Le suspect sera jugé le 23 avril à Paris pour avoir menacé de mort sur internet le proviseur du lycée Ravel, qui avait demandé à une élève de retirer son voile dans l'enceinte de l'établissement. Des mesures auraient été prises pour protéger le proviseur du lycée situé dans le 20e arr. de Paris.
Le prévenu, suspecté d'être l'auteur des menaces proférées en ligne, est né dans les Hauts-de-Seine en banlieue parisienne. Âgé de 26 ans, il devait être jugé en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Paris mardi, mais il a demandé un délai pour préparer sa défense.
Il a été placé sous contrôle judiciaire, a précisé le ministère public, dans l'attente de son procès "pour provocation publique non suivie d'effet à commettre une atteinte volontaire à la vie". Un délit passible de cinq ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.
Deux plaintes déposées
Le 28 février, le proviseur du lycée Ravel avait "rappelé à trois élèves leur obligation de retirer leur voile" dans l'enceinte de l'établissement, selon le parquet. "L'une d'elles, majeure et scolarisée en BTS, avait ignoré le proviseur, ce qui a provoqué une altercation", a poursuivi le parquet.
Des menaces de mort à l'encontre du proviseur avaient ensuite été proférées en ligne. L'enquête du pôle national de lutte contre la haine en ligne, division spécialisée du parquet de Paris, a abouti à l'interpellation du suspect.
Par ailleurs, les investigations se poursuivent sur deux plaintes : celle déposée par l'élève "pour violences n'ayant pas entraîné d'incapacité de travail", et celle déposée par le proviseur "pour acte d'intimidation envers une personne participant à l'exécution d'une mission de service public pour obtenir une dérogation aux règles régissant ce service".
La "terrible solitude des enseignants face aux menaces"
Le 5 mars, la ministre de l'Education Nicole Belloubet s'est rendue au lycée Ravel pour apporter son "plein et entier soutien" au proviseur, dénonçant des attaques "absolument inacceptables" sur les réseaux sociaux notamment.
Selon la ministre, "une série de mesures" ont été prises pour le protéger, "de la protection fonctionnelle à un travail sur les réseaux sociaux, en lien avec la plateforme Pharos" (plateforme française de signalement des contenus illicites en ligne), en passant par "la sécurisation de l'établissement".
Le 6 mars, un rapport sénatorial issu d'une commission d'enquête a pointé la "terrible solitude des enseignants face aux menaces et agressions", exhortant l'Etat à enclencher une "démarche proactive" et l'Education nationale à "reprendre la main" pour défendre la laïcité à l'école.