Deux influenceurs ont tourné deux vidéos suggestives dans l'église Saint-Paul (Paris IVe) en février dernier. L'un des auteurs, qui refuse d'enlever sa vidéo, est victime de menaces de mort répétées.
Il n'imaginait pas les conséquences de la vidéo lorsqu'il a posté sa vidéo sur son compte TikTok. Mi-février, avec un autre influenceur (qui a depuis présenté ses excuses et retiré sa vidéo), ils ont twerké (dansé de façon suggestive) dans l'église Saint-Paul à Paris et diffusé la scène sur les réseaux sociaux.
"L'idée de mon client, c'est de dire qu'il n'y a pas eu d'infractions. Il n'y a pas de délit de blasphème en France, il n'a pas à se plier", défend son avocat, Me Alexandre Bigot Joly.
Car depuis la publication de cette vidéo, le jeune homme de 18 ans a été agressé et victime de menaces de mort. "Il a été pris à partie par un groupe d'individus dans un bar à Paris. Il y a un déferlement de haine et de menaces reçues sur les réseaux sociaux. Une troisième plainte a été déposée ce week-end. Son quotidien est très limité, il ne peut pas mettre un pied dehors sans être violenté, il est cloitré chez lui. Même pour se rencontrer c'est difficile", déplore-t-il.
Demande de protection policière
Mais depuis, Benjamin Ledig persiste et signe. Il refuse de retirer la fameuse vidéo et aux demandes répétées d'excuses, il répond par l'humour en tournant une nouvelle vidéo devant un crucifix.
"Moralement, on peut le condamner, débattre avec lui, mais on ne peut pas vouloir le tuer. Le délit de blasphème a été suspendu en 1881, si on veut le réintroduire, cela doit être l'objet d'un débat, mais ce n'est pas à lui d'en faire les frais. Il faut le protéger avant que ce ne soit trop tard", demande Me Alexandre Bigot Joly qui indique avoir demandé une protection policière pour son client.
"On veut vivre ensemble, tranquillement, en se respectant"
De son côté, le Diocèse de Paris "regrette l’inutile vulgarité d’une vidéo tournée dans l’église Saint-Paul-Saint-Louis, lieu de prière et de paix, et diffusée sur le réseau social TikTok" et "rappelle en effet que les églises sont des édifices affectés au culte catholique en permanence et en tous leurs éléments : aucune vidéo ou film ne peut y être tourné sans autorisation expresse du curé de la paroisse".
Le père Pierre Vivares, curé de l'église Saint-Paul, déplore l'ampleur qu'a prise cette affaire. D'autant qu'il explique que son église est plus souvent l'objet de dégradations et de vols que de ce type d'actions. "On est quand même l'église du Marais, je ne pense pas que ce soit une église ou les homosexuels se trouvent particulièrement rejetés. Faire ça dans le Marais, c'est facile. L'homophobie de l'Église, de quoi parle-t-il ? Dénigrer une religion est aussi pénalement responsable", indique-t-il.
Pierre Vivarès indique avoir déposé une plainte pour atteinte au droit à l'image.
"Leur tenue vestimentaire, on s'en fout. Il n'y a pas d'atteinte à la pudeur. En France, il n'y a pas de délit de blasphème, il y a une liberté de parole et c'est une bonne chose. Mais on veut vivre ensemble, tranquillement, en se respectant. Benjamin n'a pas respecté la loi et cela lui retombe dessus. Mila ce n'est pas la même chose. Les gens confondent tout. Le problème n'est pas qu'il était en crop top dans l'église, mais qu'ils n'avaient pas le droit de filmer et de diffuser cela sans mon autorisation", argumente-t-il.
Ce dernier déplore tout de même un acharnement contre le jeune homme : "Les réactions sont scandaleuses. La violence envers lui ou ses parents est inacceptable".