La cathédrale Notre-Dame de Paris a accueilli ce jeudi les huit cloches de son beffroi nord, à moins de trois mois de sa réouverture. Un moment d'émotion partagé par les riverains, les responsables du chantier et les autorités de la cathédrale.
"J'avoue que j'ai beaucoup pleuré quand j'ai vu la flèche de Notre-Dame tomber et aujourd'hui, je me dis qu'on est reparti pour huit siècles d'histoire avec l'arrivée de ces nouvelles cloches". Jean-Pierre, riverain de Notre-Dame, se devait d'être absolument présent ce jeudi 12 septembre. Pour le retour des huit cloches du beffroi nord de la cathédrale.
Ce matin, un camion équipé d'une longue remorque remonte doucement la rue d'Arcole en direction du flanc gauche de l'édifice. À son bord, trônent 8 cloches massives.
Il y a là Gabriel, la plus imposante : plus de 4 tonnes, mais aussi Jean-Marie, la plus légère : pas moins de 782 kg, mais il y aussi Anne-Geneviève (3 477 kg), Denis (2502 kg), Marcel (1925 kg), Etienne (1494 kg), Benoit-Joseph (1309 kg), Maurice (1101 kg). Ces cloches avaient été fondues lors de l'anniversaire des 850 ans de la cathédrale en 2013.
"Elles étaient dans la tour nord. C'est-à-dire, la tour où la bataille du feu en avril 2019 a été gagnée par les pompiers", rappelle Philippe Jost, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, maître d’ouvrage du chantier de restauration. "Mais à cette occasion, le feu était entré dans la tour et dans le beffroi. La grande charpente en bois qui supporte les cloches avait commencé à prendre feu donc a été abîmé et certaines cloches ont eu un peu chaud, mais le plus important encore ou plus grave, c'est que cette structure en bois a été abîmée. Il fallait donc la restaurer et déposer les cloches", précise-t-il.
Pendant plusieurs mois, les cloches ont donc été restaurées, nettoyées dans l'une des deux dernières fonderies spécialisées dans la fabrication de cloches et de bronzes d’art, une entreprise située dans le département de la Manche, la fonderie Cornille Havard.
"On voit bien que les gens sont heureux de les revoir"
Ce matin, c'est enfin, après environ deux ans d'absence, leur retour à la maison. Le camion qui les transporte prend pour l'événement tout son temps rue d'Arcole. S'attroupent autour, une foule de journalistes, mais également des badauds de plus en plus nombreux. Des touristes étrangers interloqués, des passants étonnés. Le camion s'arrête puis redémarre en direction de la cathédrale, suivi d'une procession improvisée de piétons. Quelques applaudissements fervents résonnent.
"On voit bien que les gens sont heureux de les revoir. Ces cloches sont le signe que la cathédrale va à nouveau vibrer, que sa voix va se faire réentendre, signe de l'appel à la prière et signe du rassemblement autour de tous ceux qui veulent prier, du rassemblement aux événements importants de la vie de la Nation", souffle Mgr Olivier Ribadeau Dumas, recteur archiprêtre de la Cathédrale Notre-Dame de Paris.
"Ce sont les cloches de la tour Nord qui rentrent et qui vont répondre à celles de la tour sud et à celles du Bourdon et c'est un événement majeur", sourit-il. La cathédrale compte une vingtaine de cloches.
Le camion pénètre enfin sur le parvis de la cathédrale masqué par les barrières du chantier et interdit d'accès au public. La foule se disperse, mais à l'intérieur de l'édifice, la tournure de l'événement prend un caractère sacré. "Gabriel", "Anne-Geneviève", "Etienne" et leurs sœurs, vont rejoindre leur beffroi d'origine, mais tout d'abord, elles sont bénies et encensées par le recteur archiprêtre de la cathédrale.
"L'encens, c'est le signe de tout ce qu'on peut avoir autour de ces cloches, de l'admiration, mais aussi du signe sacré qu'elle représente puisqu'elles appellent les gens à se rassembler et à prier. Je vais en faire tinter une symboliquement trois fois pour bien montrer qu'elles sont appelées à sonner pour rassembler les gens autour d'elle", explique Mgr Olivier Ribadeau Dumas.
"Un des derniers grands moments avant la réouverture"
Les cloches, "ces voix de la cathédrale avec l'orgue" - qui sonnent ordinairement tous les jours - reprendront véritablement leurs offices le 7 décembre lors de la réouverture de la cathédrale après cinq ans d'un chantier colossal. "C'est sans doute aujourd’hui l'un des derniers grands moments avant la réouverture de la cathédrale. Le dernier grand moment sera le 15 novembre avec le retour de la statue de Notre-Dame de Paris qui rentrera à nouveau dans la cathédrale après en avoir été sorti, il y a 5 ans."
Un des derniers grands moments ce matin qu'il ne fallait surtout pas manquer. Anne-Sophie et Marine de passage à Paris et "par hasard" dans la rue d'Arcole, en ont senti toute la portée. Elles ont tout photographié, partagé leurs clichés sur des réseaux sociaux. Un petit selfie devant le camion et voila : "on pourra dire qu'on les aura vues de près. Et raconter qu'on aura été là !"