Sandrine Rousseau : "Ma mère jugeait les politiques trop avides de pouvoir et trop vite corrompus"

Dans l'émission "Les Amis Imaginaires", Gérard Miller nous plonge dans l’intimité et la mémoire de ses invités célèbres à travers les héros de leur enfance. Sandrine Rousseau, députée écoféministe au verbe haut et aux convictions fortes, se confie sur son enfance et son parcours.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité
durée de la vidéo : 00h02mn17s
Sandrine Rousseau se confie à Gérard Miller sur l'un de ses amis imaginaires : un grain de sable. ©France 3 Paris Île-de-France.

Après quinze ans de carrière politique dans l’ombre au sein d’Europe Écologie Les Verts, celle qui « ne regrette rien » sur l’affaire Bayou, est devenue à près de cinquante ans un véritable phénomène médiatique. L’économiste, ancienne vice-présidente de l’université de Lille et écoféministe se livre au psychanalyste Gérard Miller ce mercredi 21 décembre à 18h40 sur France 3 Paris Île-de-France.

En 1981, Sandrine Rousseau a neuf ans. Elle vit avec son père, sa mère et son frère, à Nieul-sur-Mer, petite ville de la côte atlantique située en Charente-Maritime, à quelques encablures de La Rochelle. Sa famille, engagée "à gauche, mais une gauche socialiste", vient d’y déménager depuis le Val-de-Marne. Son père Yves a même été maire socialiste de Nieul-sur-Mer durant près de sept ans jusqu’en 2008, alors que sa mère syndicaliste "détestait les politiques".

"Cela donnait des discussions parfois rocambolesques à la maison. [Ma mère] jugeait les politiques trop avides de pouvoir et trop vite corrompus".

Sandrine Rousseau

dans l'émission "Les Amis Imaginaires" sur France 3

Cette année-là, François Mitterrand est élu président de la République dans un contexte de forte rivalité avec Michel Rocard. "Je me souviens très très bien de ce moment, car mes parents souhaitaient absolument que [François Mitterrand] soit élu, confie-t-elle. Nous avions dans la cuisine une très grande affiche électorale de Mitterrand. Je mangeais contre le mur, la joue collée à cette affiche".

Son amie imaginaire, une vieille dame et sa sagesse

Cette éducation très marquée par la politique n'empêche pas l'imagination de la petite Sandrine de galoper. À cette époque, elle se construit une amie imaginaire : une dame âgée japonaise que la désormais députée de Paris rapproche du personnage de la vieille dame du Château ambulant de Hayao Miyazaki. Une petite dame aux cheveux gris, « souvent accroupie et très ridée », observant le monde.

"Je convoquais cette femme quand j’étais angoissée ou stressée. Il y avait quelque chose de l’ordre de la sagesse. Elle m’a aidée à passer pleins de moments difficiles".

Sandrine Rousseau

dans l'émission "Les Amis Imaginaires" sur France 3

"Ses rides me disaient (et c’était très apaisant pour moi) qu’on survit à tout. C’est peut-être lié à cette date anniversaire de mon père". Celui-ci étant né un 6 août 1945, soit le jour du bombardement atomique de la ville d’Hiroshima... Cette sensibilité au nucléaire, Sandrine Rousseau la cultive encore aujourd'hui. Elle dénonçait en 2021 au micro de France Info "des investissements massifs pour prolonger la durée de vie des centrales françaises, qui sont au bord de rivières et subissent les sécheresses, et qui donc nous mettent dans des situations critiques".

Le personnage de la série TV Zora la Rousse, a elle aussi bercé l'enfance de Sandrine Rousseau. Zora, personnage haut en couleur et contestataire. "C’était une jeune femme libre, rebelle [...] qui dénonçait les situations d’injustice et protégeait une bande d’enfants désœuvrés et orphelins. J’adorais cette femme"

Un début de carrière dans l'ombre

Après des études à l'université de Poitiers, celle qui est aujourd'hui députée de Paris va étudier dans le Nord-Pas-de-Calais. Elle obtient un doctorat en sciences économiques à l'université de Lille, où elle donnera des cours en tant que maîtresse de conférences, puis en sera vice-présidente de 2008 à 2021.

En parallèle, elle adhère au parti Europe Écologie Les Verts, nouvellement créé en 2009. Élue vice-présidente EELV du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, elle prend publiquement position en faveur de l'euthanasie, après le suicide de sa mère, atteinte d'un cancer. La même année, elle devient porte-parole du parti avec un certain Julien Bayou. En 2016, elle devient brièvement secrétaire nationale adjointe, mais estime avoir été poussée vers la sortie. Elle marque alors une pause politique, notamment après avoir dénoncé en 2016, avec trois autres élues, le harcèlement et les agressions sexuelles du député écologiste Denis Baupin.

Un retour remarqué et décrié sur le devant de la scène

En 2020, elle annonce, lors de son retour au sein d’Europe Écologie Les Verts, être candidate à la primaire du pôle écologiste en vue de l’élection présidentielle de 2022. Elle est alors rapidement présentée comme la plus radicale des cinq candidats à la primaire écologiste.

Sandrine Rousseau passe sous le feu des projecteurs et enchaîne les polémiques avec des propos où elle souligne un déséquilibre de la consommation de viande entre les femmes et les hommes et l’impact sur le climat, dénonçant un "symbole de virilité". Certains ne parlent plus de politique spectacle, mais de polémique spectacleEn réponse au dirigeant PCF Fabien Roussel, critiquant une "la gauche des allocations" en septembre dernier, elle rétorque un "droit à la paresse", assignant la valeur-travail aux idéologies de droite. Quatre jours plus tard, alors interrogée sur le cas Quatennens par Anne-Elisabeth Lemoine sur le plateau de C à Vous sur France 5, Sandrine Rousseau accuse le secrétaire national d’EELV Julien Bayou de "comportements de nature à briser la santé morale des femmes". Deux semaines plus tard, Julien Bayou estime dans une interview au Monde que sa collègue est "allée trop loin".

Malgré toutes ses polémiques, Sandrine Rousseau estime être fidèle à l'enfant qu'elle était, mais "en décuplé", reconnaissant qu'elle convoque encore aujourd'hui cette vieille dame imaginaire dans des périodes d'hésitation.

"Les menaces que je reçois font qu'il y a des moments où je doute de ma place dans l'action politique que je mène. Elle me regarde d'un air pétillant, l'air de dire : "Je sais tout, et cela passera". Aux personnes éco-anxieuses, convoquez des personnages qui transcendent les temps et les crises, car cela apaise".

Sandrine Rousseau

dans l'émission "Les Amis Imaginaires" sur France 3

Parfois jugée "radicale", ses multiples sorties suscitent de nombreuses réactions au sein de la sphère politique, comme publique. Si bien qu’apparaît un compte Twitter parodique intitulé Sardine Ruisseau, comptant désormais près de 30 000 abonnés de plus que le compte officiel de la députée de Paris. Elle s’est exprimée en août dernier dans l’émission Quotidien sur ce profil qui la tourne en dérision. "C'est du cyberharcèlement. [...] À partir du moment où Sardine Ruisseau fait un tweet, des hordes de comptes lancent ce qu’on appelle des raids. [...] On peut très bien rire sans être humiliant" a-t-elle ajouté.

Le psychanalyste Gérard Miller ne tergiverse alors pas à établir un potentiel lien entre l’enfant qu’était Sandrine Rousseau et l’idée de "catastrophe", d’un monde "qui s’écroule et qu’on aimerait voir quand même s’améliorer".

"Cela me faisait peut-être vibrer, sur comment on sort de ces catastrophes, tente-elle. Peut-être que l’adulte que je suis devenue et la femme politique que je suis aujourd’hui est encore empreinte de cet enfant-là. [...] C’est troublant, mais c’est juste".

Sandrine Rousseau

dans l'émission "Les Amis Imaginaires" sur France 3

Les Amis Imaginaires, à découvrir chaque soir en inédit à 18h40 sur France 3 Paris Île-de-France, et dès maintenant sur france.tv/idf.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information