Street art : des masques jetés dans la rue par "50 connards" affichés dans Paris

Toolate, un street artiste originaire de Nice, a décidé d’encadrer et exposer dans les rues de Paris des masques chirurgicaux usagés. Une série d’œuvres conçue pour dénoncer cette source de pollution, dans le contexte de pandémie de Covid-19.

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"Voici l’œuvre d’un connard. Masque chirurgical bleu jeté au sol. Dimension : 16 cm x 7 cm. Artiste : inconnu." Légendés et encadrés comme des tableaux dans un musée, 50 masques à usage unique jetés dans la rue par des passants ont été affichés depuis le 14 novembre dernier, aux quatre coins de la capitale. Une exposition lancée par Toolate, un street artiste niçois engagé pour la défense de l’environnement.

"Venez découvrir 50 œuvres uniques dans les rues de Paris, a annoncé l’artiste sur Twitter. Merci aux connards pour leurs contributions, sans qui, ces 50 masques trouvés par terre n’auraient jamais pu être exposés."

Contacté, Toolate, qui souhaite rester anonyme, explique avoir, "comme tout le monde", constaté que "de nombreux masques chirurgicaux polluaient l’environnement" : "Ça m’a beaucoup interpellé et en me renseignant, j’ai appris que la France avait commandé 2 milliards de masques [en avril dernier], et qu’un masque met 450 ans à se désagréger. Non seulement, dangereux pour les gens qui nettoient les rues, ils ont aussi beaucoup de chances de finir dans les océans. J’ai beaucoup réfléchi au moyen de traiter ce sujet et c’est alors que j’ai eu l’idée de d’immortaliser ce geste, qui manque de civisme, en l’encadrant comme une œuvre d’art."
"Dans les caniveaux, les parcs pour enfants, les fontaines, sur les quais"… L’artiste raconte avoir trouvé des masques usagés "partout" : "Il suffit de se baisser pour en ramasser. Il m’en fallait 50  pour mon projet, j’ai mis moins d’une demi-journée pour les récolter." Il précise être tombé sur des masques "aussi bien dans les quartiers huppés que les quartiers populaires".

"Je voulais vraiment transformer un déchet en une œuvre d'art"

Pour mettre en place son expo, Toolate a dans un premier temps préparé les cadres, avant de placer les masques "au dernier moment" à l’intérieur. "J’ai ensuite appliqué du ciment prompt pour pouvoir les sceller au mur avec une prise immédiate, poursuit-il. Pour la touche finale, j’ai déposé une petite légende explicative comme dans un musée… J’ai aussi encadré directement des masques au sol sur les trottoirs."

Un travail qui s’est étalé sur deux jours : "J'ai beaucoup marché pour repérer des endroits susceptibles d'être visible par un passant". A noter que le contexte de reconfinement ne lui a "pas posé de problème", l’artiste précisant avoir simplement coché la case dédiée aux déplacements professionnels sur ses attestations.
Détail important : le street artiste indique que chaque cadre était signé et numéroté au dos, "pour aller jusqu'au bout de la démarche" : "Je voulais vraiment transformer un déchet en une œuvre d'art".

J’espère évidemment sensibiliser un maximum de personnes mais je crois qu'un connard reste un connard. Et j’ai envie de dire tant mieux. Mon travail est de pointer du doigt la connerie humaine, si elle disparaît, je serais juste bon pour pointer au chômage.

La rue du Temple, l’avenue d’Iéna, le quartier Beaubourg… Il est possible de croiser les œuvres un peu partout dans Paris. "On peut les observer dans toute la capitale, mais je ne préfère pas donner d'adresses précises, explique Toolate. Certains cadres ont été enlevés par la mairie ou les copropriétés et d'autres ont été volés. Je préfère que les passants passent devant par hasard, le message a plus de force quand on ne s'y attend pas. Mais je sais qu'il en reste encore au moins une vingtaine, je reçois tous les jours des photos sur mon compte Instagram."

"Mon but premier est avant tout de pointer du doigt la connerie humaine"

Il est d’ailleurs possible d’avoir un aperçu de plusieurs œuvres sur le compte Instagram de l’artiste, notamment via ses stories. Pour ce qui est des œuvres volées, Toolate préfère réagir avec ironie : "Tant mieux si quelqu'un veut garder un mauvais souvenir de ce virus accrocher dans son salon".
Quant aux "connards" qui jettent leurs masques au sol, l’artiste analyse leur comportement avec humour : "Je pense qu’on est dans une société individualiste, où un connard peut se permettre de jeter son masque par terre sans se soucier de ce qu’il va devenir. J’espère évidemment sensibiliser un maximum de personnes mais je crois qu'un connard reste un connard. Et j’ai envie de dire tant mieux. Mon travail est de pointer du doigt la connerie humaine, si elle disparaît, je serais juste bon pour pointer au chômage."

Je ne sais pas encore si je vais prolonger l'exposition et laisser les cadres, mais quoi qu’il en soit, ils disparaîtront un jour.

Toolate explique d’ailleurs que son nom d’artiste correspond au "fil conducteur" de tous ses travaux : "C’est le propre de l’homme : se poser les questions quand il est déjà trop tard… C’est normal que les gens veuillent se protéger du virus, mais cette pandémie - je l’espère - prendra fin un jour. En revanche, les masques seront toujours là. L’écologie est un domaine qui m’inspire car l’humanité a encore beaucoup de travail à faire à ce sujet. Mais mon but premier est avant tout de pointer du doigt la connerie humaine. "L’Homme est un loup pour l’Homme"." L’artiste estime que "finalement, nous sommes les seuls coupables de notre propre malheur".
Les masques des "50 connards" sont à découvrir dans les rues de Paris jusqu'au mardi 1er décembre. "Je ne sais pas encore si je vais prolonger l'exposition et laisser les cadres, mais quoi qu’il en soit, ils disparaîtront un jour, l'art urbain est destiné à être éphémère", assure Toolate. En septembre dernier, l’artiste avait mené une autre action pour sensibiliser aux conséquences écologiques de la production de plastique, en modifiant les étiquettes de plusieurs dizaines de bouteilles de Coca-Cola dans 20 supermarchés niçois, et en créant une œuvre installée sur une plage de la ville.
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