Elle ne quitte plus les écrans, petits ou grands, depuis la sortie du film "Le Petit Blond de la Casbah" et sa carrière n'est pas près de s'arrêter. Valérie Kaprisky reste discrète dans sa vie privée mais Toki Woki a eu la chance de la rencontrer dans le Marais, le quartier de son enfance.
Valérie, parle-nous de ton parcours. Qu’est-ce qu’on fait devant le lycée Victor Hugo, dans le Marais ?
Valérie Kaprisky : C’est le lycée où j’ai fait ma terminale, mon point de départ. À seize ans et demi, j’ai décidé de suivre des cours de comédie au cours Florent, qui était sur l’île Saint-Louis. Bac en poche, j’ai intégré une agence de mannequins et une part de l’agence a été rachetée par Régine. Quand je lui ai dit que mon horizon était plus la comédie que le mannequinat, elle m’a proposé de m’introduire auprès de son agent. J’ai passé un casting pour Les hommes préfèrent les grosses, de Jean-Marie Poiré. Je l’ai eu mais c’était un petit rôle, je devais avoir trois phrases à dire.
Peux-tu m’expliquer comment tu as obtenu le premier rôle dans le remake d’À bout de souffle réalisé par Jim McBride ?
Valérie Kaprisky : J’ai passé le casting, au milieu d’une centaine – voire peut-être plus – d’autres candidates. Je parlais déjà un peu anglais grâce à mon père, ce qui m’a aidée parce que ce n’était pas le cas de la majorité des jeunes actrices françaises de l’époque. L’audition était une lecture, j’ai joué une scène dramatique et une autre plus fun, et ça a marché : ils m’ont gardée.
C’est alors la première fois que tu tiens le premier rôle, et tu le fais aux côtés de Richard Gere.
Valérie Kaprisky : Tout à fait. La production a aussi voulu faire un essai pour vérifier qu’il y aurait une forme d’osmose entre moi et lui : je me suis donc retrouvée à moitié nue sous les draps avec Richard Gere, que je ne connaissais pas du tout. Pendant toute la journée, des assistants nous aspergeaient de spray pour simuler de la sueur, pour donner l’impression qu’on avait fait l’amour pendant trois heures. Ça s’est bien passé, alors je suis restée et ça a été un tournage de rêve pour moi. Un vrai conte de fées.
À partir de ce moment-là, tout s’emballe et tu es nommée au César de la meilleure actrice pour La Femme publique d’Andrzej Żuławski.
Valérie Kaprisky : Oui. Être nommée si jeune, à l’époque, c’était assez rare.
Un autre film a marqué ta carrière c’est L’Année des méduses avec Bernard Giraudeau. Dans ce film, tu es plutôt dénudée. C’est quelque chose qui va rapidement te déranger, et tu finiras par arrêter de poser nue. À ce sujet, tu diras notamment que tes scènes de nu t’ont porté préjudice. Tu le penses ?
Valérie Kaprisky : Il a eu énormément de succès. C’est étrange, car il s’agit en vérité d’un film d’auteur. Mais il est devenu très commercial. Je vivais comme une injustice le fait que l’on puisse penser qu’il me suffisait de me balader devant la caméra en bikini pour réussir. Il y avait beaucoup de travail derrière. Dans le fond, c’est peut-être l’égocentrisme qui a parlé. Après tout, j’aurais dû m’en foutre. J’ai été un peu radicale, par jeunesse sans doute. Par la suite, j’ai voulu faire de la comédie pour changer un peu d’univers. Je ne pouvais pas faire La Femme publique pendant quarante films. Même s’il y a eu des passages à vide, je suis toujours retombée sur mes pattes et la télévision m’a d’ailleurs offert de très beaux rôles à une époque où le cinéma me boudait un peu.
On a le bonheur de te revoir en ce moment au cinéma dans le film d’Alexandre Arcady Le Petit Blond de la Casbah, qui vient de sortir. Qu’est-ce que ça raconte ?
Valérie Kaprisky : Le film raconte l’enfance de son réalisateur. Alexandre a grandi à Alger avec toute sa famille, qui a donc connu la guerre et été obligée de quitter son pays. C’est à la fois un film très émouvant et très drôle. C’est le bazar, il y en a toujours un pour parler plus fort que l’autre, on s’engueule, on se réconcilie et on bouffe. C’est haut en couleur.
On est arrivés devant l’ancien hammam Saint-Paul. Avant, tu y allais une fois par semaine, c’est ça ?
Valérie Kaprisky : Oui, il y avait une atmosphère absolument incroyable. Il y avait des vieilles dames qui tapaient le carton, elles jouaient à la belote pendant que l’on se faisait gommer le corps. L’un des masseurs était aveugle. Ça me plaît beaucoup, qu’il y ait encore dans Paris, des quartiers qui n’ont pas beaucoup changé. Même s’il y a beaucoup de boutiques de mode.
On arrive dans la rue des rosiers. Ça représente quoi pour toi ?
Valérie Kaprisky : Pour moi, c’était le lieu du restaurant Goldenberg et des Delicatessen. Je vais m’acheter un gâteau aux pommes. Un peu de calories, ça fait du bien quand il fait froid.
Toki Woki c'est une fois par mois sur France 3 Paris Île-de-France et à retrouver en replay france.tv/idf