Présidentielle 2022 : derrière la débâcle d’Anne Hidalgo à Paris, l’absence d’une "prime locale au niveau national"

A Paris, la maire socialiste n’a réuni que 2,17% des suffrages exprimés au premier tour de l'élection présidentielle 2022. Comment expliquer ce score, à peine plus élevé qu’au niveau national ?

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Avec un score de 1,75% au niveau national, elle signe le pire échec à la présidentielle de l’histoire du PS - une formation politique qui gouvernait la France il y a encore cinq ans. Anne Hidalgo arrive loin derrière Emmanuel Macron (27,84%) et Marine Le Pen (23,15%). Elle est aussi devancée par la plupart de ses concurrents à gauche : Jean-Luc Mélenchon (21,95%), Yannick Jadot (4,63%) et Fabien Roussel (2,28%). Même Jean Lassalle (3,16%) et Nicolas Dupont-Aignan (2,07%) font mieux que la maire de Paris.

Et la débâcle, annoncée depuis longtemps par les sondages, se confirme même au niveau local. Dans la capitale, Anne Hidalgo arrive en septième position derrière Emmanuel Macron (35,33%), Jean-Luc Mélenchon (30,09%), Éric Zemmour (8,16%), Yannick Jadot (7,61%), Valérie Pécresse (6,59%) et Marine Le Pen (5,54%). La maire de Paris n’obtient, elle, que 2,17% des suffrages exprimés.

"Il y a un découplage total entre l’ancrage local des candidats et le score national", analyse Rémi Lefebvre, professeur de science politique à l’université de Lille et chercheur au Centre d’études et de recherches administratives politiques et sociales (Ceraps). "Anne Hidalgo a joué sur son Tour de France des maires, mais on observe une désarticulation entre la vie politique locale et nationale. Vous pouvez faire confiance à votre maire, tout en ne votant pas du tout Anne Hidalgo à la présidentielle. Il n’y a pas forcément un entraînement local", explique le politologue.

"Et on observe ce phénomène partout. Par exemple, c’est pareil pour le RN dans le Nord-Pas-de-Calais. Il n’y a pas du tout de prime locale au niveau national, et ça se traduit entre autres à Paris", ajoute-t-il. Pour rappel, en juin 2020, Anne Hidalgo a été réélue à Paris avec près de 49% des voix au second tour des municipales, largement devant Rachida Dati et Agnès Buzyn.

"Les journalistes ont du mal à s’y habituer, mais le PS, c’est fini"

Globalement, Rémi Lefebvre, spécialiste du PS, ne se dit "pas très surpris" par le résultat catastrophique de la maire socialiste : "C’était déjà indiqué dans les 6% de Benoît Hamon en 2017, et les scores du PS aux européennes en 2019. Je suis même étonné qu’on soit étonné. Les journalistes ont du mal à s’y habituer, mais le PS, c’est fini. Les élections locales ont donné une impression trompeuse, alors que les électeurs ont voté pour les sortants, avec une forte abstention."

"Anne Hidalgo a fait une énorme erreur en s’affichant avec François Hollande, poursuit le politologue. Malgré un programme intéressant, elle a donné l’impression de ne pas tourner la page du hollandisme, de ne pas rompre avec ce quinquennat. Il y a aussi eu un problème d’incarnation, de leadership. Elle n’était pas habituée à une campagne nationale. Et tout l’électorat modéré du PS est parti chez Macron. Tous les électeurs écolos sont partis chez Jadot, et les électeurs plus à gauche chez Mélenchon. Il ne restait plus rien au PS."

Malgré son score désastreux, Anne Hidalgo appelle à ne pas "baisser les bras". Dans sa déclaration dimanche soir, la candidate socialiste invite ses électeurs à voter pour le président sortant au second tour, "contre l’extrême droite", depuis son QG de campagne installé dans le restaurant le Poinçon.

Situé dans le XIVe arrondissement de la capitale, le QG de la candidate socialiste était rempli de militants dépités lors de l'annonce des premières estimations. "Forcément, je suis déçu, on ne se le cache pas. On espérait faire mieux", réagit l’un d’entre eux. "On a gardé un handicap de l’époque où Valls et Macron étaient au gouvernement. Puis de quelques décisions, sur la déchéance de nationalité par exemple, qu’on paie encore aujourd’hui", déplore un autre. "La mort du Parti socialiste ? Franchement, je ne pense pas. C’est quand même un parti qui a une importance pour la vie démocratique française", juge toutefois un troisième militant.

Du côté des élus PS, Jérôme Guedj affirme qu’"il faut être plus tonitruant dans l’expression de la question sociale, de la question du pouvoir d’achat et des préoccupations écologiques". "Aujourd’hui, la période n’est pas aux eaux tièdes", estime le conseiller régional. Stéphane Troussel, porte-parole d’Anne Hidalgo, dit vouloir tenter une nouvelle union en vue des législatives : "Nous devons lancer un appel pour refonder une nouvelle formation politique, afin de rassembler l’ensemble des forces gauche et écologistes".

Un rassemblement avec ou sans LFI et Jean-Luc Mélenchon ? "Je considère, au moment où nous en sommes, qu'il ne doit pas y avoir d’exclusive à gauche, parce que nos électeurs, dans les premiers ou les seconds tours, se rassemblent quelque soit le candidat de gauche", répond le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis.

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