Le chanteur du groupe Eagles of Death Metal, Jesse Hughes, et l'ex-guitariste du groupe californien, Eden Galindo, ont témoigné ce mardi devant la cour d'assises spéciale de Paris. De nombreuses parties civiles étaient présentes.
Rescapés ou proches des victimes du Bataclan s'étaient déplacés en nombre à la cour d'assises spéciale de Paris pour entendre le chanteur californien et l'ex-guitariste, tous deux parties civiles au procès, qui reprenait après une semaine de suspension due au Covid d'un des accusés.
C'est Eden Galindo, 52 ans, ex-guitariste du groupe Eagles of Death Metal qui a témoigné en premier. Ses paroles étaient traduites par une interprète.
Je ne serai plus jamais le même après cette nuit-là.
Eden Galindo, ex-guitariste du Eagles of Death Metal
Tout de noir vêtu, il a raconté la joie émanant du concert avant l'attaque. "Nous étions en tournée à Paris, c'était un super concert, tout se passait bien, tout le monde dansait. C'était 'a great show'", se rappelle-t-il. Et puis arrive "le bruit sourd" des balles tirées par des armes automatiques. Il pense d'abord à un problème de sono avant de voir Jesse Hughes courir vers lui. "Des gens tirent (... )On a couru (...) Nous pensions que ça allait s'arrêter, mais ça continuait", poursuit-il.
"Après tout ça, c'était très difficile de faire les choses normalement. Je me sentais comme brisé", dit le guitariste, tête baissée. "Je ne serai plus jamais le même après cette nuit-là".
Eden Galindo a tenu à dire un mot aux familles des victimes. "Je pense à elles tous les jours et je prie pour elles".
Le chanteur du groupe américain Eagles of Death Metal, Jesse Hughes, a également évoqué "son" 13-Novembre. Il a raconté la soirée d'horreur vécue dans la salle du Bataclan attaquée par des jihadistes. "Les événements qui se sont produits le 13-Novembre ont changé ma vie à jamais", a déclaré, via une interprète, Jesse Hughes, tout de noir vêtu et portant une cravate rouge.
Je savais ce qui allait arriver, je sentais la mort se rapprocher de moi.
Jesse Hughes, chanteur des Eagles of Death Metal
Sa voix se noue. Le chanteur de 49 ans raconte la panique, la volonté de fuir au plus vite la salle de concert avec sa compagne et le guitariste Eden Galindo. "Un ange nommé du nom d'Arthur nous a mis dans un taxi et envoyés au commissariat", se souvient-il. Cet "Arthur" c'est Arthur Dénouveaux, devenu le président de l'association Life for Paris qui rassemble les victimes des attentats du 13-Novembre.
Au commissariat, les deux musiciens découvrent des dizaines de blessés couverts de sang. Ils apprennent aussi le décès d'un des leurs, le Britannique Nick Alexander, qui s'occupait du merchandising du groupe.
Ce soir-là, "90 de mes amis ont été tués de manière haineuse devant nous", poursuit Jesse Hughes, les mains crispés sur le pupitre, regardant droit dans les yeux les membres de la cour. "Tous ceux qui étaient au concert ce soir-là étaient mes amis".
Le chanteur raconte comment il a hésité longtemps ensuite à remonter sur scène. "Je ne savais pas si j'aurais la force de revenir, parce que je pensais que j'étais comme le fromage qui allait attirer les souris". "Après les attaques, je me suis posé beaucoup de questions, j'étais un peu perdu, je me suis appuyé sur des amis, notamment en France pour continuer à aller de l'avant. Cette tragédie a pu être transformée en un flambeau de lumière", insiste-t-il.
En quittant la salle d'audience, Jesse Hughes prend dans ses bras plusieurs parties civiles. Certaines pleurent. Jesse Hughes aussi.
Après eux, une vingtaine de femmes et d'hommes, rescapés du Bataclan, ont raconté leur expérience traumatisante et leur souffrance persistante plus de six ans après les attaques qui ont causé la mort de 130 personnes à Paris et Saint-Denis.
Les auditions des parties civiles doivent se poursuivre jusqu'à vendredi. Les avocats des parties civiles commenceront leurs plaidoiries lundi. Le verdict est attendu le 29 juin.
Retrouver le reportage d'Aude Blacher et Isabelle Audin.