Étudiants, parents d'élèves et enseignants se rassemblent ce vendredi matin devant la cité scolaire Maurice Ravel à Paris. Des chefs d'établissements ont décidé ensuite de prendre la parole, en soutien du proviseur du lycée menacé de mort par un élève.
Trois jours après l'annonce du départ du proviseur d'un lycée parisien menacé de mort après une altercation avec une élève pour qu'elle enlève son voile, un rassemblement est prévu ce vendredi matin devant la cité scolaire, avant que les chefs d'établissements, "en première ligne", prennent la parole. À l'appel du parti socialiste, étudiants, parents d'élèves et enseignant sont invités à se mobiliser, suite à la démission du proviseur de la cité scolaire Maurice-Ravel dans le 20e arrondissement de Paris.
La Fédération du parti socialiste de Paris affirme son plein et entier soutien au proviseur et à la communauté éducative. "On ne se prononce pas évidemment sur les conditions de l’incident qui s’est produit dans l’établissement lui-même. En revanche, qu’un professionnel puisse faire l’objet de menaces de mort, d’atteintes à l’intégrité physique, pour simplement avoir fait son métier, est inacceptable, et donc c’est à la fois un soutien au proviseur en question, à la communauté éducative de l’établissement, à la défense des parents, à la défense des élèves. Il faut que tout ça puisse se faire dans un climat apaisé et c’est donc pas acceptable qu’il y ait des menaces de mort et puis potentiellement les conséquences qu’on a observées ici", a déclaré Emmanuel Grégoire, premier adjoint socialiste à la maire de Paris.
De son côté, le principal syndicat des chefs d'établissements, le SNPDEN-Unsa, prendra la parole dans la matinée, pour la première fois depuis le début de l'affaire, lors d'une conférence de presse sur le thème des "atteintes à la laïcité".
Le @snpden communiquera aujourd’hui dans une conférence de presse. #perdirs pic.twitter.com/Sxh5jrnMoM
— Sylvain Caron (@SylvainCaron10) March 29, 2024
Un vif émoi
Le proviseur du lycée Ravel a été la cible de menaces de mort sur les réseaux depuis l'altercation le 28 février avec une élève, scolarisée en BTS, à qui il avait demandé de retirer son voile. Il a annoncé cette semaine quitter son poste, quelques mois avant sa retraite, "pour des raisons de sécurité" selon son établissement. Un départ anticipé qui a causé un vif émoi chez les enseignants et au sein de la classe politique.
Interrogée jeudi soir sur RTL, la ministre de l'Education Nicole Belloubet a indiqué que ce proviseur "n'est pas sous protection policière, mais il a un accès direct à la police et une protection judiciaire". La veille, le Premier ministre Gabriel Attal avait annoncé que l'Etat allait porter plainte contre la jeune femme pour "dénonciation calomnieuse". Agnès Andersen, secrétaire générale de ID-FO, un autre syndicat de chefs d'établissement, a dénoncé "un climat de pression qui s'exerce sous forme de menaces, d'intimidation et parfois de violences, envers les chefs d'établissements".
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
— Presse Sgen-CFDT (@AtpSgen) March 28, 2024
« La répétition de ce type de scenario sur fond d'instrumentalisation du rapport aux croyances religieuses n'est pas acceptable et peut conduire à des tragédies, nous ne le savons que trop après l'assassinat de #SamuelPaty.»#Ravel@SgenParis @SGENCFDT pic.twitter.com/BsIkNpRyKa
"Les parents d'élèves sont de plus en plus agressifs, les sanctions souvent contestées, il y a de plus en plus de recours, et nous devons faire face, sans moyens humains suffisants", a regretté Mme Andersen auprès de l'AFP. "La coupe est pleine, il y a urgence". Pour le Sgen-CFDT de l'académie de Paris, syndicat enseignant, le départ du proviseur du lycée Ravel constitue "un échec collectif". "La répétition de ce type de scenario sur fond d'instrumentalisation du rapport aux croyances religieuses n'est pas acceptable et peut conduire à des tragédies. Nous ne le savons que trop à l'éducation nationale après l'assassinat de Samuel Paty."
"On a été assez choqué par ce qu’il lui est arrivé il y a quelques semaines déjà et les attaques et les menaces de mort dont il a été la victime et choqué aussi par sa démission aujourd’hui, enfin, il y a quelques jours donc on est là en soutien. Au sein de la FCPE Paris, on défend vraiment les personnels de direction et c’est inadmissible que des enseignants se retrouvent menacés de fait de leur profession dans les réseaux sociaux", a de son côté assuré Martin Raffet, président de la FCPE Paris.