Il entrera au Panthéon ce soir, 80 ans jour pour jour après avoir été fusillé par les nazis. Le cercueil de Missak Manouchian, résistant arménien, est arrivé au Mont-Valérien hier soir pour une veillée historique très émouvante, en présence des familles.
Il est 18h30 au Mont-Valérien et le cercueil de Missak Manouchian emprunte le même chemin qui l'amena à la mort, le 21 février 1944. Derrière la dépouille, un long cortège chemine avec, en tête, les photos des 23 camarades de la Résistance du poète communiste arménien. Les familles suivent, devant les personnalités politiques.
À18h40, le groupe arrive à la clairière des fusillés où tombaient, 80 ans plus tôt, Manouchian et ses camarades. "C'est magnifique pour Missak, c'est magnifique pour les 23 et puis pour tous les anonymes aussi. [...] Bien sûr qu'ils sont dans nos cœurs [...]. C'est magnifique, symboliquement, de revoir Missak revenir sur les lieux où il est tombé et de le voir porté par les bras de la France", s'émerveille Katia Guiragossian, petite nièce de Missak et Mélinée Manouchian.
Après le défilé vient le temps du recueillement devant l'esplanade du Mont-Valérien, sous l'immense croix de Lorraine du général de Gaulle : "C'est cinq minutes auprès du cercueil de Manouchian mais c'est 80 ans d'une Histoire qui s'écoulent. C'est une réparation", déclare, ému, Pierre Ouzoulias, sénateur (PCF) des Hauts-de-Seine et fils du résistant Albert Ouzoulias.
"On est très contents, on a l'impression de rentrer dans une page de l'Histoire alors que c'était une histoire familiale et intime. Ce qui est très important pour nous aussi c'est de se retrouver entre descendants des 23", explique Fabienne Meyer, petite cousine de Marcel Rajman, membre des FTP-MOI.
Vers 22h, le cercueil entre pour la nuit dans la crypte du Mémorial national. Sous le regard des 23, pour la première fois, un fusillé du Mont-Valérien rejoint les autres combattants de la France libre.