Dans "Les Amis Imaginaires", Gérard Miller nous plonge dans l’intimité et la mémoire de ses invités célèbres à travers les héros de leur enfance, les personnages réels ou inventés qui leur ont servi de modèles ou de confidents... C’est au tour de l’ancienne garde des Sceaux de se confier ce mardi 20 décembre à 18h40 sur France 3 Paris Île-de-France.
"Française, d’origine française", c’est par cette phrase que débutait Rachida Dati en 2009 lors d’une interview au dictionnaire biographique Who's Who in France. Née en 1965 à Saint-Rémy, "en pleine Bourgogne", elle évoque ainsi ses deux parents "effectivement eux, d’origine étrangère".
En 1975, Rachida Dati a dix ans. Elle vit au sein d'une famille modeste, avec son père, M'Barek Dati, un maçon d'origine marocaine, sa mère Fatima-Zohra, d’origine algérienne, ainsi que huit de ses onze frères et sœurs dans le quartier prioritaire des Prés-Saint-Jean à Châlon-sur-Saône, en Saône-et-Loire.
"Je voulais partir, je souhaitais être libre. Mais je ne voulais pas qu'on ait le sentiment que je reniais cet aspect-là, qui a contribué à ce que je suis."
Rachida Datidans l'émission "Les Amis Imaginaires" sur France 3
Tistou, son ami imaginaire
"Je suis très triste de la mort de la gauche ouvrière", confie celle qui a été élevée dans une ville où cette "gauche ouvrière" lui a fait découvrir les livres avec le passage d’un Bibliobus dans le quartier où elle vivait. "Une personne nous indiquait ce qu’il fallait lire. C’est comme cela que j’ai découvert Astérix ou Tintin".
Mais le héros qui l'a vraiment profondément marqué est bien moins illustre que ceux précédemment cités : Tistou les pouces verts, de l’auteur français Maurice Druon. Rachida Dati avoue s’être identifiée à ce petit personnage "qui s’ennuyait à l’école" et doté d’un pouvoir singulier. Il pouvait faire germer des fleurs et rendre son environnement plus rayonnant et joyeux à la seule force de ses "pouces verts".
Parmi les autres personnages de fiction marquants, Rachida Dati cite aussi Colomba inventé par Prosper Mérimée, un personnage au désir ardent de vengeance. "J’ai retenu la force de cette femme. Je me souviens que son père a été assassiné et qu’elle devait le venger. Personne dans sa famille ne voulait vraiment la suivre. [...] Elle est allée jusqu’au bout. Cette force m’a frappée."
"C’est ce qui m’avait marqué. Ce côté de la famille, de l’honneur… mais pas la vengeance. Je suis rancunière, mais pas dans la vengeance. Je trouve que c’est trop d’énergie et de temps perdu, donc j’avance."
Rachida Datidans l'émission "Les Amis Imaginaires" sur France 3
Dati, symbole du sarkozysme et de la diversité
Rachida Dati suit sa scolarité dans une école privée catholique et obtient son baccalauréat en 1983. Au micro d’Europe 1 en 2020, elle expliquait le choix de son père, alors de confession musulmane, de la scolariser dans cet établissement privé tenu par des religieuses du Saint-Sacrement : "Il nous disait, aller au catéchisme, cela va vous apprendre le bien et le mal. On allait à la messe et on faisait des prières tous les matins".
“C’était à l’époque de vraies écoles catholiques. L’école intégrait les enfants selon une question de niveau. Nous étions de très bons élèves. Chacun payait en fonction de ses revenus, mais les enfants ne connaissaient pas la contribution financière de leurs parents. Il y avait une forme d’égalité entre les enfants”.
Rachida Datidans l'émission "Les Amis Imaginaires" sur France 3
En parallèle, elle doit travailler pour financer ses études. À 17 ans, elle décroche un premier emploi en tant que femme de ménage dans une clinique de Châlon-sur-Saône. Alors étudiante en première année de médecine, ce même établissement lui propose un poste de nuit pour accomplir des tâches d’aide-soignante. Après des études supérieures en économie, en droit, ainsi qu’à l’École nationale de la magistrature, Rachida Dati commence sa carrière à l’Éducation nationale, puis au ministère de la Justice.
En 2002, elle est nommée conseillère de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, puis au ministère de l'Économie et des Finances, et enfin de nouveau au ministère de l’Intérieur en 2005. Après son adhésion à l’Union pour un mouvement populaire (UMP) fin 2006, elle devient en 2007 porte-parole de Nicolas Sarkozy, alors candidat du parti à l’élection présidentielle. À sa victoire, elle devient ministre de la Justice et intègre le gouvernement de François Fillon.
En 2008, sa liste l’emporte au second tour aux élections municipales dans le 7ème arrondissement de Paris, dont elle est alors maire depuis quatorze ans. Elle est alors surnommée la candidate "aux Louboutin".
Aux élections européennes de 2009, elle figure en deuxième position de la liste UMP, qui arrivera en tête du scrutin. Le président Nicolas Sarkozy avait alors précisé qu’elle devra quitter son ministère en cas d’élection. Rachida Dati est députée européenne pendant près de dix ans, jusqu’à la fin de son second mandat en 2019. Elle renonce à un troisième mandat, privilégiant les élections municipales de 2020 à Paris, où elle échoue face à Anne Hidalgo.
"Dans le fond, quand je fais le bilan, j’ai vraiment fait ce que je voulais. J'ai dû faire quelques concessions, notamment vis-à-vis de ma famille. D'ailleurs, je ne suis pas abîmée, même si je ne suis pas tranquille."
Rachida Datidans l'émission "Les Amis Imaginaires" sur France 3
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