Selon un premier bilan, l'amélioration de la qualité de l'eau ces dernières années et d'importants travaux menés, il sera bien possible de se baigner dans la Seine et dans la Marne en Île-de-France en 2024.
La baignade autorisée à Paris, peu de gens y croyaient il y a encore quelques années. Jacques Chirac, ancien maire de Paris, fut longtemps raillé pour l'avoir promis en 1988 et jamais réalisé. Mais cette fois-ci, avec un investissement important de l'État et des collectivités locales, il serait bien possible que cet objectif soit tenu.
Depuis 2016, un Plan Qualité de l'Eau et Baignade a été adopté visant à rendre possible la baignade sur ces deux cours d'eau. Depuis, "la création de bassins d'orage ou de collecteurs d'eaux pluviales, sont à l'étude ou en cours de réalisation. Des travaux sur le bassin de stockage d'Austerlitz viennent ainsi de démarrer", précise un communiqué conjoint des différentes parties prenantes au projet.
"La Seine et la Marne sont des rivières qui n'ont que peu de débit mais subissent une forte pression démographique et donc une pollution", explique ainsi Gabrielle Bouleau, chercheuse au laboratoire LISIS à INRAE et qui mène une étude avec le principal syndicat d'assainissement des eaux en Île-de-France, le SIAAP pour l'Union européenne.
Pollution de différentes origines
Dans ces milieux sous pression, l'étude de la bactériologie, c'est-à-dire la présence de matière fécale, est déterminante pour l'autorisation de la baignade rappelle la chercheuse. "Mais dans le bassin de la Seine, la pollution est engendrée par de multiples facteurs comme les pesticides, les nitrates ou l'azote", poursuit-elle.Selon une étude de l'agence Eau Seine Normandie, un organisme de l'État chargé de la lutte contre la pollution des cours d'eau sur le bassin de la Seine, les pesticides (en particulier les herbicides métazachlore et diflufénicanil) "contribuent au déclassement de près de 24 % des cours d’eau et sont les seuls paramètres déclassants pour près de 65 % d’entre eux" sur la zone étudiée.
"Dans certaines capitales d'Europe, il y a des entrées d'eau parasites. Ce sont des réseaux unitaires où les eaux pluviales et usées se mélangent et cela peut déborder. C'est l'un des grands enjeux : le traitement des eaux lorsqu'il pleut beaucoup. Dans les zones urbaines, il faut pouvoir contrôler et limiter les déversoirs d'orage", explique ainsi Gabrielle Bouleau.
Dans la région, il y aurait 35 000 branchements d'assainissement privés défectueux, sans compter sur la vétusté de certaines parties du réseau. Le Plan Qualité de l'Eau et Baignade prévoit ainsi 1,4 milliard d'euros dont une aide de 4 200 euros pour les particuliers pour des travaux de mise en conformité.
23 sites de baignade sélectionnés
Cette volonté politique participe d'un "changement de regard" sur les cours d'eau en France. "On part de très loin oui. Au début du siècle, on se baignait dans ces rivières. C'est une pratique qui a été abandonnée ces 50 dernières années à partir du tout-voiture et de la bétonnisation des berges. Désormais, les cours d'eau ne sont plus vus que comme des tuyaux ouverts", indique cette experte.Elle prévient néanmoins que le débat public ne doit pas se focaliser que sur la qualité de l'eau : "On ne pourra jamais complètement venir à bout des contaminations fécales. Les zones de baignades devront être analysées et parfois, interdites au public, notamment lors des fortes pluies. Puis il y a d'autres paramètres à examiner : les courants, les zones dangereuses ou la navigation."
En Île-de-France, ce sont 23 sites qui ont été identifiées, dont 5 à Paris, pour la baignade.