Une ZAD à Montmartre ? Le club de pétanque, le CLAP, refuse de partir

Le Club Lepic Abbesses Pétanque (Clap), a été sommé par la justice de quitter le terrain qu'il occupe depuis 1971 et a fixé une astreinte de 500 euros par jour de retard à partir de samedi. Les dirigeants du club espèrent que la mairie va revoir son projet de confier la gestion du terrain à un hôtel de luxe.

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Des tentes Qechua posées sur des palettes, des chaînes aux arbres et de la nourriture apportées par les membres et les riverains : tout est prêt pour occuper le terrain durablement.

Alors que le Conseil d'État, saisi par la mairie de Paris, a ordonné l'expulsion du club de pétanque, le Clap a décidé de riposter et d'occuper le terrain situé dans un quartier cossu de Montmartre.

"On a créé la première ZAD (Zone à défendre) de Paris, les licenciés se sont constitués en collectif pour dire non à ce qu'ils estiment être une injustice. Faire disparaître un club sportif de 300 licenciés à la veille des JO, cela ne rime à rien. Surtout, c'est l'un des derniers lieux de vie de quartier à Montmartre qui est menacé de disparition", proteste Maxime Liogier, porte-parole du Clap.

"C'est mieux qu'un Ehpad ici !"

Cyril, un bouliste âgé d'une quarantaine d'années, a passé sa première nuit dans l'une des tentes installées aux abords des terrains. "C'est un endroit qui vaut le coup que l'on se batte pour lui", raconte cet habitant du quartier qui possède un restaurant non loin du club. Ce dernier n'envisage pas que le club puisse partir : "Je n'ai pas encore réfléchi à ça. Pour l'instant, je n'arrive pas à l'envisager. Ici, on se lie d'amitié, il y a une énorme mixité sociale."

Car les célèbres membres (Fabien Galthié, Eric Elmosnino) côtoient des riverains anonymes qui veulent profiter de ce lieu exceptionnel comme Nathalie, fraîchement retraitée, qui joue à la pétanque depuis 20 ans. "Mes enfants ont passé leurs week-ends ici comme si on était à la campagne parce que nous vivions dans un appartement dans lequel il n'y avait pas de jardin", raconte-t-elle.

Elle a aussi décidé de se porter volontaire pour défendre ce terrain : "Nous sommes six par nuit, nous sommes organisés, il y a trois plages horaires. Je prends le relais de 14h à 22h", et d'ajouter : "Il y a une vraie entraide, on aide les personnes âgées, c'est mieux qu'un Ehpad ici !"

Le terrain confié à un hôtel de luxe

En parallèle de l'occupation, une pétition a été lancée et a recueilli près de 10 000 signatures. Les journalistes sont aussi les bienvenus, et même la presse internationale (comme le Times), s'y pressent.

Face aux différentes critiques dont a été affublé le club, Maxime Liogier, porte-parole du Clap, répond : non le club n'est pas fermé aux nouveaux membres. En 2024, toutes les candidatures ont été acceptées. "On est ouvert à tout le monde, sauf que voilà, c'est tout petit, c'est 765 m², on ne peut pas accueillir la terre entière et on fait en sorte que tout le monde s'y retrouve", proteste-t-il. Des élèves de deux écoles du quartier viennent aussi tous les mercredis dans le cadre d'activités sportives.

La mairie de Paris, de son côté, veut récupérer le terrain pour en faire un "espace vert accessible" à tous les Parisiens qui "en ont été trop longtemps privés".

En juillet 2023, les élus parisiens, divisés sur le sujet, ont confié pour douze ans cette parcelle à l'hôtel de luxe mitoyen, qui s'est engagé à verser une redevance annuelle de 60 000 euros, la végétaliser et l'ouvrir au grand public.

"On est coincé entre les cars de touristes et ici, tous les jours, il y a de la vie, des gens qui échangent, qui se rencontrent, des gens de toutes catégories sociales. C'est plus qu'un club de sport. C'est un peu l'âme de Montmartre parce que le Clap, c'est Montmartre", argue quant à lui Maxime Liogier.

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