir de lundi.