Le 8 mars célèbre la Journée internationale des femmes. La reconnaissance, en 1982, de cette journée comme fête nationale déçoit les féministes : le travail domestique des femmes n’est pas reconnu…
Une revendication du MLF
En 1970, dès les débuts du MLF, Mouvement de Libération de la Femme, les féministes dénoncent à la fois l’exploitation des femmes dans le monde du travail et l’absence de reconnaissance des tâches ménagères en tant que travail.Les Etats généraux de la Femme
23 novembre 1970, aux Etats généraux de la Femme, organisé par le magazine Elle à Versailles, une militante, Christine Delphy, s’empare du micro par surprise et déclare :
Le travail ménager : il est gratuit, il n’est pas payé ! [alors] Vous avez la liberté de dépendre de votre mari…
Les féministes comparent le travail domestique des femmes à celui des serfs.
La grève des femmes
1974, le MLF lance la grève des femmes pour protester contre le travail domestique non reconnu, obligatoire et non payé.
Á cette occasion, une militante propose :
Si je m’arrêtais de m’occuper de mon mari… si les femmes s’arrêtaient de travailler… Qu’est-ce qu’il se passerait ? Qu’elles se rendent compte qu’elles ont un pouvoir. Nous avons un pouvoir !
L'Appel du 8 mars
Le MLF lance l'Appel du 8 mars. Elles demandent que le 8 mars devienne en 1982 une fête nationale en France. Cet appel est réclamé par les féministes du groupe Psychanalyse et Politique (Psychépo pour les initiés) du MLF. Elles insistent sur la reconnaissance du travail domestique et demandent que le 8 mars soit férié et rémunéré pour toutes les femmes.
Pour appuyer leur propos, les féministes insistent sur les trois niveaux de travail des femmes, domestique, maternel et professionnel :
- Les femmes travaillent à la maison, elles font 37 milliards d’heures de travail domestique par an, non payé et non reconnu. Soit 70h par semaine de travail ménager au service des hommes et des enfants.
- Les femmes font 800 000 enfants par an, trois toutes les deux minutes.
- Les femmes ont une activité professionnelle.
Le MLF a le soutien d’Yvette Roudy ministre déléguée aux droits de la femme. Les militantes lancent une campagne de pétitions pour recueillir 50 000 signatures. Leur requête est alors approuvée par 57 % de la population.
Une fête officielle
20 janvier 1982, le conseil des ministres décide de faire de la journée du 8 mars la fête nationale des femmes.
Ce jour-là, à Paris, 400 femmes sont reçues à l'Elysées par François Mitterrand tandis que 10 000 autres femmes manifestent dans la rue lors de deux manifestations. L’une à l'appel du MLF place de la République, l’autre organisée par la CGT place de la Trinité.
Déception du MLF
Le 8 mars ne sera ni un jour férié, ni un jour chômé à la grande déception du MLF.
Le souhait des féministes de rendre un hommage national symbolique et fort au travail des femmes y compris au travail domestique n'a pas été entendu par le gouvernement.
Pourquoi le 8 mars ?
L'idée date du siècle dernier, en 1910, de Clara Zetkin et du groupe des femmes socialistes au VIIIe congrès de l'Internationale Socialiste à Copenhague. L'année suivante, un million de femmes manifestent en Europe.
De nombreux pays choisissent cette date pour célébrer la journée de la femme.
Les archives de la télévision en rendent compte avec des reportages sur les cérémonies officielles en Chine, à Cuba dans les années 60. En revanche, la télévision française donne peu de visibilité à cette manifestation dans l'hexagone. La Journée internationale de la femme en France est évoquée dans un premier reportage le 8 mars 1970. L'origine du 8 mars y est expliquée par la pseudo révolte des ouvrières américaines en 1857.
1975 est décrétée « Année de la femme » par l'ONU. L'initiative est moquée par les misogynes et contestée par les féministes qui dénoncent une récupération masquant les vrais problèmes.
1977, les Nations Unies officialisent la célébration de la Journée internationale des femmes.
En France, à l'initiative du MLF, le gouvernement socialiste de François Mitterrand donne un statut officiel à la journée du 8 mars 1982.
Le mythe de la grève des ouvrières américaines
Les chroniqueurs ont souvent attribué l'origine du 8 mars à une grève des couturières new-yorkaises le 8 mars 1857. Des recherches historiques n'ont pu prouver la réalité de l'évènement un quelconque 8 mars.
Qu'est ce qui a changé depuis 1982 ?
Le gène du ménage n'existe pas !
Qui va faire la vaisselle ? Nous on va faire la révolution !
Les slogans des manifestations féministes du 8 mars 1982 revendiquent la priorité à l’emploi, les crèches gratuites 24h/24h, la lutte contre la violence faite aux femmes...
Depuis, rien n'a changé... ou si peu.
Le débat sur la reconnaissance de la femme au foyer est moins audible. Aujourd’hui 80 % des femmes ont une activité salariée, cela pose toujours la question de la double journée pour les femmes et du partage des tâches ménagères avec les hommes. Il est vrai que les hommes y participent un peu plus, mais, d’après une étude de l’Ipsos ce n’est toujours pas la révolution…
Les femmes doivent toujours lutter pour l’égalité salariale, pour changer les stéréotypes et contre le harcèlement sexuel. D’autres mouvements émergent comme les Femens, #MeToo...