Syndicaliste éborgné en 2016 : le CRS, auteur du tir, acquitté pour légitime défense

La cour d'assises de Paris a acquitté ce mercredi soir un CRS jugé pour avoir lancé une grenade qui a éborgné un syndicaliste lors d'une manifestation en 2016. Une décision rendue dans une ambiance houleuse et aux cris de "Police partout, justice nulle part".

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Après trois heures et demi de délibéré, la cour a estimé que le brigadier-chef de 54 ans, Alexandre M., pouvait bénéficier d'une cause d'irresponsabilité pénale, ayant agi en état de légitime défense.

Alors que la présidente de la cour Catherine Sultan tentait de poursuivre la lecture du délibéré, une clameur s'est élevée dans le public, où s'étaient massés les soutiens du syndicaliste Laurent Theron, qui a définitivement perdu l'usage de son oeil droit.

"Police partout, justice nulle part"

Partie civile au procès, ce secrétaire hospitalier, et militant du syndicat Sud-Santé de 53 ans, a immédiatement pris le chemin de la sortie, ses soutiens continuant à scander en direction de la cour et des jurés "Honte sur vous", "Impunité permanente".

Le fonctionnaire de police Alexandre M. est sorti avec son avocat Laurent-Franck Liénard par une petite porte."Ce verdict est un vrai soulagement pour notre client qui était poursuivi depuis six longues années. C'est une décision juste et conforme au droit", a réagi auprès de l'AFP Me Liénard.

Le CRS a toujours défendu un tir "légitime", en réaction aux jets de projectiles de "groupes hostiles" sur la place de la République à Paris ce 15 septembre 2016, alors qu'il dispersait avec sa compagnie un cortège d'opposants à la loi travail.

Laurent Theron "ne représentait aucun danger", il avait "les mains dans les poches" quand il a reçu au visage un galet d'une grenade à main de désencerclement (GMD), a rappelé son avocate Lucie Simon, dénonçant "une décision de pure émotion"."On n'est pas allé du côté du droit, on est allé du côté de la peur, du sensationnalisme", a-t-elle vilipendé.

2 à 3 ans de sursis requis par le parquet

Les juges n'ont donc pas suivi les réquisitions du ministère public. L'accusation avait demandé à la cour de reconnaître Alexandre M. coupable de violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une infirmité permanente, considérant que le policier n'était ni "en danger imminent" ni en "état de légitime défense"

L'avocat général Christophe Auger avait requis deux à trois ans d'emprisonnement avec sursis, ainsi qu'une interdiction de port d'arme pendant cinq ans. Il n'avait toutefois pas sollicité la révocation du CRS, comme réclamé par la partie civile.

Au moment du jet de grenade à main de désencerclement, une arme dangereuse, et réglementée aujourd'hui retirée de l'arsenal du maintien de l'ordre, "le climat était beaucoup moins tendu", avait soutenu le représentant du ministère public. "Une grenade de désencerclement, c'est quand on est encerclé, quand on est pris à partie de façon précise. Elle n'est pas faite pour disperser à n'importe quel prix une foule", avait-il appuyé. 

Par ailleurs, Alexandre M., qui venait de rejoindre sa compagnie après vingt ans en poste en commissariat de nuit, n'était ni formé au maintien de l'ordre ni habilité au lancer de GMD, avait ajouté le magistrat.

"J'ai voulu protéger mes hommes"

Pour sa défense, le brigadier-chef avait insisté sur le climat de "déchaînement de violences" de la part d'une "nébuleuse" qui avait, toute la journée, "tenté de tuer des policiers". Il a toujours affirmé avoir reçu un projectile sur le bras, et entendu avant son lancer, un "bruit de verre" qu'il a assimilé à un jet de cocktail Molotov qui a "raté" sa cible.

"J'ai voulu protéger mes hommes", a martelé à la barre le policier en défendant "l'absolue nécessité" de son tir, admettant seulement avoir "raté" son geste, la grenade n'ayant pas pris la "bonne direction"."Je pense que la société se tire une balle dans le pied en demandant la condamnation" du CRS, avait répliqué Me Liénard. Le condamner, "c'est castrer tous les CRS", "ils ne pourront plus utiliser de grenades".

Avec AFP    

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information