Le natif de Neuilly-sur-Seine s'est fait éliminer par le numéro 2 mondial ce dimanche, l'Italien Jannik Sinner. Percutant sur le terrain, fort en gueule, Corentin Moutet aura essayé de changer son image de bad boy du tennis français. Portrait.
Il était le dernier des Français en lice à Roland Garros. "C'était encore une fois incroyable. C'était un peu 'in door' avec le toit, il y avait beaucoup de bruit ils (le public, ndlr) m'ont énormément soutenu, même quand c'était compliqué", affirmait-il après son match victorieux contre l'Autrichien Sebastian Ofner lors du troisième tour des Internationaux de France.
Ses colères et ses déclarations sans filtre en ont fait un bad boy du tennis français, mais son jeu en a fait cette année à Roland-Garros, un porte-étendard. À force de coups de gueule, il avait été banni de la Fédération française de tennis fin 2022 : plus d'aide financière, plus de coach fédéral (il avait notamment été disqualifié à Adelaïde (Australie) en début d'année pour avoir mal parlé à l'arbitre en lui lançant un "fuck you").
Le Francilien gère mal la frustration. Une tête brûlée, qui s'exprime sur le terrain, mais aussi sur les ondes. Depuis 4 ans, Corentin Moutet rappe ses névroses.
"Je suis expressif, parfois je me laisse emporter par mes émotions, mais je peux gagner des matchs très difficiles, aller chercher dans mes retranchements, et ça, on n'est pas mille à savoir le faire", s'était-il défendu à l'époque.
Bond au classement ATP
Seize mois après une opération du poignet gauche, après laquelle il a joué pendant un moment son revers à une main, il s'est fait une place en huitièmes de finale pour la première fois à Roland-Garros, pour la deuxième fois en Grand Chelem, à 25 ans (après l'US Open 2022).
Surtout, il va faire un bond au classement le 10 juin, pas très loin du top 50, qui lui ouvre les portes des Jeux olympiques dans moins de deux mois à Paris, de nouveau sur les courts de Roland-Garros, à condition qu'Adrian Mannarino renonce bien à son sésame (il estime n'avoir aucune chance sur terre battue).
Sur le Central ce dimanche, Corentin Moutet a vécu un premier set de rêve. Amorties à gogo, lobs, passings, slices qui s'écrasent, et même service à la cuillère : face au numéro 2 mondial, le petit gaucher a déployé toute sa panoplie de coups. De quoi rendre chèvre Jannik Sinner, rapidement mené 5-0 et qui a dû attendre 29 minutes pour inscrire son premier jeu.
S'il n'a pas converti deux balles de 6-0, Moutet a empoché la première manche à sa troisième occasion. Mais l'Italien a vite rattrapé son retard en le battant 2-6, 6-3, 6-2, 6-1.
Corentin Moutet court toujours après une première victoire aux dépens d'un joueur du top 10. Il vient de connaître sa douzième défaite contre un de ses membres.
"J'ai battu de bons joueurs, fait de bons matchs, tenu physiquement, eu un bon niveau de concentration. Je n'ai pris aucun avertissement pendant quatre matches, ce qui ne m'arrive pas souvent !", a souri celui qui se définit comme "entier". "J'espère que les gens m'ont découvert sous une forme différente."