Une première Nuit de la solidarité estivale à Paris : "On en parle moins mais beaucoup de SDF meurent l’été"

Alors que l’opération de recensement des personnes sans-abri est d’habitude organisée l’hiver, la Ville de Paris expérimente ce mardi soir une première édition estivale. Chaleur, accès à l’eau, aide alimentaire… Quelles sont les difficultés rencontrées l’été par les SDF ?

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C’est une première : la mairie de Paris organise ce mardi 27 juin une édition estivale de la Nuit de la solidarité. L’expérimentation, au cours de laquelle près de 500 bénévoles vont sillonner certaines rues de la capitale pour décompter les personnes sans-abri, se limite cette année à trois arrondissements : le 8e, le 12e et le 20e. L’objectif, comme l’explique la Ville sur son site, est de "mieux saisir les conditions de vie des personnes rencontrées", mais aussi d'"évaluer si le nombre de personnes à la rue et les publics concernés évoluent entre l’hiver et l’été,oto de lui et s’il y a des spécificités saisonnières dans les profils rencontrés".

Concrètement, un questionnaire sera proposé aux personnes sans-abri rencontrées lors du recensement, pour tenter de mieux cerner "les problématiques liées à la période estivale". "Les informations recueillies permettront d’ajuster les dispositifs et politiques publiques dédiées à la cause", rappelle la mairie.

Du côté des associations, Abdelsem Ghazi, secrétaire général du Secours Populaire de Paris, salue l’expérimentation. "J’espère que le recensement pourra être déployé sur l’ensemble des arrondissements l’an prochain, si le test est probant. Quand les dispositifs d'hébergement hivernaux ferment, entre fin mars et début avril, beaucoup de personnes repartent à la rue. Que deviennent-elles ? Y a-t-il plus de personnes à la rue l’été ? On manque de données chiffrées aujourd’hui", déplore-t-il.

Des dispositifs de solidarité moins accessibles qu’en hiver


Alors que la Ville de Paris indique que la mortalité des personnes sans-abri varie peu d’un mois à l’autre, Abdelsem Ghazi pointe également du doigt les conséquences parfois fatales des canicules : "Les fortes chaleurs accentuent les risques de déshydratation, on en parle moins mais beaucoup de SDF meurent l’été. En période estivale, beaucoup de personnes sans-abri ne sont pas forcément conscientes des conséquences de la chaleur sur leur santé."

"Beaucoup n’ont pas le réflexe de s’hydrater, ou ne se mettent pas à l’ombre et restent en plein soleil, poursuit-il. Et si la prise en charge n’arrive pas à temps, ça peut être fatal. L’été, nos bénévoles rencontrent aussi beaucoup de personnes à la rue avec des troubles psychiques et psychologiques, avec des comportements qui peuvent être difficiles."

Autre difficulté liée à la période estivale : les dispositifs de solidarité sont moins accessibles qu’en hiver. "Avec les vacances, beaucoup de structures ne peuvent pas assurer en juillet ou en août et ferment, faute de bénévoles disponibles. Des personnes sans-abri se retrouvent donc en errance. Et c’est compliqué pour ces gens de trouver de l’aide alimentaire, de l’aide matérielle", explique Abdelsem Ghazi.

"En période estivale, on donne beaucoup de bouteilles d’eau"


Le Secours Populaire de Paris gère d’ailleurs un espace d’accueil de jour, dans le 18e arrondissement. "C’est un espace d’accueil inconditionnel, pour tous les publics, aussi bien les personnes en situation de rue que celles en hébergement précaire, indique Abdelsem Ghazi. C’est ouvert toute l’année, y compris l’été. Il n’y a pas de douche ni de laverie, mais l’accueil permet au moins de se poser, de prendre un café, de s’hydrater ou encore de faire des démarches administratives."

"Nos bénévoles font aussi des maraudes, et l’été y compris nos équipes tournent pour éviter les ruptures, ajoute-t-il. En période estivale, spécifiquement, on donne beaucoup de bouteilles d’eau. Certaines personnes sans-abri n’ont pas forcément accès à des fontaines, parfois de peur de se faire voler leurs affaires."

L’expérimentation lancée ce mardi par la Ville a notamment été préparée en vue des Jeux olympiques de 2024. "Les JO ont un volet inclusif, j’espère que derrière ça peut apporter une vraie volonté politique pour accompagner les personnes de façon durable, estime Abdelsem Ghazi. Mettre à l’abri les personnes ne suffit pas, il faut des moyens humains pour permettre de suivre les publics. Il faut des dispositifs pérennes. Quand une personne retourne à la rue, à la fin de l'hiver par exemple, on perd tout le travail réalisé en amont. Si on a envie de permettre aux gens de s’en sortir, avec une insertion durable, c’est possible. Mais il faut des moyens."

Lors de la dernière édition hivernale de la Nuit de la solidarité, réalisée entre le 26 et le 27 janvier, 3 015 personnes sans solution d'hébergement ont été décomptées à Paris - un chiffre en hausse. Pour ce qui est de l’édition estivale, un premier décompte devrait être publié d’ici la fin de semaine. Les résultats des questionnaires seront ensuite exploités par l’Atelier parisien d'urbanisme (Apur), avec un rapport prévu à la rentrée. Reste maintenant à savoir si l’expérimentation sera pérennisée et généralisée à l’ensemble de la capitale.

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