Des peines de prison avec sursis ont été requises contre dix hommes jugés pour harcèlement en ligne d'un influenceur. Ils lui reprochaient de s'être filmé en train de danser dans l’église l’église Saint-Paul-Saint-Louis à Paris, en février 2022.
Le parquet de Paris a requis des peines allant de quatre à six mois de prison avec sursis mercredi contre dix hommes jugés pour harcèlement en ligne d'un influenceur. La peine la plus lourde a été demandée à l'encontre de trois prévenus pour cyberharcèlement aggravé, à travers des messages à caractère homophobe.
Le ministère public a requis quatre mois avec sursis contre les sept autres prévenus pour cyberharcèlement portant atteinte à la vie de l'influenceur ou conduisant au "doxxing", c'est-à-dire à la mise en ligne en libre accès de données et informations personnelles sans son consentement. Le parquet a aussi demandé pour tous les prévenus le suivi d'un stage de citoyenneté.
Les faits remontent au 16 février 2022 : Benjamin Ledig, un influenceur alors âgé de 18 ans, avait posté une vidéo sur le réseau social TikTok où on le voyait twerker - danser en ondulant du postérieur - en crop top, devant l'autel de l'église Saint-Paul-Saint-Louis, en compagnie d'un ami.
Suite à cette publication - et d'une autre où l'influenceur se servait d'un exemplaire du Coran pour nettoyer sa fenêtre ou caler un meuble -, celui-ci avait reçu plusieurs centaines de milliers de messages d'insultes et de menaces de mort, selon son avocat Alexandre Bigot.
Un "tonneau de haine"
"Blessés" dans leur foi ou "choqués" par une vidéo réalisée dans "un lieu sacré", les prévenus - âgés de 19 ans à 43 ans et se disant catholiques, musulmans ou athée pour l'un d'eux - ont déclaré avoir agi sous le coup de "l'énervement" ou par "effet de groupe". Ils ont tous présenté leurs excuses à la victime lors de l'audience.
"J'ai passé une année compliquée, il y a beaucoup de gens qui m'en veulent", a déclaré l'influenceur à la barre, en sanglots.
La procureure a évoqué, d'un côté, deux publications muées par "une quête de buzz, de sens, de soi" et, de l'autre, "des propos malveillants, violents" contenus dans un "tonneau de haine". "Quand on écrit sur internet, on ne se parle pas à soi-même, on écrit à la Terre entière. Il faut assumer dans le réel", a-t-elle souligné.
La défense a plaidé la relaxe ou la réduction des peines, appelant de ses vœux "un jugement pédagogique", non un "procès sur l'homophobie". Le tribunal correctionnel de Paris a mis sa décision en délibéré au 13 septembre prochain.
Avec AFP.