Ce jeudi 26 janvier a lieu la Nuit de la solidarité à Paris. Pour la 6e année consécutive, des bénévoles sont appelés à comptabiliser les sans-abris. L’an dernier, 2 598 personnes sans solution d’hébergement ont été recensées dans la capitale, 487 dans les 9 communes du Grand Paris participant à l’initiative. Comment sont traitées ces données et à quoi servent-elles ?
L’an dernier, rien qu’à Paris, plus de 2000 bénévoles et 400 professionnels ont parcouru les rues, les métros, mais aussi les hôpitaux pour recenser les sans-abris. Une vaste opération qui, au-delà des chiffres, permet d’établir les profils de ces hommes, femmes et enfants sans logement, mais aussi leurs besoins. « Ces analyses, à conforter lors de futures éditions, peuvent permettre de mieux cibler ou de prioriser les actions en réponse aux besoins identifiés », peut-on lire sur le site de la ville de Paris.
Améliorer les dispositifs existants
Selon Léa Filoche, adjointe à la mairie de Paris en charge des Solidarités, la Nuit de la solidarité n’est pas un simple décompte. Elle permet d’établir un profil type et de connaître les besoins des publics sans solution d’hébergement.
En 2018, il était notamment ressorti de ce recensement un chiffre clé : 14 % des sans-abris recensés étaient des femmes. « Nous avons, à partir de là, réorienté nos dispositifs pour que des lieux d’accueil soient réservés à ces femmes à Paris. Plus généralement, cela nous permet d’affiner nos politiques publiques », ajoute l’élue.
Recréer des bains-douches
L'initiative parisienne a été reprise par Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) depuis 2021. La ville a choisi d’utiliser la même méthodologie pour le recensement des sans-abris, et d’en tirer des conséquences. À la suite de sa première édition, la mairie a notamment décidé de recréer des bains-douches, supprimés en 2004. « En allant à la rencontre des sans-abris, nous nous sommes rendu compte que beaucoup d’entre eux étaient de passage à Saint-Denis et ne s’inscrivaient pas dans les dispositifs d’accompagnement. Rien n’était fait pour leur permettre de se doucher. Les seuls bains-douches qui existaient alors, se situaient à Paris », explique Oriane Filhol, adjointe à la mairie de Saint-Denis en charge des Solidarités et des Droits des femmes.
Pour cette 3e participation de Saint-Denis à la Nuit de la solidarité, 190 bénévoles sont engagés sur le terrain : des habitants, des agents de la ville, mais aussi des élus qui se répartissent sur 32 secteurs de la ville.
28 communes du Grand Paris participent à la Nuit de la solidarité
Outre Paris et Saint-Denis, 26 autres villes de la métropole du Grand Paris ont décidé de se joindre à la Nuit de la solidarité ce jeudi. « C’est trois fois plus que l’an dernier », se félicite François Dechy, maire (DVG) de Romainville et conseiller délégué à la métropole du Grand Paris. Trois fois plus de travail aussi pour l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) qui devra traiter les données collectées. « Le questionnaire est commun à toutes les villes de la métropole et la méthodologie est la même que celle utilisée en 2018 lors de la première édition de la Nuit de la solidarité à Paris », détaille Clément Boisseuil, sociologue à l’APUR.
Un travail qui permet à la métropole du Grand Paris d’évaluer la répartition des sans-abris sur le territoire et d’adapter sa politique : « On sait que les sans-abris ne sont pas également répartis sur notre territoire. Certaines villes sont plus touchées que d’autres par le problème du logement. Grâce à la Nuit de la solidarité, nous pourrons leur proposer des réponses équilibrées », estime François Dechy.
Des centres d’hébergement inégalement répartis en Île-de-France
Un constat partagé par Bruno Morel, président de la Fédération des acteurs de la solidarité d’Île-de-France (qui regroupe 400 associations) : « En Île-de-France, et notamment à Paris, des efforts ont été faits en matière de logement, mais on voit bien que les centres d’hébergement sont plus concentrés dans l’Est parisien. »
Pour remédier à cette répartition inégale, La Fédération des acteurs de la solidarité demande notamment une "loi de planification des places d'hébergement" à la hauteur des besoins, avec des objectifs chiffrés, et la possibilité de réquisitionner des bâtiments vides si besoin.